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dans cette eau lorsqu’elle est refroidie : le sel sédatif qui a resté déposé au col de la cornue, y est attaché en forme de petites lames ou aiguilles d’une ténuité ou légereté singuliere, qui bouchent toute la capacité de ce col. Autant ce sel paroît volatil & leger, lorsqu’il est uni à l’eau, autant est-il fixé lorsqu’il en est dépourvu : ce qui fait que ces fleurs ou sels qui sont placés sur la partie du col de la cornue, la plus voisine de son corps & la plus échaufée, se fondent, perdent l’eau de leur crystallisation, & affectent sans se sublimer, la figure & ressemblance d’un verre. De même le sel sédatif exposé subitement à une chaleur violente, se fond, perd la moitié de son poids, & se change en verre, lequel peut reprendre sa forme premiere si on le fait dissoudre & recrystalliser dans l’eau.

La méthode de retirer le sel sédatif par crystallisation, que l’on doit à M. Geoffroi (voyez son mémoire dans ceux de l’académie, 1732) est plus facile, mais n’est pas préférable à celle que nous avons décrite, en ce que, lors de l’évaporation du fluide superflu, il se fait une perte assez considérable du sel sédatif qui s’éleve avec lui, & qu’il est bien difficile d’avoir dans une grande pureté & sans mélange d’acide & de sel de Glauber, les derniers sels que l’on retire à la suite des évaporations & crystallisations ménagées : en voici le procedé.

A une dissolution de quatre onces de borax, dans suffisante quantité d’eau, l’on ajoute une once deux gros d’huile de vitriol, il se fait une effervescence assez considérable, lors de la réaction de l’acide vitriolique sut l’alkali du borax ; les liqueurs se troublent, mais il ne paroît point encore de sel sédatif. On fait évaporer la liqueur à une douce chaleur, jusqu’à ce que le sel sédatif se fasse appercevoir à la surface de l’eau, sous la forme de petites lames fines & brillantes ; une évaporation plus continuée fait accumuler & groupper ensemble ces petits crystaux, qui devenus plus pesans, gagnent le fond de la liqueur & souvent affectent des formes différentes ; on laisse refroidir l’eau sans l’agiter, puis l’on retire par décantation les sels qui sont formés, on les lave rapidement avec de l’eau froide, pour leur enlever, le plus qu’il est possible, l’eau de la crystallisation qui lui communiqueroit une portion du sel de Glauber, qu’elle tient en dissolution ; on fait encore évaporer peu-à-peu la liqueur saline restante, pour en séparer tout le sel sédatif, & lorsque les liqueurs n’en donnent plus, on peut faire une évaporation plus considérable, laquelle produit des crystaux de sel de Glauber ; l’étiologie de cette opération est fondée sur ce que le sel de Glauber est plus soluble dans l’eau, que le sel sédatif ; ce dernier l’est même beaucoup moins que le borax, ce qui fait que l’eau qui tenoit le borax en dissolution transparente, avant l’addition de l’acide vitriolique, n’est plus capable de le faire, lorsque le sel sédatif commence à se débarasser de l’alkali minéral qui lui communiquoit sa dissolubilité, mais ce n’est encore qu’une poussiere fine & subtile, qui altere la transparence du fluide dans lequel elle nage, une évaporation ménagée lui donne l’arrangement nécessaire, & le sel sédatif paroît tout formé, il ne differe de celui qui est fait par sublimation, qu’en ce qu’il est moins leger que ce dernier, & que ses crystaux sont plus épais & moins bien figurés ; on connoit que le sel sédatif, fait par crystallisation, est pur, lorsque exposé au soleil, il ne tombe pas en efflorescence comme le sel de Glauber, & qu’il n’a point le goût de borax.

Le sel sédatif n’est pas un acide, comme on auroit quelques raisons de le soupçonner, il ne change pas les couleurs bleues des végétaux en rouge, & ne fermente pas avec les alkalis, quoiqu’il s’unisse avec eux ; il n’est pas non plus de la nature des alkalis volatils ; nous avons fait voir que sa volatilité n’étoit

qu’accidentelle ; il précipite à la longue quelques solutions métalliques, comme le mercure dissous dans l’acide nitreux & dans le muriatique ; cette propriété peut être due à une légere portion d’acide vitriolique qui lui reste uni dans l’eau de la crystallisation ; il a beaucoup de rapport avec le sel microcosmique. Voyez Sel microcosmique. Outre ces précipitations qui leur sont communes, il décompose comme lui, les sels neutres à bases alkalines, il se vitrifie facilement, vitrifie aussi avec lui un grand nombre de substances, il forme avec le talc & les spats un verre opaque & inaltérable à l’air, facilite la fusion des substances les plus refractaires, & ces sels ont plusieurs autres ressemblances qui vraissemblablement tiennent à la nature des principes de leur composition qui nous est encore inconnue.

Le sel sédatif est leger, talqueux, doux, & gras au toucher ; il a une saveur fraîche, acidule & amere ; il fait du bruit comme le tartre vitriolé, lorsqu’on le mâche ; nous suspectons avec raison les vertus qu’on lui attribue dans la médecine ; on le croit emménagogue, antispasmodique, antihystérique, apéritif, diurétique, détersif, stimulant sans corrosion, ni inflammation, & propre à atténuer la viscosité des humeurs.

Il est un des sels qui se dissolvent le plus difficilement dans l’eau, trois livres d’eau suffisant à peine pour en dissoudre deux onces ; mais il n’en est pas de même de l’esprit-de-vin, dans lequel il se dissout facilement & abondamment.

La flamme d’un esprit de vin qui n’aura dissous même qu’une légere portion de ce sel, sera d’un très beau verd : aucune de toutes les substances connues n’a donné cette couleur à la flamme de l’esprit de vin, à l’exception des préparations cuivreuses. Le sel sédatif contiendroit-il de ce métal à tel point divisé, qu’aucune expérience ne l’y a pu faire appercevoir ? l’alkali volatil, qui est la pierre de touche qui le découvre par-tout, n’attire point la couleur de la dissolution de ce sel. L’on peut voir sur cette matiere beaucoup de choses curieuses, dans le second mémoire de M. Bourdelin, inseré dans ceux de l’académie des sciences, pour l’année 1755, comme aussi l’union que le sel sédatif est susceptible de contracter avec l’alkali volatil auquel il communique la vertu très-singuliere de ne se pouvoir plus sublimer.

Le sel sédatif s’unit à la crême de tartre, & forme un tartre très-soluble, qui conserve son acidité comme le borax tartarisé de M. le Fevre, d’Usès ; M. de la Sone, dans son mémoire académique pour l’année 1755, nous fait observer la singularité de ces deux sels, qui deviennent très-dissolubles dans l’eau, lorsqu’ils ne forment qu’un composé, quoiqu’ils soient séparément & l’un & l’autre du nombre de ceux dont la dissolution est très-difficile dans ce fluide.

Le sel sédatif a plusieurs autres propriétés moins essentielles, néanmoins intéressantes ; & ceux qui voudront être plus instruits des connoissances que l’on a acquis sur cette matiere, pourront consulter le traité de M. Pott sur le borax, & les ouvrages des auteurs cités dans cet article.

Sel de riviere, (Mat. médic.) voyez Vitriol.

Sel volatil, (Chimie.) voyez ce qu’on entend en Chimie par la qualification de volatil, à l’article Volatil, & Volatilité, Chimie.

Il y a des sels volatils de plusieurs especes ; l’acide marin, l’acide nitreux, l’acide végétal fermenté, l’acide végétal spontané nud du marum, & peut-être de quelques autres plantes, l’acide spontané des insectes, l’alkali appellé volatil, & même des sels neutres, savoir tous les sels ammoniacaux, sont volatils.

On donne cependant par préférence ou par excellence le nom de sel volatil aux alkalis volatils. Voyez Alkali volatils, dans l’art. général Sel, Chim. & Méd. (b)