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côte méridionale de l’île Espagnole ; on l’appelle dans le pays el puerto hermoso.

BEAUPRÉ, s. m. (Marine.) c’est un mât qui est couché sur l’éperon à la proue des vaisseaux ; son pié est enchâssé sur le premier pont, au-dessous du château d’avant, avec une grande boucle de fer & deux chevilles aussi de fer, qui sortent entre deux ponts. Voyez la position de ce mât & ses dépendances, Pl. I. en Z. Voyez aussi la Pl. IV. fig. premiere, no 201. Ces figures donneront une idée plus claire de ce mot & de ce qui le concerne, qu’un discours plus étendu.

Le beaupré s’avance au-delà de la proue ; il est couché sur l’étambraie, & passe au-delà de l’éperon autant qu’il est nécessaire pour donner du jeu à la voile, afin qu’elle ne s’embarrasse point avec l’éperon ; il est appuyé sur l’étrave ou accotté sur un coussin, & couché sur l’étambraie. (Pl. IV. fig. I. no 210.) Quelquefois il passe entre les bittes, & son pié est contre le mât de misene, s’affermissant ainsi l’un & l’autre ; car sans cela on pourroit ne pas entrer le beaupré si avant dans le vaisseau. Il y a au mât de misene un gros taquet, qui entre dans les petits blocs avec une entaille, & qui vient finir sur ce beaupré. Il a 12 pouces de large, & 4 pouces d’épais, avec un collier de fer sur le bout.

Pour affermir encore le beaupré, on le surlie, & on couvre d’une peau de mouton cette liure ou saisine, afin de la conserver. Cette liure ou saisine tient le beaupré avec l’aiguille de l’éperon.

Beaupré sur poupe, terme de Marine, pour dire qu’un vaisseau se met le plus près qu’il peut de l’arriere d’un autre.

Passer sur le beaupré d’un autre vaisseau. Voyez Passer.

Petit beaupré, perroquet de beaupré, tourmentin ; c’est le mât qui est arboré sur la hune de beaupré.

Voile de beaupré, voyez Civadiere. (Z)

BEAU-REVOIR, s. m. se dit, en terme de Chasse, de l’action du limier, lorsqu’étant sur les voies il bande fort sur la bête & sur le trait.

* BEAUTÉ, s. f. terme relatif ; c’est la puissance ou faculté d’exciter en nous la perception de rapports agréables. J’ai dit agréables, pour me conformer à l’acception générale & commune du terme beauté : mais je crois que, philosophiquement parlant, tout ce qui peut exciter en nous la perception de rapports, est beau. Voyez l’article Beau. La beauté n’est pas l’objet de tous les sens. Il n’y a ni beau ni laid pour l’odorat & le goût. Le P. André, Jésuite, dans son Essai sur le beau, joint même à ces deux sens celui du toucher : mais je crois que son système peut être contredit en ce point. Il me semble qu’un aveugle a des idées de rapports, d’ordre, de symmétrie, & que ces notions sont entrées dans son entendement par le toucher, comme dans le nôtre par la vûe, moins parfaites peut-être & moins exactes : mais cela prouve tout au plus que les aveugles sont moins affectés du beau, que nous autres clair-voyans. Voyez l’article Aveugle. En un mot, il me paroît bien hardi de prononcer que l’aveugle statuaire qui faisoit des bustes ressemblans, n’avoit cependant aucune idée de beauté.

* BEAUVAIS, (Géog.) ville de France, capitale du Beauvoisis, dans le gouvernement de l’île de France, sur le Therain. Lon. 19. 44. 42. lat. 46. 26. 2.

* BEAUVOIR-SUR-MER, (Géog.) petite ville maritime de France en Poitou, avec titre de marquisat.

* BEAUVOISIS ou BEAUVAISIS, (Géog.) petit pays de France, dont Beauvais est la capitale.

* BEAWDLEY, (Géog.) ville d’Angleterre, dans la province de Worcester.

* BEBRE ou CHABRE, (Géog.) riviere du Bourbonnois en France, qui a sa source vers Montmoril-

lon, reçoit le Val & le Teiche, passe à la Palisse &

à Jaligne, & se jette dans la Loire.

* BEBRIACUM, (Géog. anc. & mod.) ville voisine de Crémone, dont Plutarque a fait mention dans la vie d’Othon. Les uns prétendent que c’est nôtre Bina, d’autres veulent que ce soit Canetto.

BEC, s. m. (Hist. nat. Ornitholog.) partie de la tête des oiseaux, qui leur tient lieu de dents. Il y a des oiseaux dont le bec est dentelé à peu près comme une scie : mais ces sortes de dents sont bien différentes de celles des quadrupedes, qui sont logées dans des alvéoles. Non-seulement le bec sert aux oiseaux pour prendre leur nourriture ; mais c’est aussi pour eux une arme offensive : de plus ils arrangent leurs plumes avec leur bec, & il y en a quelques-uns qui s’en aident comme d’un crochet pour élever leurs corps, & qui se laissent tomber sur cette partie dure lorsqu’ils veulent descendre à une petite distance ; tels sont les perroquets.

Les becs des oiseaux sont fort différens les uns des autres par la grandeur, la figure, &c. & ces différences sont si sensibles, qu’on en a fait des caracteres distinctifs dans les divisions méthodiques des oiseaux. Voyez Oiseau, & la Plan. VIII. où les principales figures des becs des oiseaux sont exposées, selon la méthode de M. Barrere, dans son Ornithologie. (I)

* Bec, s. m. ce terme transporté par métaphore de la partie de la tête des oiseaux, qui porte ce nom, à une infinité d’autres productions naturelles & artificielles, se dit ordinairement de parties solides, antérieures & pointues.

Bec a ciseaux, oiseau, Voyez Bec croisé.

Bec courbe, oiseau mieux connu sous le nom d’avoceta. Voyez Avoceta.

Bec croisé, s. m. loxia, (Hist. nat. Ornithol.) oiseau qui ne differe guere du verdier ; il pese une once & demie : il a environ six pouces de longueur depuis la pointe du bec jusqu’à l’extrémité de la queue : le bec est noir, dur, épais, & fort ; il est crochu en-dessus & en-dessous ; cette figure est particuliere à cet oiseau à l’exclusion de tout autre. Voyez la Planche VIII. fig. 10. les deux pieces du bec sont courbées à leur extrémité en sens contraire l’une de l’autre ; de sorte que l’extrémité de la piece inférieure est recourbée en-haut, & celle de la piece supérieure l’est en-bas. La situation de ces pieces n’est pas toûjours la même dans tous les oiseaux de cette espece : il y en a dont la piece supérieure passe à droite en se croisant avec la piece inférieure, & dans d’autres elle se trouve à gauche ; c’est à cause de cette conformation qu’on a donné à ces oiseaux les noms de bec croisé & de bec à ciseaux. La mâchoire inférieure & la langue sont semblables à la mâchoire & à la langue du pinson ; les ouvertures des narines sont rondes, les trous des oreilles sont grands, l’iris des yeux est de couleur de noisette, les pattes sont brunes, les ongles noirs ; le doigt extérieur tient au doigt du milieu à sa naissance. Le milieu des plumes de la tête & du dos est noir, & les bords sont verds ; il y a aussi sur la tête une légere teinte de couleur cendrée ; le croupion est verd, le menton cendré, la poitrine verte, & le ventre blanc ; mais les plumes qui se trouvent sous la queue, sont en partie noires ou brunes. Il y a dix-huit grandes plumes dans chaque aile ; elles sont noirâtres à l’exception des bords extérieurs des premieres plumes qui sont verdâtres ; la queue a environ deux pouces de longueur ; elle est composée de douze plumes noires, dont les bords sont verdâtres.

On dit que cet oiseau change trois fois de couleur par an ; qu’il est verd en automne, jaune en hyver, & rouge au printems. Gesner rapporte que les plumes de la poitrine, du cou, & du ventre, prennent d’abord une couleur rouge, qui devient ensuite jau-