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sité des minéraux, dont les vapeurs les produisent, qui en font la différence. On en voit qui s’élevent sous la forme d’une farine légere, d’autres sous celle d’une pierre compacte, & cependant friable ; tandis qu’une autre est légere, feuilletée & spongieuse. La couleur ne laisse point d’en varier comme la figure ; elle est tantôt d’un bleu d’ardoise, tantôt brune, & tantôt elle tire sur le jaune. Enfin il y a de la cadmie qui a la propriété de jaunir le cuivre de rosette ; celle qui a cette qualité, en est redevable au zinc qui lui communique sa volatilité : la preuve est qu’on peut aisément tirer ce demi-métal de la cadmie. Celle qui ne jaunit point le cuivre, ne peut point être appellée une vraie cadmie : ce n’est autre chose qu’une fumée condensée, dont jusqu’à présent on n’a pû découvrir l’usage.

De toutes les cadmies, la meilleure & la plus usitée est celle de Goslar dans le duché de Brunswick : il y a dans le voisinage de cette ville plusieurs fonderies où l’on travaille des mines de plomb qui sont entremêlées de quelque chose de terrestre, qu’on peut, selon M. Marggraf, à la simple vûe distinguer de ses autres parties, & qui n’est autre chose que de la calamine, où par conséquent il se trouve du zinc ; dans la fonte une partie s’en dissipe en fumée, & l’autre demeure attachée comme un enduit aux parois des fourneaux. M. Stahl dit qu’anciennement on jettoit cet enduit comme inutile avec les scories : mais depuis qu’on a trouvé à le vendre à ceux qui font le cuivre de laiton, on le recueille avec soin, & même on a la précaution d’humecter de tems en tems avec un peu d’eau, la partie antérieure du fourneau vis-à-vis des tuyeres, qu’on appelle ordinairement la chemise, afin qu’il s’y forme davantage de cadmie. Cette partie antérieure ou chemise, est faite avec des tables ou plaques de pierre fort minces, néanmoins capables de résister au feu. Quand après la fonte on les ôte des fourneaux, on en détache à coups de ciseau la cadmie qui s’y est attachée. Elle est d’une couleur d’ardoise, ou d’un gris tirant sur le jaune. C’est-là la matiere dont on se sert en bien des endroits d’Allemagne pour faire le cuivre de laiton ; on la préfere même à la calamine. Nous allons en donner le procédé.

Lorsqu’on a détaché la cadmie, on la laisse exposée pendant long-tems, quelquefois même pendant deux ou trois ans, aux injures de l’air : on prétend que cela la rend beaucoup meilleure, parce que par-là elle devient moins compacte & plus friable. On la torréfie dans des fourneaux faits exprès ; on la réduit en une poudre très-fine, qu’on passe au tamis ; on en mêle une partie avec deux parties de charbon pilé ; on unit bien exactement ces deux matieres toutes seches ; on y verse de l’eau ; d’autres veulent que ce soit de l’urine, & qu’on y joigne un peu d’alun ; ils prétendent que cela contribue à donner une plus belle couleur au laiton : on remue bien tout le mêlange, & on y ajoûte du sel marin. Voilà la préparation qu’on donne à la cadmie de Goslar. Lorsqu’on veut en faire du laiton, on a pour cela des fourneaux ronds enfoncés en terre, qui sont percés de plusieurs trous par le bas, pour que le vent puisse y entrer & faire aller le feu ; on met dans chaque fourneau huit creusets à la fois, & lorsqu’ils sont échauffés, on y met le mêlange qu’on vient de dire, de charbon & de cadmie ; de façon que quarante-six livres de ce mêlange se trouvent également reparties dans les huit creusets : on met ensuite dans chaque creuset huit livres de cuivre en morceaux ; on les remet au fourneau, & on les laisse exposés à un feu violent pendant neuf heures : au bout de ce tems, on prend un des creusets pour examiner si la fonte s’est bien faite ; on le remet, & on laisse le tout encore une heure au feu, & enfin on vuide les creu-

sets dans des lingotieres, où on coule le cuivre de

laiton en tables. Il y a des gens qui sont dans l’usage de remettre le laiton encore une fois au fourneau, & qui prétendent par-là lui donner une plus belle couleur : mais il n’y a point de profit à le faire. Le cuivre dans l’opération que nous venons de décrire, acquiert près d’un tiers de son poids : en effet, si avant la fonte on répartit soixante-quatre livres de cuivre dans les huit creusets, on aura à la fin de l’opération quatre-vingts-dix livres de laiton. Voilà suivant Lazare Ercker, la maniere dont se fait le cuivre de laiton dans plusieurs endroits d’Allemagne, comme dans le Hartz, dans le pays de Hesse, & près de la ville de Goslar.

On peut tirer du zinc de la cadmie des fourneaux, comme de la cadmie fossile ou calamine ; voyez l’article Zinc : cette substance fait comme elle effervescence dans les acides. M. Swedenborg dit, que si on fait dissoudre la cadmie dans l’esprit de vinaigre, elle lui donne une couleur jaune ; si on fait évaporer à siccité ce dissolvant, on trouve au fond du vase un précipité ou une chaux qui a la forme de petites étoiles inscrites dans un cercle, & dont tous les rayons sont à une distance égale les uns des autres. (—)

CADODACHES ou CADODAQUIOS, (Géog.) peuple sauvage de la Louisiane dans l’Amérique septentrionale.

CADORE ou PIEVE DI CADORE, (Géog.) petite ville d’Italie dans l’état de Venise, au petit pays de Cadorino, ainsi appellé de son nom.

CADOROUSE ou CADEROUSSE, (Géog.) petite ville de France dans la principauté d’Orange, à l’endroit où l’Argente tombe dans le Rhone.

CADRAN ou CADRAN SOLAIRE, (Ordre encyclopédique. Entend. Raison. Philosophie ou Science. Science de la nature. Mathématiques. Mathématiques mixtes. Astronomie géométrique. Gnomonique, ou Art de faire des Cadrans.) c’est une surface sur laquelle on trace certaines lignes qui servent à mesurer le tems par le moyen de l’ombre du soleil sur ces lignes. Voyez Tems & Ombre.

Les anciens donnoient aussi aux cadrans le nom de sciatériques, parce que l’ombre, σκία, sert à y marquer les heures.

On définit plus exactement le cadran, la description de certaines lignes sur un plan ou sur la surface d’un corps donné, faite de telle maniere que l’ombre d’un style, ou les rayons du soleil passant à-travers un trou pratiqué au style, tombent sur de certains points à certaines heures. Voyez Style.

La diversité des cadrans solaires vient de la différente situation des plans & de la différente figure des surfaces sur lesquelles on les décrit : c’est pourquoi il y a des cadrans équinoctiaux, horisontaux, verticaux, polaires, directs, élevés, déclinans, inclinans, réclinans, cylindriques, &c. Voy. Plan, Gnomonique.

Pour montrer l’heure sur la surface des cadrans, on y met deux sortes de styles : l’un appellé droit, qui consiste en une verge pointue, laquelle par son extrémité & par la pointe de son ombre, marque l’heure ou partie d’heure qu’il est. Au lieu de ces verges, on peut se contenter d’une plaque de métal, élevée parallelement au cadran, & percée d’un trou par où passe l’image du soleil : ce trou représente l’extrémité supérieure de la verge, comme on le voit à presque toutes les méridiennes. V. Méridienne. L’autre espece de style est nommé style oblique ou incliné, ou bien axe, & montre l’heure par une ombre étendue.

Le bout du style droit de tous les cadrans représente le centre du monde, & par conséquent aussi le centre de l’horison, de l’équateur, des méridiens, des verticaux, &c. en un mot de tous les grands cercles de la sphere. Le plan du cadran est supposé éloi-