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ples de l’île de Crete, qu’on appelloit autrement corybantes. Voyez Corybantes.

Strabon dit qu’on leur donna le nom de curetes, parce qu’ils se coupoient les cheveux pardevant afin de ne point donner de prise à leurs ennemis : car ce mot est grec, κουρῆτες, & vient de κουρὰ, tonsure, de κείρω, tondre. D’autres disent que ce nom leur fut donné de κουροτροφία, qui signifie nourriture d’un enfant, parce qu’ils furent les nourriciers de Jupiter, suivant la fable.

Ils étoient, disent quelques auteurs, originaires du mont Ida en Phrygie, & on les nommoit encore pour cela idæi dactyli. Voyez Dactyles.

Ovide dit qu’il avoient été produits par une grande pluie. Lucien & Diodore de Sicile sont les seuls qui disent qu’ils avoient l’art de lancer des fleches ; tous les autres ne leur donnent pour armes que des boucliers & des piques : tous leur donnent aussi des tambours de basque & des castagnettes, & rapportent qu’ils avoient coûtume de danser au bruit de leurs armes & de leurs tambours.

Quelques auteurs parlent des curetes d’une maniere tout-à-fait différente. Si l’on en croit le P. Pezron & quelques autres, les curetes n’étoient autre chose du tems de Saturne & de Jupiter, dans la Crete & la Phrygie, que ce qu’ont été dans les siecles suivans les druides & les bardes, si célebres parmi les Gaulois. C’étoit les prêtres & les sacrificateurs qui avoient soin de ce qui regardoit la religion & le culte des dieux. Voyez Druides.

Et comme on s’imaginoit alors que l’on ne communiquoit avec les dieux que par l’art des divinations & des augures, & par les opérations de la magie, cela étoit cause que tous ces curetes étoient magiciens, devins, & enchanteurs. Ils joignoient à cela la science des astres, de la nature & de la poésie ; ainsi ils étoient encore astronomes, physiciens, poëtes, & medecins. Voyez Divination.

Voilà quels ont été les curetes, & après eux les druides ; avec cette différence, que les curetes du tems des Titans ne manquoient point d’aller à la guerre ; c’est pourquoi ils étoient armés : ils sautoient même & dansoient si habilement avec leurs armes, frappant leurs boucliers de leurs javelots, que c’est de cet exercice qu’ils ont été appellés curetes ; car curo en langue celtique, est la même chose que le κούρω des Grecs, qui en a été formé par la transposition d’une lettre, & signifie je frappe ou bats.

Selon Kirker, les curetes sont dans Orphée, ce que sont les puissances dans S. Denis, les esprits chez les Cabalistes, les démons chez les Platoniciens, & les génies chez les Egyptiens. Voyez Démon, Génie, &c.

Vossius, de idolol. distingue trois sortes de curetes ; ceux d’Etolie, ceux de Phrygie, & ceux de Crete qui étoient originaires de Phrygie, & une espece de colonie de ceux-ci que Réa fit venir de Phrygie dans l’île de Crete, quand elle fut prête d’accoucher de Jupiter.

Le nom de ceux d’Etolie vient de κουρὰ}, tonsure ; & il leur fut donné parce que depuis que dans un combat leurs ennemis les prirent par les cheveux qu’ils portoient fort longs, ils se les couperent.

Ceux de Phrygie & de Crete furent appellés curetes, de κοῦρος, jeune homme, parce qu’ils étoient jeunes, ou parce qu’ils éleverent Jupiter encore fort jeune. Diction. de Trév. Morery & Chambers.

Les Mythologistes attribuent aux curetes de Phrygie l’invention de forger le fer : le feu, disent-ils, ayant pris dans les forêts du mont Ida, fit couler une grande quantité de fer, que la violence & l’activité des flammes avoit mis en fusion. Les curetes qui en furent témoins, profiterent de cette découverte pour établir des forges de fer. Ils ont eu des

temples après leur mort, & on leur sacrifioit toutes sortes d’animaux comme aux dieux. (G)

Curete, s. f. instrument de Chirurgie pour tirer les sables de la vessie. Il est à l’extrémité d’un autre instrument nommé bouton. Nous avons donné la description de toutes ses parties. Voyez Bouton à curete.

Curete est aussi un instrument en forme de crochet, pour faire l’extraction des pierres. Voyez Crochet à curete.

Curete est aussi un petit instrument fait en forme de cure-oreille, avec lequel on peut tirer de l’urethre des petites pierres qui se seroient engagées dans ce conduit. Quelques-uns se servent de petites curetes tranchantes pour tirer les grains de poudre engagés dans la peau du visage. Chir. Pl. III. (Y)

Curete, (Manufact. en drap.) espece de crochet emmanché de bois, qui sert aux Couverturiers à nettoyer leurs chardons quand ils lainent leurs ouvrages.

CURIA, (Hist. mod.) s’est dit en Angleterre de certaines assemblées que faisoient les rois, des évêques, des pairs, & des grands seigneurs du royaume, en certains lieux assignés pour cet usage aux grandes fêtes de l’année, où l’on délibéroit des affaires importantes de la nation. On appelloit encore cette sorte d’assemblée solemnis curia, generalis curia, augustalis curia, & curia publica. Voyez Withmamot.

On a quelquefois appellé en France de pareilles assemblées parlemens. Voyez Parlement.

Curia baronum, voyez Baron & Cour.

Curia militum, en Angleterre, étoit une cour ou justice militaire qui se tenoit à Carisbrook dans l’ile de Wight, toutes les trois semaines.

Curia advisare vult, en Angleterre, est ce que nous appellons dans notre style de Pratique un délibéré. Voyez Délibéré. Chambers. (G)

CURIA MARIA, (Géog. mod.) île de l’Océan en Asie, sur la côte de l’Arabie heureuse, vis-à-vis de l’embouchure de la riviere de Prim. Long. 71. lat. 77.

CURIAL, (Jurispr) signifie tantôt ce qui est relatif à une cure, tantôt ce qui est relatif à une cour de justice, soit souveraine ou subalterne.

Droit curial, est l’honoraire dû aux curés pour les mariages & convois, suivant les statuts du diocese omologués au parlement.

Église curiale, est celle où l’on fait toutes les fonctions curiales. Voyez l’article suivant.

Fonctions curiales, sont celles qui sont propres aux curés, comme de baptiser, marier, inhumer les paroissiens, dire la messe de paroisse, bénir le pain qui y est destiné, faire le prône, &c.

Maison curiale, est celle qui est destinée à loger le curé ; c’est la même chose que presbytere. Voyez Presbytere.

Curiaux, en Bresse, sont des officiers ou commis qui servent de scribes ou greffiers aux châtelains ou autres juges. Ces curiaux sont obligés de résider sur les lieux : en cas d’empêchement de leur part, ils peuvent commettre quelqu’un en leur place. Les châtelains sont obligés d’avoir des curiaux pour écrire les actes, & ces curiaux ne peuvent pas rendre de jugemens, mais seulement écrire sous les ordres du juge. Voyez Collet sur les statuts de Bresse, pag. 174 & suiv.

Dépens curiaux, sont les frais de justice. L’art. 35 de la coûtume de Normandie porte que le seigneur contre le vassal, & le vassal contre le seigneur, étant en procès en la cour dudit seigneur, ne peuvent avoir aucuns dépens que les curiaux ; ce qui signifie les simples déboursés de cour, tels que le coût des sentences, actes du greffe, significations, & autres