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cinquante Boulangers que Paris a dans son enceinte, & six cents-soixante dans ses faubourgs, ne lui suffiroient pas. Elle a besoin de neuf cents forains, qui arrivent dans ses marchés deux fois la semaine. Ils ne venoient autrefois que le samedi. Il leur fut permis, en 1366, de fournir dans tous les jours de marché. Ils obtinrent ou prirent sur eux, au lieu d’arriver dans les marchés, de porter chez les bourgeois : mais on sentit & l’on prévint en partie cet inconvénient.

De l’achat des blés & des farines par les Boulangers. Deux sortes de personnes achetent des blés & des farines ; les Boulangers & les bourgeois & habitans de la campagne : mais on donne la préférence aux derniers, & les Boulangers n’achetent que quand les bourgeois sont censés pourvûs. Ils ne peuvent non plus enlever qu’une certaine quantité ; & pour leur ôter tout prétexte de renchérir le pain sans cause, on a établi des poids pour y peser le blé que reçoit un meûnier, & la farine qu’il rend. Voyez Blé & Farine. Il n’arrivoit jadis sur les marchés que des blés ou des farines non blutées : la facilité du transport a fait permettre l’importation des farines blutées.

De la façon & de la vente du pain. Voyez à l’article Pain, la maniere de le faire & de le vendre, avec ses différentes especes.

Du poids & du prix du pain. Voy. encore l’art. Pain.

Du débit & des places où il se fait. Tout Boulanger qui prend place sur un marché, contracte l’obligation de fournir une certaine quantité de pain chaque jour de marché, ou de payer une amende. Il faut qu’il s’y trouve lui ou sa femme, & que tout ce qu’il apporte soit vendu dans le jour. Il leur est enjoint de vendre jusqu’à midi le prix fixé, passé cette heure il ne peut augmenter, mais il est obligé de rabaisser pour faciliter son débit.

Il lui est défendu de vendre en gros à des Boulangers. Les marchés au pain se sont augmentés, à mesure que la ville a pris des accroissemens : il y en a maintenant quinze ; les grandes halles ; les halles de la Tonnelerie ; la place Maubert ; le cimétiere saint Jean ; le marché neuf de la cité ; la rue saint Antoine vis-à-vis les grands Jésuites ; le quai des Augustins ; le petit marché du faubourg S. Germain ; les Quinze-vingts ; la place du Palais royal ; le devant de l’hôtellerie des bâtons royaux, rue S. Honoré ; le marché du Marais du Temple ; le devant du Temple ; la porte S. Michel. Il se trouve, le mercredi & le samedi de chaque semaine, dans ces endroits, quinze cents trente-quatre Boulangers, dont cinq à six cents ou forains ou des faubourgs.

Profession incompatible avec la Boulangerie. On ne peut être Boulanger, meûnier, & marchand de grain parmi nous, ainsi que chez les Romains, on ne pouvoit être pilote, marinier, ou mesureur. Il n’est pas nécessaire d’en apporter la raison.

On trouvera aux articles Meûnier, Pain, Farine, Levain, Blé, Four, Grain, &c. le reste de ce qui concerne la profession de Boulanger.

S’ils vendent à faux poids, ils sont punis corporellement. Comme le pain est la nourriture la plus commune & la plus nécessaire, le marché au pain tient à Paris le mercredi & le samedi, quelques jours qu’ils arrivent, excepté seulement l’Épiphanie, Noël, la Toussaint, & les fêtes de Vierge ; dans ces cas le débit se fait le mardi & le vendredi. Quant au commerce des boutiques, il n’est jamais interrompu ; les Boulangers sont seulement obligés les dimanches & fêtes, de tenir les ais de leurs boutiques fermés.

BOULANGER, v. neut. qui n’est guere François que chez les Boulangers, où il signifie pétrir la farine & en faire du pain. Voyez Pétrir.

BOULANGERIE, s. f. (en Architecture.) est un bâtiment dans un palais, maison de campagne, ou dans

une communauté, destiné à faire le pain, & composé de plusieurs pieces, comme fournil, lieu où sont les fours, panneterie, pétrin, farinier & autres. (P)

Boulangerie, (en Marine.) ce terme se dit dans un arsenal de marine, du lieu où l’on fait le biscuit. Voyez dans la Planche VII. seconde partie de l’arsenal, l’emplacement & la distribution des bâtimens pour la Boulangerie. (Z)

* BOULE, s. f. On donne ce nom en général à tout corps rond, de quelque matiere qu’il soit, & à quelqu’usage qu’on le destine. Il est synonyme à globe ; mais globe & sphere ont d’autres acceptions.

* Boule de Mars, remede efficace pour les plaies.

Prenez de la limaille d’acier préparée, c’est-à-dire réduite en poudre très-déliée & bien purgée, une partie ; de tartre blanc pulvérisé, deux parties : mêlez dans une cucurbite : arrosez d’eau-de-vie, de maniere que le mêlange en soit couvert à la hauteur d’un doigt : digérez soit au bain-marie, soit à la chaleur du soleil : versez derechef sur la masse séchée & pulvérisée, de l’eau-de-vie : mettez encore en digestion : répétez jusqu’à ce que la masse desséchée vous paroisse comme résineuse. Faites de cette masse des boules de la grosseur d’un œuf.

Pour s’en servir, on prend la boule, on la met dans l’eau-de-vie chaude ; on l’y laisse fondre un peu ; elle lui donne une couleur brune ; alors on y trempe des linges qu’on applique sur la partie offensée.

Les boules de Mars qui viennent de Nancy en Lorraine, passent pour les meilleures.

Boule de chamois, œgagropila. C’est une petite boule qu’on trouve dans l’estomac des dains & des boucs en Allemagne ; quelques-uns ont prétendu qu’elle étoit formée par le doronic que ces animaux paissent : mais on sait qu’elle est composée de poils qu’ils avalent, à peu près comme les bœufs, les cochons, & les sangliers, où l’on trouve de pareilles balles ou boules. Cela étant, ces boules n’ont pas d’autres vertus que celles des autres animaux ci-dessus dénommés ; c’est à tort qu’on les a cru bonnes contre le vertige, ou doüées des vertus des plantes que ces animaux avoient mangées. (N)

Boule d’amortissement, en Architecture, est un corps sphérique qui termine quelque décoration, comme il s’en met à la pointe d’un clocher, d’une pyramide, sur la lanterne d’un dôme, auquel elle est proportionnée. La boule de S. Pierre de Rome, qui est de bronze, avec une armature de fer en-dedans faite avec beaucoup d’artifice, & qui est à 67 toises de hauteur, a plus de huit piés de diametre. Il se met aussi des boules au bas des rampes, & sur les pié-d’estaux dans les jardins. (P)

Boule, qu’on appelle aussi enclume ronde, c’est, en terme de Chaudronnier, l’instrument sur lequel on fait la quarre des chaudrons, poellons, marmites, & autres ouvrages de chaudronnerie qui ont des enfonçures.

Cette enclume est d’acier ou de fer aceré : sa hauteur est d’environ trois piés, y compris un billot de bois qui lui sert de base : sa grosseur est inégale, ayant trois à quatre pouces de diametre par en-haut, & finissant en pointe par en-bas, pour qu’il puisse entrer dans le billot.

L’extrémité supérieure, qui est proprement ce qu’on appelle la boule, est de figure sphérique. C’est sur cet endroit qu’on tourne l’ouvrage lorsqu’on en fait la quarre, c’est-à-dire, lorsqu’on en arrondit le fond avec le maillet de bouis. Voyez Quarre, & la fig. 17. Pl. I. du Chaudronnier.

Boule, en terme de Fourbisseur, est un morceau de bois rond, percé à demi sur la surface, de plusieurs trous pour recevoir le pommeau, & pour les enfon-