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La valeur brave les horreurs de la mort ; le courage plus grand brave la mort & la vie.

Enfin, l’on peut conclure que la bravoure est le devoir du soldat ; le courage, la vertu du sage & du héros ; la valeur, celle du vrai chevalier. Article de M. de Pezay, capitaine au régiment de Chabot, dragons.

VALHALLA, s. m. (Mythologie.) c’est le nom que la Mythologie des anciens Celtes, Scandinaves ou Goths, donne à un séjour de délices, destiné pour ceux qui périssoient dans les combats ; valhalla étoit le palais du dieu Odin ; les plaisirs dont on y jouissoit étoient conformes aux idées guerrieres de ces peuples avides de combats. Ils supposoient donc que ceux qui étoient admis dans le valhalla, avoient tous les jours le plaisir de s’armer, de passer en revue, de se ranger en ordre de bataille, & de se tailler en pieces les uns les autres ; mais dès que l’heure du festin étoit venue, les héros retournoient dans la salle d’Odin, parfaitement guéris de leurs blessures ; là ils se mettoient à boire & à manger ; leur boisson étoit de la biere & de l’hydromel, qu’ils buvoient dans les crânes des ennemis qu’ils avoient tués, & qui leur étoit versée par des nymphes appellées valkyries. On voit combien une pareille doctrine étoit propre à inspirer le courage & le desir d’une mort glorieuse dans les combats, à ces peuples qui ont conquis la plus grande partie de l’Europe.

L’entrée du valhalla n’étoit promise qu’à ceux qui périssoient dans les combats, toute autre mort étoit regardée comme ignominieuse ; & ceux qui mouroient de maladie ou de vieillesse, alloient dans le niflheim ou dans l’enfer destiné aux lâches & aux scélérats. Voyez l’Introduction à l’histoire de Danemarck, par M. Mallet, & voyez Niflheim.

VALI, s. m. (Hist. mod.) c’est le titre que l’on donnoit en Perse avant les dernieres révolutions, à des vice-rois ou gouverneurs établis par la cour d’Ispahan, pour gouverner en son nom des pays dont leurs ancêtres étoient les souverains avant que d’être soumis aux Persans. La Géorgie étoit dans ce cas, ainsi qu’une partie de l’Arabie ; les vice-rois de ces pays s’appelloient vali de Géorgie, vali d’Arabie, &c.

VALIDATION, s. f. (Gram. & Jurisprud.) est l’action de faire valoir quelque chose qui sans cela ne seroit pas valable.

Validation de criées ; ce sont des lettres accordées en chancellerie, pour confirmer les criées, lorsqu’il y manque quelque défaut de formalité. Dans les coutumes de Vitry, Château-Thierry, & quelques autres, les Praticiens sont dans l’usage lorsqu’il est question de certifier des criées, d’observer si toutes les significations ont été faites parlant à la partie saisie ; cette formalité y est tellement de rigueur, que pour en couvrir le défaut, on a recours à des lettres de validation de criées ; l’adresse de ces lettres se fait au juge devant lequel les criées sont pendantes. Voyez le style des lettres de chancellerie, par M. de Pimont.

Validation de mariage ; on trouve dans le style de la chancellerie de Dusault, la formule de lettres de validation de mariage pour des gens de la religion prétendue réformée, qui s’étoient mariés, quoique il y eût parenté au degré de l’ordonnance, entre la premiere femme & la seconde, à l’effet d’assurer l’état des conjoints & celui de leurs enfans nés & à naître.

Validation de payement ; sont des lettres que le roi accorde à un comptable pour qu’on lui alloue à la chambre des comptes un payement sur lequel elle pourroit faire quelque difficulté. Voyez le style de chancellerie de Dusault, page 79.

VALIDE, adj. (Gram. & Jurisprud.) signifie ce qui est valable selon les lois ; un acte est valide en la forme, lorsqu’il est revêtu de toutes les formalités né-

cessaires, & il est valide au fond lorsque les dispositions

qu’il renferme n’ont rien de prohibé. Voyez Acte, Formalité, Forme, Valable, Validité. (A)

VALIDÉ, (Hist. mod.) nom que l’on donne chez les Turcs à la sultane mere de l’empereur qui est sur le trône. La sultane validé est toujours très-respectée par son fils, & prend part aux affaires de l’état, suivant le plus ou le moins d’ascendant qu’elle sait prendre sur son esprit. Elle jouit d’une liberté beaucoup plus grande que les autres sultanes qui sont dans le serrail, & peuvent y changer & y introduire ce que la fantaisie leur suggere. La loi veut que le sultan obtienne le consentement de sa mere pour coucher avec quelqu’une des femmes qui y sont renfermées ; ainsi la validé lui amene une fille choisie pour attirer ses regards ; elle trouveroit très-mauvais & se croiroit déshonorée, si son fils ne s’en rapportoit à son choix. Son médecin nommé hekisis effendi, lorsqu’elle tombe malade, est introduit dans sont appartement, mais ils ne lui parle qu’au-travers d’un voile dont son lit est environné, & ne lui tâte le pouls qu’au-travers d’un linge fin, qu’on met sur le bras de la sultane validé. Elle a un revenu particulier, que l’on nomme Paschmalyk ; il est de mille bourses ou d’environ quinze cent mille francs, dont elle dispose à sa volonté.

VALISE, s. f. (terme de Coffretier.) ustensile de cuir uni ou à poil, servant à mettre des hardes & autres choses, pour porter en voyage sur la croupe d’un cheval, ou autrement. (D. J.)

VALKYRIES, s. f. pl. (Mythologie.) C’est le nom que les anciens Scandinaves ou Goths donnoient à des Nymphes, qui habitoient le valhalla, c’est-à-dire paradis des héros, ou la demeure d’Odin ; ce dieu les emploie par choisir ceux qui doivent être tués dans les combats. Une de leurs fonctions étoit de verser à boire aux héros qui avoient été admis dans le palais d’Odin ; c’étoient aussi elles qui présentoient à ce dieu ceux qui mouroient dans les batailles. Voyez l’Edda des Irlandois.

VALLADOLID, (Géog. mod.) en latin Pincium, ville d’Espagne dans la vieille Castille, sur la riviere de Pisuerga, près de son embouchure dans le Duero, à 20 lieues au sud-ouest de Burgos, à 25 au nord-est de Salamanque, & à 35 au nord de Madrid.

Valladolid est une des plus grandes villes d’Espagne. Elle contient soixante & dix couvens de l’un & de l’autre sexe, & des églises à proportion ; d’ailleurs l’étendue de ses places publiques y est très-considérable. On donne sept cens pas de circuit à la seule place du marché nommée el campo ; les maisons de cette place sont égales, & à quatre étages. L’université n’est composée que de quelques colleges. On a fondé dans cette ville en 1752, une académie des sciences & des arts ; mais cette académie ne se presse pas de répandre ses lumieres, car elle n’a point encore publié d’ouvrages. L’évêché de cette cité est suffragant de Tolede, & a été fondé en 1595. Son revenu est évalué à quinze mille ducats. Cette ville a été la résidence des rois de Castille jusqu’à Charlesquint. Les dehors en sont très-agréables ; c’est une belle plaine couverte de jardins, de vergers, de prés & de champs. Long. 13. 35. lat. 41. 43.

Vallodolid est la patrie de quatre ou cinq jésuites, dont les noms ne sont connus qu’en Espagne ; mais il n’en est pas de même de Mercado (Louis de) en latin Mercatus, un des savans médecins du xvj. siecle ; toutes ses œuvres ont été recueillies & imprimées Francofurti 1654, cinq vol. in-fol. Il mourut en 1593, à 53 ans.

Nuanez (Ferdinand), surnommé Pincianus, du nom latin de sa patrie, a eu la gloire d’apporter le premier l’usage de la langue greque en Espagne. La