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Enfin, on commença à leur rendre un culte religieux & à les invoquer, premierement en Egypte & en Syrie, ensuite à Constantinople, & dans les églises d’occident. Grégoire de Naziance adresse des prieres à Athanase & à Basile ; & il rapporte que Justine fut protégée miraculeusement, parce qu’elle invoquoit la sainte Vierge. Gregoire de Nysse implora le secours d’Ephrem & du martyr Théodore. A Constantinople, l’invocation des saints fut inconnue jusqu’à l’année 379, que Grégoire de Naziance la leur enseigna : saint Chrysostome l’appuya fortement ; mais l’empereur Théodose défendit quelque tems après, de déterrer les os des saints & des martyrs, ou de les transporter d’un lieu à un autre.

Sans adopter toutes les idées de M. Newton, on ne peut disconvenir qu’il n’y ait dans ce petit morceau des vûes très-justes sur l’origine du culte des saints ; & d’ailleurs il faut observer que ce beau génie n’avoit fait que jetter ces remarques sur le papier, sans y mettre la derniere main. (D. J.)

SAINTAUBINET, (Marine.) c’est un pont de cordes supporté par des bouts de mâts, posés en-travers sur le plat-bord, à l’avant des vaisseaux marchands. Voyez encore Pont de cordes.

SAINTE-BARBE, s. f. (Marine.) nom qu’on donne à la chambre des cannoniers, parce qu’ils ont choisi sainte Barbe pour patrone. C’est un retranchement à l’arriere du vaisseau, au-dessus de la soute, & au-dessous de la chambre du capitaine. Voyez la Marine, Pl. IV. fig. 1. la sainte-Barbe, cottée 107. On l’appelle aussi gardiennerie, parce que le maître canonnier y met une partie de ses ustensiles. Il y a ordinairement deux sabords pratiqués dans l’arcasse, pour battre par derriere, & le timon ou barre du gouvernail y passe.

SAINTE-CROIX, l’île de, (Géog. mod.) l’une des Antilles située par les 17 degrés 36 minutes de latitude, au nord de l’équateur, à 15 ou 16 lieues dans l’est sud-est de Portorico, sa longueur est d’environ 9 lieues sur une largeur inégale ; son terrein produit les plus beaux arbres du monde, dont le bois est propre à construire de très-beaux meubles. Cette île, qui étoit sous la domination de la France, depuis l’établissement des Antilles, fut cédée vers le commencement du regne de Louis XV. aux Danois, qui y ont aujourd’hui une assez nombreuse colonie, malgré l’intempérie du climat.

SAINTE-LUCIE, bois de, (Botan.) espece de cérisier sauvage. Voyez Mahaleb, (Botan.)

SAINTES, ou SAINCTES, (Géog. mod.) on écrivoit anciennement Xaintes ; ville de France, capitale de la Saintonge, sur la Charente, qu’on y passe sur un pont, à 16 lieues au sud est de la Rochelle, & à 25 au nord-est de Bourdeaux.

Cette ville, qui du tems d’Ammien Marcellin étoit une des plus florissantes de l’Aquitaine, est aujourd’hui une petite & pauvre ville ; ses rues sont étroites, & les maisons mal bâties. Il y a cependant une sénéchaussée, un présidial, & une élection, qui est de la généralité de la Rochelle. Les Jésuites y ont tenu un college, & les Lazaristes y tiennent un séminaire.

L’évêché de Saintes, qui passe pour un des plus anciens des Gaules, est suffragant de Bourdeaux ; il vaut douze à quinze mille livres de revenu, toutes les charges acquittées. Il est composé de 565 églises, tant paroissiales que succursales ; ces dernieres sont au nombre d’environ 60. Le chapitre de la cathédrale est composé d’un doyen & de vingt-quatre chanoines, dont les quatre qui ont les dignités, sont nommés par l’évêque, quoique le chapitre soit indépendant de lui.

On a tenu divers conciles à Saintes ; savoir en 563, 1075, 1080, 1088 & 1096 ; c’est dans ce dernier que

fut ordonné le jeûne des veilles des apôtres.

Il y a dans un fauxbourg de cette ville, une riche abbaye de bénédictines, fondée l’an 1047, sous le titre de Notre-Dame. Long. 37. 2. lat. 45. 39.

La ville de Saintes s’appelloit anciennement Mediolanum, comme Milan dans la Gaule cisalpine, & elle avoit un amphithéâtre avec beaucoup d’autres marques de grandeur lorsqu’elle étoit située sur une montagne. Cette ville que les auteurs, jusqu’au cinquieme siecle, appellent Mediolanum, ayant été entierement ruinée par le passage des Vandales, & des autres barbares qui traverserent les Gaules pour aller en Espagne, fut rebâtie dans une situation plus commode que l’ancienne, car elle est sur le bord de la Charente. Depuis ce tems-là, le nom Mediolanum n’a plus été en usage, on ne s’est servi que de celui du peuple Santones, d’où est venu le mot de Saintes.

Amelotte (Denys), pere de l’oratoire, naquit à Saintes, en 1606, & se montra de bonne heure ennemi de MM. de Port-royal, dans l’espérance d’obtenir un évêché. Il a donné une version du nouveau Testament en quatre volumes in-8°. qu’il mit au jour en 1666, 1667 & 1668. Cette version n’est pas fort exacte, & l’on y a trouvé des fautes assez grossieres, principalement pour ce qui regarde la critique. Le pere Amelotte mourut en 1678, âgé de soixante-douze ans. (D. J.)

SAINTETÉ, s. f. (Gramm. & Théolog.) qualité ou état d’un homme saint, ou exempt de péché. Voyez Péché.

Sainteté se dit aussi des personnes sacrées, & des choses destinées au service de Dieu & aux usages de la religion. Voyez Sacré & Saint.

On dit dans ce sens jours saints, ordonnances saintes, sainte Bible, saint Evangile, guerre sainte, &c. Les Catholiques romains appellent l’inquisition, le saint office, & le siege de Rome, le saint siege. Voyez Inquisition, &c.

Sainte huile, eau sainte, &c. Voyez Onction, &c.

La Palestine est appellée par excellence la Terre sainte, & Jérusalem la sainte cité. Tel prince croyoit signaler sa religion en allant combattre pour la conquête de la Terre sainte. Voyez Croisade.

Dans les pays catholiques, un tiers de l’année est employé en fêtes ou jours saints. Il n’y a point d’autres jours saints en Ecosse, que le Dimanche.

Semaine sainte, est la derniere semaine du carême, que l’on appelle aussi semaine de la passion. Voyez Carême &c.

On donne quelquefois le nom d’année sainte, à l’année du jubilé. Voyez Jubilé.

Il y avoit dans le tabernacle, & ensuite dans le temple de Salomon, deux lieux particuliers, dont l’un s’appelloit le lieu saint, sanctum, & l’autre, qui étoit le plus reculé, le saint des saints, sanctum sanctorum, ou le sanctuaire. Voyez Sanctuaire.

Le saint étoit séparé du saint des saints par un voile. L’arche de l’alliance étoit dans ce dernier. Voyez Arche.

Sainteté est un titre de vénération que l’on donne au pape, comme celui de majesté aux rois. Voyez Titre, Qualité.

Les rois même, quand ils écrivent au pape, lui donnent le titre de sainteté ou de saint pere, en latin, sanctissime & beatissime pater. Voyez Pape.

On donnoit autrefois le titre de sainteté à tous les évêques, comme on voit dans saint Augustin, Fortunat, Nicolas. I. Cassiodore, &c. Saint Grégoire même en a appellé quelques-uns, votre béatitude & votre sainteté.

Les empereurs grecs de Constantinople portoient le titre de saint & de sainteté, à cause de l’onction de leur sacre. Du Cange ajoute qu’on a aussi donné le