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fusil : 2° à assembler les troupes nécessaires pour les sorties, pour en faciliter la retraite, & recevoir les secours qu’on veut faire entrer dans la place.

Le chemin-couvert & le glacis sont quelquefois appellés ensemble du nom de contrescarpe ; & c’est dans ce sens qu’on dit, lorsqu’on est parvenu à se loger sur le glacis, qu’on est sur la contrescarpe : mais exactement la contrescarpe est la ligne qui termine le fossé vers la campagne. Voyez Contrescarpe.

On trace le chemin-couvert en menant des paralleles à la contrescarpe à la distance de cinq ou six toises. A l’égard de la construction de ses places d’arme, voyez Place-d’arme. (Q)

Chemins militaires, via militares, ce sont les grands chemins de l’empire Romain, qu’Agrippa fit faire sous l’empire d’Auguste, pour la marche des troupes & pour les voitures. M. Bergier, avocat au présidial de Reims, a écrit l’histoire de ces grands chemins, contenant l’origine, le progrès, & l’etendue presqu’incroyable des chemins militaires pavés depuis la ville de Rome jusqu’aux extrémités de l’empire. Voyez plus haut Chemin. (Q)

Chemin des rondes, en termes de Fortification, est un espace qu’on laisse pour le passage des rondes entre le rempart & la muraille dans une ville fortifiée. Voyez Ronde.

Ce chemin n’est pas d’un grand usage, parce que n’étant défendu que d’une muraille d’un pié d’épaisseur, il est bien-tôt renversé par le canon de l’ennemi.

Le chemin des rondes est pratiqué au haut du rempart, au-devant du parapet ; il est placé immédiatement sur le cordon, c’est-à-dire au niveau du terre-plein du rempart ; il a trois ou quatre piés de large ; il a un parapet ou garde-fou de maçonnerie d’un pié & demi d’épaisseur, & de trois piés & demi de haut : il doit avoir des ouvertures ou des entrées à tous les angles de l’enceinte de la place. Cette sorte de chemin ne se trouve plus guere que dans les anciennes fortifications ; son parapet qui se trouve ruiné des les premiers jours du siége, l’a fait abandonner comme un ouvrage de peu d’importance. (Q)

Chemin, en Batiment, est sur un plafond ou sur un ravallement, une disposition de regles que les ouvriers posent pour traîner les moulures : c’est aussi un enduit de plâtre dressé à la regle, & suivant lequel ils conduisent leur calibre : ces deux dispositions, dont la regle sert à conduire d’un côté le sabot du calibre, & l’enduit dirige l’autre extrémité, se nomment proprement chemins. (P)

Chemin de carriere, en Architecture, c’est le puits par où l’on descend dans une carriere pour la fouiller, ou l’ouverture qu’on fait à la côte d’une montagne, pour en tirer la pierre ou le marbre. (P)

* Chemin, (Chorégraphie.) ce sont des lignes qui tracées sur un papier, représentent la figure qu’un ou plusieurs danseurs décrivent sur le plancher pendant tout le cours d’une danse. Toute la Chorégraphie consiste à tracer ces lignes, à en diviser la somme en autant de parties égales que l’air de la danse a de mesures ; à couper sur chacune de ces parties d’autres parties égales qui désignent les tems ; sur celles-ci, d’autres qui désignent les notes, & ainsi de suite, jusqu’à la partie de tems la plus petite, pendant laquelle le danseur peut exécuter un mouvement ; & à indiquer sur chacune de ces parties, par des caracteres particuliers, tous les mouvemens que le danseur doit exécuter en même tems, & successivement. Voyez Chorégraphie.

Chemin, en terme de Diamantaire, est la trace que fait un diamant sur la meule de fer où on le taille. Voyez Diamant & Diamantaire.

Chemin, (Tonnel.) pieces de bois qui portent d’un bout sur les bateaux chargés de vin, de l’autre

à terre, où elles servent à conduire les tonneaux sans accident. Plus ces pieces sont longues, plus le plan incliné qu’elles forment est doux, moins celui qui conduit la piece fatigue : si les pieces étoient ou trop longues, ou trop foibles, ou trop chargées, elles poûrroient rompre. L’expédient des chemins n’est pas à l’usage seul des Tonneliers ou déchargeurs de vin ; il sert aussi à tous ceux qui ont des marchandises en tonneaux à descendre de dessus la riviere à terre.

CHEMINÉE, s. f. terme d’Architecture, du Latin caminus, fait du Grec καμινος, qui a la même signification. On entend sous ce nom une des parties principales de la piece d’un appartement, dans lequel on fait du feu, laquelle est composée d’un foyer, de deux jambages, d’un contre-cœur, d’un manteau, & d’un tuyau. Voy. Foyer, Jambages, Contre-cœur, Manteau, & Tuyau Anciennement les cheminées se faisoient fort grandes ; aujourd’hui, avec plus de raison, on les proportionne au diametre des pieces. Nous ne parlerons point de celles des cuisines & offices, ni de celles pratiquées dans les étages en galetas, celles-ci n’exigeant aucunes décorations, & leur situation étant assez indifférente. A l’égard de celles placées dans les appartemens d’une maison de quelque importance, leur situation, leur construction, & leur décoration demandent une étude particuliere.

La situation d’une cheminée consiste dans la nécessité de la placer toûjours dans le milieu d’une piece, soit sur sa longueur, soit sur sa largeur ; de maniere que dans la face qui lui est opposée, l’on puisse placer quelqu’autre partie essentielle de la décoration, telle qu’un trumeau de glace, une porte ou une croisée. Sa situation dépend encore de la placer de préférence plûtôt sur le mur de refend qui est opposé à la principale entrée, que sur celui où cette porte est percée ; & si par quelque cas indispensable on ne peut éviter de la placer de cette derniere maniere, du moins faut-il observer un dosseret de deux piés entre le chambranle de cette même porte & l’un des jambages de la cheminée. Quelquefois l’on place les cheminées dans des pans coupés ; mais cette situation n’est convenable que pour de petites pieces, & ne peut raisonnablement être admise dans la décoration d’un appartement principal. Il arrive assez souvent que la nécessité oblige de situer les cheminées en face des croisées ; mais cette maniere a son desavantage, parce que les personnes qui sont rangées autour du foyer ne reçoivent la lumiere que par reflet : néanmoins cette situation peut être de quelqu’utilité dans un cabinet consacré à l’étude, & doit être préférée à tous égards à la nécessité de les placer dans les murs de face, lorsqu’absolument il n’est pas possible de les pratiquer dans les autres murs de refend.

La construction des cheminées consiste aujourd’hui dans l’art de dévoyer leurs tuyaux dans l’épaisseur des murs, de maniere que sans nuire à la solidité de ces mêmes murs, les languettes (voy. Languettes) & les faux manteaux de cheminée ne nuisent point à la symmétrie des pieces. Anciennement on se contentoit d’élever les tuyaux de cheminée perpendiculairement, & de les adosser les uns devant les autres à chaque étage ; mais on a reconnu qu’il en résultoit deux abus : le premier, que ces tuyaux élevés perpendiculairement étoient plus sujets à fumer que ceux qui sont inclinés sur leur élévation : le second, que ces tuyaux ainsi adossés les uns sur les autres, non-seulement chargeoient considérablement les planchers, mais aussi diminuoient insensiblement le diametre des pieces des étages supérieurs : aujourd’hui qu’il semble que l’art soit parvenu à surmonter toutes les difficultés, l’on dévoie d’une part les tuyaux sur leur élévation sans altérer la construction ; & de