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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 5.djvu/111

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qu’ils paroissent posséder indépendamment de leur douceur. Cette qualité rend les confitures qu’on en prépare, moins propres que celles des fruits à pepin, à l’usage que nous venons d’assigner aux doux aigrelets & aromatiques. On préférera donc le cotignac, la gelée de groseille, la gelée de pomme bien parfumée, à la marmelade d’abricot, de pêche ou de prune.

Les doux spiritueux sont stomachiques & cordiaux. Leur usage modéré à la fin des repas, est fort utile, du moins fort agréable, & sans inconvénient bien prouvé ; mais c’est la partie spiritueuse dont le doux n’est proprement que le correctif, qui joue ici le principal rôle. Voyez Vin & Esprits ardens.

Galien a reconnu le doux pour l’aliment par excellence, & même pour l’unique aliment. Voy. passim in oper. & sur-tout de simpl. Medic. facult. l. IV. c. xjv. On peut, en aidant un peu au sens littéral de quelques passages d’Hippocrate, trouver aussi la connoissance de cette vérité chez ce pere de la Medecine écrite. Mais ces auteurs ont pris le mot doux dans un sens beaucoup plus général que nous ne venons de le faire, & dans la même extension que nous donnerons au mot muqueux. Voyez Muqueux.

Les doux considérés comme médicamens, sont rangés parmi les purgatifs lubréfians ou lénitifs ; tous les corps doux sont en effet plus ou moins purgatifs, sur-tout pour les sujets qui n’y sont point accoûtumés : mais quelques-uns de ces corps possedent cette vertu en un degré si supérieur aux autres corps de la même classe, qu’on ne sauroit supposer qu’ils purgent comme doux, c’est-à-dire comme lubréfians, comme relâchans, ou même comme altérés dans les premieres voies, à la façon des corps doux en général. Les fruits à noyau, comme nous l’avons déjà observé, sont des corps éminemment purgatifs dans la classe des doux, & le pruneau est l’extrème dans ce genre ; la casse & la manne sont des purgatifs plus efficaces encore ; les figues sont émétiques. Voyez Purgatif.

Les doux sont regardés comme de bons pectoraux, c’est-à-dire des remedes propres à calmer la toux & à guérir les rhûmes appellés de poitrine. Voyez Pectoral. Les prétendus béchiques incrassans ne sont presque que des corps doux. Voy. Incrassant, & ce que nous avons déjà dit dans cet article sur l’épaississement & l’inviscation des humeurs. Nous n’avons pas meilleure opinion d’une certaine faculté adoucissante, attribuée aux doux & à quelques autres remedes, qu’à la vertu béchique incrassante.

La Pharmacie employe très-utilement plusieurs corps doux, pour masquer le goût de plusieurs purgatifs, & sur-tout du séné. La décoction des figues, des raisins secs, des dattes, des jujubes, de la racine du polypode, corrige très-bien le goût de ce dernier purgatif. Voyez Correctif. Cette correction est sur-tout avantageuse pour sauver à un malade le supplice de s’abreuver quatre fois par jour d’une liqueur détestable, lorsqu’on veut soûtenir chez lui des évacuations, en lui donnant plusieurs potions purgatives legeres dans la journée. L’infusion du séné dans la décoction bouillante de ces fruits, fournit un aposème purgatif, qui remplit très-bien cette indication.

Toutes les anciennes compositions officinales purgatives, soit tablettes, soit électuaires, soit sirops, contiennent des corps doux : les pulpes, le miel, la décoction des différens capillaires, &c.

Il est plusieurs façons de parler dans le langage ordinaire de la Medecine, dans lesquelles le mot doux est pris dans un sens figuré. On dit d’une purgation qui évacue sans fatiguer le malade, sans l’affoiblir, sans lui causer des tranchées, qu’elle est douce ; d’un remede qui n’agit pas assez efficacement, qu’il est trop doux, &c.

On dit de la chaleur considérée comme symptome de la fievre, qu’elle est douce, lorsqu’elle est modérée sans sécheresse de la peau, &c. Voyez Chaleur animale & Fievre.

Tout le monde sait ce que c’est qu’un sommeil doux, qu’une peau douce, &c. (b)

Doux, en Musique, est opposé à fort, & s’écrit au-dessus des portées, dans les endroits où l’on veut faire diminuer le bruit, tempérer & radoucir l’éclat & la véhémence du son ; comme dans les échos & dans les parties d’accompagnement. Les Italiens écrivent dolce, & plus communément piano dans le même sens ; mais leurs puristes en Musique prétendent que ces deux mots ne sont pas synonymes, & que c’est par abus que plusieurs auteurs les employent comme tels. Ils disent que piano signifie simplement une modération de son, une diminution de bruit ; mais que dolce indique outre cela une maniere de joüer, piu soave, plus douce, plus agréable, répondant à peu-près au mot louré des François. (S)

Doux, (Maréch.) On dit qu’un cheval a les allures douces, lorsqu’il ne tourmente point son homme. Voyez Allure.

Doux, (à la Monnoie.) se dit d’un métal qui a reçu les préparations nécessaires pour n’être pas facile à se casser, tant en passant par les laminoirs, que par les coupoirs. L’or perd sa douceur, ce que l’on dit en termes de monnoyage perd son doux, lorsqu’on le brasse avec le fer. Voyez Brassoir.

Doux, (venir à) Teinture : on dit qu’une cuve vient à doux, quand elle jette du bleu à la surface.

Doux, (le) Géog. mod. riviere de la Franche-Comté en France : elle prend sa source au mont Jura, & se jette dans la Saone en Bourgogne.

DOUZENS, (Géog. mod.) ville du Languedoc, au diocèse de Carcassonne, en France.

DOUZIEME, s. f. en Musique, est l’octave de la quinte, ou la quinte de l’octave. Cet intervalle est appellé douzieme, parce qu’il est formé d’onze degrés diatoniques, c’est-à-dire de douze sons. Voyez Quinte, Octave, Intervalle

Toute corde sonore rend avec le son principal celui de la douzieme plûtôt que celui de sa quinte, parce que cette douzieme est produite par une aliquote de la corde entiere qui est le tiers : au lieu que les deux tiers qui donneroient la quinte, ne sont pas une aliquote de cette même corde. Voyez Son, Intervalle, Cordes. (S)

DOXOLOGIE, s. f. (Théol.) nom que les Grecs ont donné à l’hymne angélique ou cantique de loüange que les Latins chantent à la messe, & qu’on nomme communément le Gloria in excelsis ; parce qu’il commence en grec par le mot δόξα, c’est-à-dire gloire.

Ils distinguent dans leurs livres liturgiques, la grande & la petite doxologie. La grande doxologie est celle dont nous venons de parler. La petite doxologie est le verset Gloria Patri & Filio, &c. par lequel on termine le chant, ou la récitation de chaque pseaume dans l’office divin, & qui commence en grec par le même mot δόξα.

Philostorge, dans son III. livre, n°. 13, nous donne trois formules de la petite doxologie. La premiere est Gloire au Pere, au Fils, & au S. Esprit. La seconde, Gloire au Pere par le Fils dans le S. Esprit. Et la troisieme, Gloire au Pere dans le Fils & le saint-Esprit. Sozomene & Nicéphore en ajoûtent une quatrieme ; savoir, Gloire au Pere & au Fils dans le saint-Esprit.

La premiere de ces doxologies est celle qui est en usage dans les églises d’Occident. Elle fut instituée, selon quelques-uns, vers l’an 350, par les catholiques d’Antioche ; mais S. Basile, dans son livre du S. Esprit, chap. xxvij & xxjx, remarque que cet