Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 14.djvu/173

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coulent, soit spontè, soit par le secours de quelques légeres incisions (& d’abord sous la forme de baume) de certains arbres & de certaines plantes ; ou bien nous les retirons de certains bois, racines, écorces, tiges, sucs concrêts, &c. par le moyen de l’esprit-de-vin. La résine appellée gomme animée, celles qui sont connues sous les noms de gomme copal, de gomme élemi, de gomme de lierre, de gomme lacque, de gomme caragne, de gomme tacamahacha ; le benjoin, l’oliban ou encens, le mastic, le sandarac des arabes ou gomme de genêvrier, le sang-dragon, &c. sont de la premiere classe. La résine de gayac, celle des santaux, celle des purgatifs résineux, comme jalap, méchaochan, scamonée, &c. sont de la seconde. Voyez les articles particuliers. L’esprit de-vin chargé de resines qu’il a extraites par digestion de ces différentes substances, prend le nom de teinture, & est une espece de teinture chimique. Voyez Teinture (Chimie.) L’eau ayant plus de rapport avec l’esprit-de-vin que cette derniere liqueur n’en a avec les résines ; si l’on verse de l’eau dans une des teintures dont nous venons de parler, cette teinture est précipitée sur le champ sous la forme d’une liqueur blanche & opaque connue dans l’art sous le nom de lait virginal. Voyez Teinture.

Les usages des résines sont très-étendus dans plusieurs arts chimiques, & principalement dans la Pharmacie ; la classe de ces corps fournit même à la Médecine quelques remedes simples.

Les résines font la base des vernis ; elles entrent dans la composition de plusieurs cosmétiques ou fards. Voyez Fard. Elles sont des ingrédiens nécessaires de plusieurs baumes composés & de plusieurs teintures tant simples que composées, soit pour l’usage intérieur, soit pour l’usage extérieur. Elles entrent dans beaucoup d’emplâtres, beaucoup d’onguens : on en fait des pastilles odorantes pour les cassolettes, pastilli, prosumi.

La résine de gayac, la résine de santal, les résines purgatives, principalement celles de jalap, & de scamonée, le sang-dragon, le benjoin & les fleurs, &c. sont au rang des remedes simples usuels. Voyez ces articles.

On s’est apperçu dans l’énumération que nous avons donnée plus haut des résines, que le plus grand nombre sont connues dans l’art sous le nom de gommes. C’est là une de ces fausses dénominations établies par l’usage, ou pour mieux dire, qui ayant été la dénomination commune des gommes & des résines, avant que l’art fût parvenu à distinguer ces divers genres de corps, est encore restée aux uns & aux autres dans le langage vulgaire, quoique le langage de l’art perfectionné sur ses progrès ait appliqué spécialement le nom de gomme, auparavant générique, à une espece de corps toute différente de celle dont nous traitons ici. Voyez Gomme, Chimie. (b)

Résine, Caoutchouc, (Botan. exot.) espece de résine ainsi nommée par les Maïnas. Elle est commune dans le pays de la province de Quito voisin de la mer, ainsi que sur les bords du Marannon.

Une des propriétés essentielles des résines est d’être totalement indissolubles à l’eau, & de ne céder qu’à l’action de l’esprit-de-vin plus ou moins continuée : cette propriété est presque toujours accompagnée de l’inflexibilité & de l’inextensibilité : la plûpart des résines ne se prêtent point à l’extension ; & on ne remarque en elles d’autre ressort que celui qu’ont presque tous les corps durs. M. de la Condamine en a cependant trouvé une qui ne se dissout point dans l’esprit-de-vin, qui est extensible comme du cuir, qui a une très-forte élasti-

cité ; & pour achever la singularité, rien ne ressemble

moins à une résine que cette matiere, quand on la tire de l’arbre duquel elle sort.

On trouve un grand nombre de ces arbres dans les forêts de la province des Emeraudes où on les appelle Hévé ; il en découle par la seule incision une liqueur blanche comme du lait, qui se durcit & se noircit peu-à-peu à l’air. Les habitans en font des flambeaux d’un pouce & demi de diametre sur deux pieds de longueur : ces flambeaux brûlent très bien sans mêche, & donnent une clarté assez belle ; ils répandent en brûlant une odeur qui n’est pas desagréable : un seul de ces flambeaux peut durer allumé environ vingt-quatre heures.

Dans la province de Quito, on enduit des toiles de cette résine, & on s’en sert aux mêmes ouvrages pour lesquels nous employons ici la toile cirée.

Le même arbre croît aussi le long de la riviere des Amazones. Les Indiens-Maïnas font de la résine qu’ils en tirent, des bottes d’une seule piece qui ne prennent point l’eau, & qui, lorsqu’elles sont passées à la fumée, ont tout l’air d’un véritable cuir. Ils en enduisent des moules de terre de la forme d’une bouteille ; & quand la résine est durcie, ils cassent le moule ; & en faisant sortir les morceaux par le goulot, il leur reste une bouteille non fragile, légere & capable de contenir toutes sortes de liquides non corrosifs.

L’usage que fait de cette résine la nation des Omaguas, située au milieu du continent de l’Amérique sur les bords de l’Amazone, est encore plus singulier. Ils en construisent des bouteilles en forme de poire, au goulot desquelles ils attachent une cannule de bois En les pressant on en fait sortir par la cannule la liqueur qu’elles contiennent, & par ce moyen ces bouteilles deviennent de véritables seringues. Ce seroit chez eux une espece d’impolitesse de manquer à présenter avant le repas à chacun de ceux que l’on a priés à manger, un pareil instrument rempli d’eau chaude, duquel il ne manque pas de faire usage, avant que de se mettre à table. Cette bisarre coutume a fait nommer par les Portugais l’arbre qui produit cette résine, par dé xiringa ou bois de seringue. Voyez Seringue, Botan. exot. (D. J.)

RESINGUE, s. f. (Orfévrerie.) est une branche de fer, pointue & pliée par un bout, & arrondie & courbée par l’autre. C’est sur cette derniere partie qu’on met la piece qu’on veut relever. La resingue, comme on le voit, fait le même effet qu’un levier par le moyen des vibrations.

La resingue est ordinairement fichée par sa queue recourbée ou dans un billot de bois, ou retenue dans les mâchoires d’un étau.

a Corps de cafetiere ou burette sur la resingue.

b Resingue.

c Marteau frappant sur le bout de la resingue.

d Billot de bois.

RÉSISTANCE, s. f. (Méchanique.) se dit en général d’une force ou puissance qui agit contre une autre, de sorte qu’elle détruit ou diminue son effet. Voyez Puissance. Il y a deux sortes de résistances qui viennent des différentes propriétés des corps résistans, & qui sont reglées par différentes lois ; savoir