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niere de froisser, de briser par une pression violente.

Ecacher, en terme de Cirier, c’est pêtrir la cire, & la manier assez pour n’y point laisser de parties plus dures les unes que les autres, ce qui feroit rompre l’ouvrage. On n’écache que la cire qu’on veut travailler à la main ; voyez Travailler à la main. On ne se sert quelquefois non plus que des mains, mais il y a des Ciriers qui écachent sur une espece de table qu’ils appellent brès.

Ecacher, terme de Taillandier, il se dit des faucilles, croissans, &c. Lorsque ces ouvrages sont forgés, au lieu de les blanchir à la lime, ils les dressent ou écachent sur la meule.

Ecacher, (Tireur d’or.) c’est une des opérations du fileur d’or ; elle consiste à applatir le fil, en le faisant passer entre deux meules de son moulin. Voyez l’article Or.

ECAFFER, v. act. chez les Vanniers, c’est aiguiser un pé par le bout, ensorte qu’il soit assez plat pour embrasser & faire plusieurs tours sur le moule de l’ouvrage.

ECAGNE, s. f. (Rub.) se dit d’une des portions d’un écheveau lorsqu’il se trouve trop gros & la soie ou le fil trop fins pour supporter le dévidage en toute sa grosseur ; quand on met l’écheveau en écagnes, il faut prendre garde de ne faire que le moins de bouts qu’il est possible. L’écheveau se place pour cette opération sur les tournettes, & à force de chercher du jour pour parvenir à sa séparation, on en vient à bout ; le tems que l’ouvrier semble perdre pour faire cette division, est bien racheté par la diligence & la facilité avec lesquelles il dévide ensuite ces petites portions d’un gros écheveau.

* ECAILLAGE, s. m. (Saline.) c’est une opération, qui, dans les fontaines salantes, suit celle qu’on appelle le soquement. Pour écailler, on commence par échauffer la poele à sec, afin qu’elle résiste à la violence des coups qu’il faut lui donner pour briser & détacher les écailles qui y sont adhérentes, & qui ont quelquefois jusqu’à deux pouces d’épaisseur. L’écaillage se fait communément en trois quarts-d’heure de tems ; mais on n’y employe pas moins de trente ouvriers, qui frappent tous à la fois en divers endroits à grands coups de massue de fer ; cependant il y a des écailles si opiniatres, qu’il faut les enlever au ciseau.

ECAILLE, sub. f. (Ichthiologie.) c’est en général cette substance toûjours résistante & quelquefois fort dure, qui couvre un grand nombre de poissons, & qui peut s’en détacher par piece. On donne le même nom d’écaille, à cette substance dans la carpe ou le brochet, dans l’huître, & dans la tortue, quoiqu’elle soit fort différente pour la forme, la consistance, & les autres qualités, dans ces trois especes d’animaux. On a appellé dans plusieurs occasions écaille, tout ce qui se détachoit des corps en petites parties minces & legeres, par une métaphore empruntée de l’écaille des poissons.

Ecaille, grande Écaille, (Hist. nat. Ichthiologie.) poisson commun en Amérique ; on le prend dans les culs-de-sacs, au fond des ports, & dans les étangs qui communiquent avec la mer. Il s’en trouve quelquefois de 3 à 4 piés de longueur ; ses écailles sont argentées, & ont donné au poisson le nom qu’il porte ; elles sont beaucoup plus larges qu’un écu de 3 livres ; c’est un des meilleurs poissons qu’on puisse manger à toutes fausses ; sa chair est blanche, grasse, délicate, & d’un très-bon goût. Cet article est de M. Le Romain.

Ecailles d’huître, (Pharmacie, Matiere méd.) Voyez Huître.

Ecailles, en Architecture, petits ornemens qui se taillent sur les mouiures rondes en maniere d’écailles de poisson, coulées les unes sur les autres. On fait

aussi des couvertures d’ardoise en écaille, comme au dôme de la Sorbonne ; ou de pierre avec des écailles taillées dessus, comme à un des clochers de Nôtre-Dame de Chartres ; en latin squamanæ. (P)

Ecailles, (Stucateur.) éclats ou recoupes du marbre, dont on fait de la poudre de stuc ; en latin cœmenta marmorea. (P)

Ecaille d’huître, (Manége & Maréchallerie.) Nous n’employons cette expression que pour mieux peindre la difformité de l’ongle des piés combles ; elle peut être comparée avec raison à celle de ces écailles. Voyez Pied. (e)

Ecaille, Ecaillé, (Peinture.) On dit qu’un tableau s’écaille, lorsqu’il s’en détache de petites parcelles qu’on appelle écailles. Les peintures à fresque sont sujettes à s’écailler. Le stuc s’écaille aisément. On dit, le tableau s’écaille, est tout écaillé. (R)

* Ecaille, (Art méchaniq.) il est commun à presque tous les ouvriers qui travaillent les métaux à la forge & au marteau ; ce sont les pieces minces qui s’en séparent & qui se répandent autour de l’enclume.

* Ecaille, (Tapisserie.) espece de bergame, ainsi nommée de sa façon, où l’on a imité l’écaille de poisson.

ECAILLÉ, en termes de Blason, se dit des poissons.

* ECAILLER, s. m. (Commerce.) gens qui vont prendre les huîtres à la barque, & qui les vendent en détail dans les rues.

Ecailler, v. act. (Saline.) Voyez l’art. Ecaillage.

* ECAILLEUX, adj. (Anatomie.) qui a du rapport à l’écaille. Il y a la suture écailleuse. Voyez les articles Articulation & Suture.

ECAILLONS, s. m. pl. (Manége & Maréchall.) expression ancienne, inusitée aujourd’hui, & à laquelle nous avons substitué les termes de crocs ou de crochets. C’est ainsi que nous nommons à présent les quatre dents canines du cheval, que nos peres appelloient écaillons. Ces quatre dents canines sont celles dont les jumens sont dépourvûes, à l’exception de celles auxquelles nous donnons le nom de brehaigne. Voyez Faux marqué. (e)

ECALE, terme de Blondier, c’est la cinquieme partie d’un tiers ; voyez Tiers. Toutes les écales sont séparées les unes des autres, & contiennent chacune plusieurs centaines, dans lesquelles on les découpe encore. Ces centaines ne se voyent point ; au contraire elles sont appliquées les unes aux autres, de distance en distance, par de legeres couches d’une gomme aussi blanche que la matiere ; par-là on empêche la soie de s’écarter & de se mêler.

Ecale, s. f. (à la Monnoie.) au pié du balancier il y a une profondeur d’environ 3 piés, où le monnoyeur se place pour être à portée de mettre commodément les flancs sur les quarrés. Les ouvriers appellent cette profondeur écale ou fosse. Voyez Balancier.

ECALLER, v. act. (Jardinage.) se dit des châtaignes, des noix, & autres fruits quand on les sort de leurs écailles. (K)

ECANG, s. m. (Œcon. rustiq.) morceau de bois dont on se sert quand on écangue le lin. Voy. Ecanguer.

* ECANGUER, v. act. (Œconomie rustique.) manœuvre qui se pratique sur le lin & autres plantes de la même espece, & dont l’écorce s’employe au même usage. Ecanguer, c’est faire tomber toute la paille par le moyen d’une planche échancrée d’un côté à la hauteur de ceinture d’homme, & tenue droite sur une base. On fait passer la moitié de la longueur du lin dans l’échancrure ; on empoigne l’autre, & l’on fait tomber toute la paille en frappant avec un morceau de bois, jusqu’à ce qu’il ne reste que la soie.