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VAILLANCE, s. f. (Morale.) voyez Valeur. Il ne faut pas néanmoins renvoyer séchement au mot synonyme, quand on peut faire quelque chose de plus. Je définis donc la vaillance, l’effet d’une force naturelle de l’homme qui ne dépend point de la volonté, mais du méchanisme des organes, lesquels sont extrèmement variables ; ainsi l’on peut dire seulement de l’homme vaillant, qu’il fut brave un tel jour, mais celui qui se le promet comme une chose certaine, ne sait pas ce qu’il sera demain ; & tenant pour sienne une vaillance qui dépend du moment, il lui arrive de la perdre dans ce moment même où il le pensoit le moins. Notre histoire m’en fournit un exemple bien frappant dans la personne de M. Pierre d’Ossun, officier général, dont la vaillance reconnue dans les guerres de Piémont, étoit passée en proverbe ; mais cette vaillance l’abandonna à la bataille de Dreux, donnée en 1562, entre l’armée royale & celle des protestans ; ce brave officier manqua de courage à cette action, & pour la premiere & la seule fois de sa vie, il prit la fuite. Il est vrai qu’il en fut si honteux, si surpris & si affligé, qu’il se laissa mourir de faim, & que toutes les consolations des autres officiers généraux, ses amis, & du duc de Guise en particulier, ne firent aucune impression sur son esprit ; mais ce fait prouve toujours que la vaillance est momentanée, & que la disposition de nos organes corporels la produisent ou l’anéantissent dans un moment. Nous renvoyons les autres réfléxions qu’offre ce sujet aux mots Courage, Fermeté, Intrépidité, Bravoure, Valeur, &c. (D. J.)

VAILLANT, adj. qui a de la vaillance. Voyez Vaillance.

Vaillant, terme de Maréchal, cheval vaillant. On appelle ainsi un cheval courageux & vigoureux.

VAIN, adj. (Gram.) ce mot a plusieurs acceptions fort differentes. On dit d’un homme qu’il est vain, c’est-à-dire qu’il s’estime lui-même, aux yeux des autres, & plus qu’il n’est permis, de quelque qualité qu’il a ou qu’il croit avoir. Voyez l’article Vanité. On dit d’une science que ses principes sont vains, lorsqu’ils n’ont aucune solidité. On dit de la gloire & des plaisirs de ce monde qu’ils sont vains, parce qu’ils passent : de la plûpart de nos espérances qu’elles sont vaines, parce qu’elles nous trompent. On dit encore de presque toutes les choses qui ne produisent pas l’effet qu’on en attend, qu’elles sont vaines ; des prétentions vaines, une parure vaine, la pompe vaine d’un mausolée, d’un tombeau. Un tems vain est celui d’un jour de chaleur qui accable, étouffe, résout les forces, & rend incapable d’occupation.

Vain paturage, (Jurisprud.) est celui qui se trouve sur les terres & prés après la dépouille, sur les terres en gueret ou en friche, dans les bruyeres, haies, buissons & bois non défensables. Voyez Prés & Paturages, Pature. (A)

Vain, (Maréchal.) cheval vain, c’est celui qui est foible par trop de chaleur, ou pour avoir pris quelques remedes, ou pour avoir été mis à l’herbe, ensorte qu’il n’est plus guere en état de travailler.

Vaine pature, (Jurisprud.) est la même chose que vain pâturage. Voyez ci-devant Vain paturage & les mots Paturage, Pature & Prés. (A)

Vaines, (Véner.) il se dit des fumées légeres & mal pressées des bêtes fauves.

VAINCRE, SURMONTER, (Synon.) vaincre suppose un combat contre un ennemi qu’on attaque & qui se défend. Surmonter suppose seulement des efforts contre quelque obstacle qu’on rencontre, & qui fait de la résistance.

On a vaincu ses ennemis, quand on les a si bien battus, qu’ils sont hors d’état de nuire. On a surmonté

ses adversaires quand on est venu à bout de ses desseins, malgré leur opposition.

Il faut du courage & de la valeur pour vaincre, de la patience & de la force pour surmonter.

On se sert du mot de vaincre à l’égard des passions, & de celui de surmonter pour les difficultés.

De toutes les passions l’avarice est la plus difficile à vaincre, parce qu’on ne trouve point de secours contr’elle, ni dans l’âge, ni dans la foiblesse du temperament, comme on en trouve contre les autres, & que d’ailleurs étant plus resserrée qu’entreprenante, les choses extérieures ne lui opposent aucune difficulté à surmonter. Synonym. de l’abbé Girard.

VAINQUEUR, s. m. (Gram.) homme signalé par une victoire. Il se prend au simple & au figuré : il fut moins difficile à Alexandre de vaincre les Perses & les Asiatiques, que ses passions.

VAIR, s. m. (terme de Blason.) c’est une fourrure faite de plusieurs petites pieces d’argent & d’azur à-peu-près comme un U voyelle, ou comme une cloche de melon. Les vairs ont la pointe d’azur opposée à la pointe d’argent, & la base d’argent à celle d’azur.

On appelle vair affronté, lorsque les vairs ont leurs pointes tendantes au cœur de l’écu, & vair appointé ou vair en pal, quand la pointe d’un vair est opposée à la base de l’autre.

On appelle vair contre vair, lorsque les vairs ont le métal opposé au métal, & la couleur opposée à la couleur : ce qui est contraire à la disposition ordinaire du vair.

Vairé se dit de l’écu, ou des pieces de l’écu chargées de vairs : quand la fourrure est d’un autre émail que d’argent & d’azur, alors on dit vairé de telle couleur ou métal. Senecé porte vairé d’or & de gueules. On appelle aussi des pieces honorables de l’écu vairées, quand elles sont chargées de vair. (D. J.)

VAIRON, s. m. (Hist. nat. Ichthiolog.) varius, seu phoxinus levis, poisson de riviere du double plus petit que le goujon ; il a le corps un peu mince & long d’environ trois pouces ; il est couvert de si petites écailles qu’on les distingue à peine, & il n’a point de barbillons. Il y a sur les côtés du corps une ligne de couleur d’or, qui s’étend depuis la tête jusqu’à la queue ; la couleur qui est au-dessous de cette ligne, varie dans différens individus ; car quelques-uns ont le ventre rouge, d’autres blanc ou bleu ; enfin il y en a qui ont sur les côtés du corps du bleu & de la couleur d’or. Ce poisson se plait dans les eaux peu profondes & qui coulent rapidement. On le trouve ordinairement dans les gués couverts de pierres ou de sable. Ray, synop. meth. piscium. Voyez Poisson.

Vairon, (Maréchal.) se dit de l’œil du cheval dont la prunelle est entourée d’un cercle blanchâtre, ou qui a un œil d’une façon, & l’autre d’une autre. Il se dit aussi d’un cheval de plusieurs couleurs, & dont les poils sont tellement mêlés, qu’il est difficile de distinguer les blancs d’avec les noirs, & les roux d’avec les bais. On l’appelloit autrefois vair.

VAISON, (Géog. mod.) petite ville, ou bicoque de France, en Provence, au comtat Venaissin, proche la riviere d’Ouvèse, à douze lieues au nord-est d’Avignon, dont son évêché est suffragant. Long. 22. 47. latit. 44. 17.

Le nom latin de Vaison est Vasco, ou plutôt Vasio, Vasiorum civitas, Vasio Vocontiorum, autrefois la capitale des Vocontiens, l’une des grandes villes des Gaules, & du nombre de celles qu’on appelloit fæderatæ, c’est-à-dire alliées des Romains, comme nous l’apprenons de Pline. Elle étoit dans la plaine, ainsi qu’on le voit par ses ruines. Elle reçut de bonne heure le christianisme ; car un de ses évêques nommé Daphnus, episcopus vasionensis, envoya un député au concile d’Arles tenu l’an 314.