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res, on compte le droit de présenter aux premiers bénéfices vacans après l’avenement au trone ; ce droit s’appelle jus primariarum precum, le droit de protéger l’église romaine, le droit de convoquer le concile. Parmi les réserves politiques on compte le droit de légitimer les bâtards ; le droit de réhabiliter, famæ restitutio ; le droit d’accorder des dispenses d’âge & des privileges ; le droit de relever du serment ; le pouvoir d’accorder le droit de citoyen, jus civitatis ; d’accorder des foires, jus nundinarum ; l’inspection générale sur les postes & sur les grands chemins ; le droit d’établir des académies ; le droit de conférer des titres & des dignités, & même de faire des rois ; cependant l’empereur ne peut élever personne au rang des états de l’empire, sans le consentement des autres états ; le droit d’établir des tribunaux dans l’empire ; le droit de faire la guerre dans une nécessité pressante ; enfin le droit d’envoyer & de recevoir des ambassadeurs au nom de l’empire. V. Vitriarii jus publicum. Voyez l’article Empereur.

Reserve, (Art militaire.) est une partie de l’armée que le général reserve pour s’en servir où il en est besoin. Les reserves sont sous le commandement d’un officier général subordonné au commandant ; elles ne campent pas ordinairement avec l’armée, mais dans des lieux à portée de la rejoindre si le général le juge à propos. Le poste le plus naturel des reserves est derriere la seconde ligne.

Les reserves sont composées de bataillons & d’escadrons, c’est-à-dire de cavalerie & d’infanterie. On en a vu jusqu’à trois dans les grandes armées. Dans une bataille, la reserve forme une espece de troisieme ligne ; le général s’en sert pour fortifier les endroits qui ont besoin d’être soutenus.

Le nombre des troupes des réserves n’est pas déterminé ; il dépend de la force de l’armée & de la volonté du général. En 1747, la reserve de l’armée du roi en Flandre, étoit composée de 99 escadrons & de 30 bataillons.

L’usage de M. le maréchal de Saxe étoit de mettre ses meilleures troupes à la reserve ; usage fondé sur la pratique & la coutume des Romains, qui plaçoient leurs braves soldats à la troisieme ligne, où ils formoient une espece de reserve. Voyez Lésion & Triaires.

Un général intelligent ne doit jamais faire combattre des troupes sans les faire soutenir par des reserves, parce qu’autrement le moindre desordre dans la premiere ligne suffit pour la faire battre entierement. Suivant Végece, l’invention des reserves est due aux Lacédémoniens. Les Carthaginois les imiterent en cela, & ensuite les Romains. Voyez Armée & Ordre de bataille.

RÉSERVOIR, s. m. (Hydr.) est un lieu où l’on amasse des eaux pour les distribuer à diverses fontaines, bien différent d’un bassin ou d’une simple cuvette de distribution.

Il y a quatre sortes de réservoirs ; ceux qui sont sur terre, appellés les découverts ; les réservoirs voûtés, ceux que l’on bute, & ceux que l’on éléve en l’air.

Les réservoirs sur terre sont ordinairement des pieces d’eau ou canaux glaisés, dans lesquelles on amasse des sources, & qui par leur profondeur contiennent plusieurs milliers de muids d’eau ; dans les jardins en terrasse un seul bassin d’en-haut fournit tous ceux d’en bas sans autre réservoir.

Ceux qui sont voûtés, ne different qu’en ce qu’ils sont construits sous une voûte, le niveau de l’eau n’ayant pas permis de les faire sur terre ; ils sont ordinairement cimentés, & forment des citernes. Souvent on en trouve dans des terrasses, sur lesquelles on marche sans s’appercevoir qu’on est sur l’eau. Tels sont les réservoirs voûtés de Versailles auprès du

château, celui de Villeroi, du Raincy, Vanvres, &c.

On en fait encore sur terre, que l’on appelle des réservoirs butés. On éleve les terres à une certaine hauteur en forme de pâté ; on les laisse rasseoir pendant six à sept mois ; on y construit ensuite un réservoir soutenu par des piles ou éperons de maçonnerie, bâtis sur le bon fonds, pour résister à la charge de l’eau, & maintenir le réservoir que l’on glaise ou cimente, suivant l’usage ordinaire.

Les réservoirs portés en l’air, ne sont pas à beaucoup près d’une si grande capacité que les autres ; 50, 100, 200 muids est ordinairement leur contenu. La difficulté de les soutenir sur des arcades ou piliers de pierre de taille, sur lesquelles on assied de grosses pieces de charpente & une carcasse en forme de bassin, la dépense de les revêtir de tables de plomb soudées ensemble, ne permettent pas de les faire aussi grands que ceux qui sont sur terre. On retient la poussée de l’eau dans les angles par de fortes équerres de fer, & par des barres traversantes d’un bout du réservoir à l’autre. Quand ces réservoirs sont couverts, on les appelle château d’eau, tels que celui de Versailles proche la chapelle, & celui vis-à-vis le palais royal à Paris.

Les réservoirs se construisent de même que les bassins, en glaise, en terre franche, en ciment, & en plomb. Voyez Construction des bassins.

Réservoir du chyle, (terme d’Anatomie) receptaculum chyli, est une cavité située auprès du rein gauche, dans laquelle les veines lactées déchargent la matiere qu’elles contiennent. Voyez Lactée.

Ce réservoir, qu’on appelle aussi réservoir de Pecquet qui l’a découvert, est situé sous les grandes arteres émulgentes entre les deux origines du diaphragme ; c’est-là que les veines lactées secondaires portent le chyle après qu’il a été délayé & rendu plus liquide par la lymphe dans les glandes du mésentere. Voyez Chyle & Mésentere.

M. Couper a trouvé en injectant cette partie avec du mercure qu’elle est composée de trois grands trous, dont deux ont plus d’un quart de pouce de diametre. On n’observe cette division que dans le corps humain, dans lequel M. Drake croit que sa position droite est nécessaire pour diminuer la résistance que causeroit le chyle & la lymphe, si elles étoient contenues dans le même réservoir. Sa position horisontale dans les quadrupedes peut faire qu’un seul de ces trous suffise.

Son canal est situé dans le thorax ; ce qui l’a fait appeller canal thorachique. Voyez Thorachique.

Réservoir, terme de la manufacture de papier, ce sont plusieurs grandes caisses de charpente revêtues de plomb intérieurement, & placées en gradation, c’est-à-dire ensorte que l’eau qui est amenée d’une source, ou par des pompes dans la supérieure, puisse couler jusque dans l’inférieure. Les canaux ou rigoles par où l’eau passe d’une caisse dans l’autre sont traversés par des chassis de fil de fer & de crin, au-travers desquels l’eau se filtre & se clarifie de plus en plus, la pureté de l’eau étant une des choses les plus essentielles pour la blancheur & la perfection du papier

RÉSIDENCE, s. f (Jurisprud.) est la demeure fixe que quelqu’un a dans un lieu.

On ne reçoit pour caution qu’une personne réséante, c’est à-dire résidente & domiciliée dans le lieu.

Tous les officiers & employés sont naturellement obligés à résidence dans le lieu où se fait l’exercice de leur office ou emploi, du-moins lorsqu’il exige un service continuel ou assidu ; cependant cette obligation n’est pas remplie bien exactement par la plûpart des officiers.

La résidence est un devoir non moins indispensable