ces symptomes attaquent rarement la même personne.
Sydenham observe que la maladie vénérienne se communique par la copulation, l’alaitement, le tact, la salive, la sueur, la mucosité des parties naturelles, la respiration ; & qu’elle se manifeste premierement dans les parties où elle est reçue. Lorsque le virus est reçu avec le lait de la nourrice, il se manifeste ordinairement par des ulceres de la bouche.
Le traitement varie suivant la différence des symptomes & des degrés de la maladie. Pour ce qui est du premier degré qui est la gonorrhée virulente, Voyez Chaude-pisse & Gonorrhée.
Voici la méthode du docteur Pitcairn. Après avoir fait vomir deux ou trois fois, il ordonne le mercure doux deux fois par jour, durant quelques jours. Lorsque la bouche fait mal, il laisse le mercure doux pendant trois ou quatre jours, & il purge de deux jours l’un. Dès que la bouche ne fait plus de mal, il recommence l’usage du mercure doux, & ainsi alternativement, jusqu’à ce que les symptomes cessent. Voyez Mercure.
On tient communément que la salivation mercurielle est le seul remede efficace pour la maladie vénérienne confirmée. Cependant il y a des gens qui croient que les frictions mercurielles, données en petite quantité & de loin-à-loin sans exciter la salivation, non-seulement sont moins fâcheuses & moins dangereuses, mais encore réussissent mieux dans cette maladie que la salivation. Voyez Salivation.
Sydenham dit qu’il fait saliver tout de suite, sans aucune évacuation préliminaire, ni préparation quelconque. Voici quelle est sa méthode. Il ordonne un onguent, fait avec deux onces de sain-doux & une once de mercure crud. Il veut que le malade se frotte lui-même les bras & les jambes trois soirs de suite avec le tiers de cet onguent, mais sans toucher les aisselles, ni les aînes, ni l’abdomen. Après la troisieme friction, les gencives s’enflent d’ordinaire, & la salivation survient. Si elle ne vient pas assez-tôt, il ordonne huit grains de turbith minéral dans de la conserve des roses rouges ; ce qui produit le vomissement, & ensuite la salivation. Si après cela elle diminue avant que les symptomes ayent entierement disparu, il la ranime par une dose de mercure doux. La diete & le régime sont les mêmes que pour la purgation.
Les fumigations mercurielles peuvent être de quelque utilité dans le traitement de la maladie vénérienne. Voyez Fumigation.
Les sauvages de l’Amérique sont fort sujets à la maladie vénérienne, mais ils ont des secrets pour s’en débarrasser qui sont, dit-on, beaucoup plus sûrs & moins dangereux que les frictions mercurielles, ou que les préparations du mercure que l’on emploie ordinairement pour la guérison de ces maux. M. Kalm, de l’académie royale de Suede, ayant voyagé dans cette partie du monde, est parvenu à découvrir le remede dont ces peuples se servent, & qu’ils cachoient avec le plus grand soin aux Européens. Ils emploient pour cet effet la racine d’une plante que M. Linnæus a décrite sous le nom de lobelia, & que Tournefort appelle rapuntium americanum, flore dilutè coeruleo, en françois la cardinale bleue. On prend cinq ou six de ces racines, soit fraîches, soit séchées, on en fait une décoction dont on fait boire abondamment au malade le matin & dans le cours de la journée. Cette boisson purge à proportion de la force de la décoction, que l’on fait moins forte lorqu’elle agit trop vivement. Le malade s’abstient pendant la cure, des liqueurs fortes & des alimens trop assaisonnés ; ordinairement en observant ce régime, il est guéri en quinze jours ou trois semaines. On se sert de la même décoction pour laver les ulceres vénériens qui peuvent s’être formés sur les parties de la génération.
Les sauvages dessechent aussi ces ulceres avec une racine séchée & pulvérisée que l’on répand sur la partie affligée ; cette racine est celle d’une plante, que M. Linnæus appelle geum, floribus nutantibus, fructu oblongo, seminum caudâ molli plumosâ, flore suecicoe, p. 424 ; c’est la même que G. Bauhin désigne sous le nom de caryophyllata aquatica, nutante flore, 321 ; en françois benoite de riviere.
Lorsque le malade a fait usage pendant quelques jours de la décoction de la lobelia décrite ci-dessus, sans que l’on apperçoive aucun changement, on prend quelques racines d’une plante, que M. Gronovius appelle ranunculus, foliis radicalibus, renisormibus, crenatis, caulinis, digitatis, petiolatis, Gronovii flos virginana 166 ; en françois renoncule de Virginie. Après avoir lavé ces racines, on en met une petite quantité dans la decoction de lobelia ; mais il faut en user avec précaution, de peur d’exciter des irritations, des purgations trop vives & des vomissemens. Toutes ces plantes se trouvent en Europe, ou peuvent s’y multiplier avec facilite.
M. Kalm nous apprend que d’autres sauvages d’Amérique se servent avec encore plus de succès pour la même maladie de la décoction d’une racine désignée par M. Linnæus sous le nom de ceanothus, ou de celastus incrmis, foliis ovatis serratis, trinerviis, Hort. Clifford 73, & Gronovii flor. virginiana 25. Cette plante est plus difficile à avoir que les autres ; cependant il y en a des piés au jardin royal des plantes ; M. Bernard de Jussieu soupçonne que cette racine est la même qu’une racine inconnue qui lui fut donnée il y a quelques années, & dont la décoction guérissoit en trois jours les gonorrhées les plus invétérées ; jamais il n’a pu découvrir le lieu natal de cette racine si efficace quelque peine qu’il se soit donné pour cela : ce savant botaniste croit que le ceanothus est la plante appellée evonymus novi belgii, corni fæminæ foliis, Commelin. hort. Amstel. I. p. 167. tom. LXXXVI. M. Kalm dit que cette décoction est d’un beau rouge, & se fait de même que celle de la lobelia. Il nous dit que lorsque le mal est fort enraciné, on joint à la décoction du ceanothus celle du rubus, caule aculeato, foliis ternatis, Linnæi flor. suscica 410 ; c’est le rubus vulgaris fiuctu nigro de G. Bauhin, 479 ; en françois ronce. M. Kalm assure de la façon la plus positive qu’il n’y a point d’exemple qu’un sauvage n’ait point été soulagé & parfaitement guéri de la vérole la plus invétérée en faisant usage de ces remedes. Voyez les mémoires de l’académie de Stockholm, année 1760.
VENERIS LACUS, (Géog. anc.) Pline, l. XXXII. c. ij. parle de ce lac qu’il place à Hiérapolis de Syrie. C’étoit, selon Lucien, lib. de deâ Syria, un étang fort poissonneux, dans la ville même, près du temple de Junon. On y trouvoit de grands poissons qui avoient chacun leur nom. J’en ai vu un plusieurs fois, dit Lucien, qui portoit sur l’aileron de l’épine du dos un petit ouvrage d’or qu’on y avoit appliqué. On prétend, ajoute-t-il, ce que je n’ai pas vérifié, que cet étang a deux cens brasses de profondeur ; il y a au milieu un autel de pierre, qu’on diroit qui se remue vraissemblablement, parce qu’il est élevé sur des colonnes qui sont au fond de l’eau. Cet autel étoit toujours encensé par des personnes qui y abordoient à toute heure à la nage pour leurs dévotions. On y célébroit aussi de grandes fêtes, qu’on appelloit les descentes du lac. On y portoit tous les dieux, & Junon la premiere, de peur que Jupiter n’envisageât devant elle les poissons : elle le devançoit donc, & le prioit de se retirer, ce qu’il faisoit à la fin, après avoir un peu contesté. Voilà bien Lucien qui plaisante de toutes les superstitions de son tems. (D. J.)
Veneris Portus, (Géog. anc.) port de la Gaule narbonnoise, sur la côte de la mur Méditerranée.