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Quand on a écangué ce bout, on écangue l’autre. L’ouvrier qui fait cette opération, s’appelle l’écangueur, & le morceau de bois dont il se sert, écang. Voyez l’article Lin.

ECANGUEUR, s. m. (Œconomie rustiq.) ouvrier qui écangue le lin. Voyez Ecanguer.

* ECAQUEUR, s. m. (Péche.) celui qui est chargé de caquer le hareng, dans la pêche au hareng. Voyez Hareng.

ECARISSOIR, s. m. en terme de Bijoutier & autres ouvriers en métaux, c’est une aiguille ou fil rond d’acier, dont on applatit & élargit un bout : on y forme une pointe, & on trempe cette partie de l’aiguille ; on forme ensuite sur la pierre à l’huile, le long des deux pans de cette partie large, deux tranchans, & on se sert de cet outil pour nettoyer le dedans des charnons des tabatieres ; cette opération rend les dedans des charnons exactement ronds, bien égaux de grosseur, & nettoyés d’impuretés.

Ecarissoir, en terme de Cirier, c’est un instrument de buis à deux angles ou pans, avec lequel on forme ceux d’un flambeau, qui se roule d’abord en rond comme un cierge.

Ecarissoir, terme de Doreur en feuilles, il se dit d’un foret aigu par les deux bouts, qui se monte sur le villebrequin, & ne differe de l’alesoir qu’en ce que celui-ci ouvre le trou & l’élargit autant qu’on veut, & que l’écarissoir le continue tel qu’il l’a commencé sans l’élargir. Voyez Planche du Doreur.

Ecarissoir, en termes d’Eperonnier, est un poinçon à pans, dont on se sert pour applatir une piece & la rendre, pour ainsi parler, de niveau à sa surface. Voyez les Planches de l’Eperonnier.

Ecarissoir, est un instrument de Vannier, composé de deux especes de crochets tranchans, qu’on éloigne & qu’on approche autant que l’on veut l’un de l’autre par le moyen d’une vis, & entre lesquels on tire le brin d’osier qu’on veut équarir. Voyez les Planches du Vannier.

ECARLATE, (Teint.) c’est l’une des sept belles teintures en rouge. Voyez Teinture.

On croit que la graine qui la donne, appellée par les Arabes kermès, se trouve sur une espece de chêne qui croît en grande quantité dans les landes de Provence & du Languedoc, d’Espagne & de Portugal : celle du Languedoc passe pour la meilleure ; celle d’Espagne est fort petite, & ne donne qu’un rouge blanchâtre. Cette graine doit se cueillir dès qu’elle est mûre ; elle n’est bonne que quand elle est nouvelle, & elle ne peut servir que dans l’année où on la cueille : passé ce tems, il s’y engendre une sorte d’insecte qui la ronge. Le P. Plumier qui a fait quelques découvertes sur la graine d’écarlate, a observé que le mot arabe kermès, qui signifie un petit vermisseau, convient assez bien à cette drogue, qui est l’ouvrage d’un insecte, & non pas une graine. L’arbrisseau sur lequel on la trouve, s’appelle ilex aculeata cocci-glandifera. On voit au printems sur ses feuilles & sur ses rejettons, une sorte de vésicule, qui n’est pas plus grosse qu’un grain de mil ; elle est formée par la piquûre d’un insecte qui dépose ses œufs : à mesure que cette vésicule croit, elle devient de couleur cendrée, rouge en-dessous ; & quand elle est parvenue à sa maturité, ce qu’il est facile de connoître, on la recueille en forme de petites noix de galles. Voyez Cochenille.

La cosse de ces noix est legere, fragile, & couverte tout autour d’une pellicule, excepté à l’endroit où elle sort de la feuille. Il y a une seconde peau sous la premiere, qui est remplie d’une poudre partie rouge & partie blanche. Aussitôt que ces noix sont cueillies, on en exprime le jus, & on les lave dans du vinaigre, pour ôter & faire mourir les insectes qui y sont logés : car sans cette précaution, ces petits

animaux se nourrissent de la poussiere rouge qui y est renfermée, & on ne-trouve plus que la cosse.

La graine d’écarlate sert aussi en Medecine, où elle est connue sous le nom arabe de kermès. Voyez Kermès & Teinture. Chambers.

Ecarlate ou Croix de Chevalier, ou Croix de Jérusalem, (Jardin.) flos Crustantinopolus, est une plante qui à l’extrémité de sa tige produit beaucoup de boutons formant un parasol, lesquels s’étant ouverts, semblent autant de petites croix d’écarlate. Elle demande une terre à potager, & beaucoup de soleil. Elle se multiplie par sa graine. (K)

ECARLINGUE, voyez Carlingue.

* ECART, s. m. (Gram.) on donne en général ce nom au physique, à tout ce qui s’éloigne d’une direction qu’on distingue de toute autre, par quelque considération particuliere ; & on le transporte au figuré, en regardant la droite raison, ou la loi, ou quelque autre principe de Logique ou de Morale, comme des directions qu’il convient de suivre pour éviter le blâme : ainsi il paroît qu’écart ne se devroit jamais prendre qu’en mauvaise part. Cependant il semble se prendre quelquefois en bonne, & l’on dit fort bien : c’est un esprit servile qui n’ose jamais s’écarter de la route commune. Je crois qu’on parleroit plus rigoureusement en disant, sortir ou s’éloigner ; mais peut-être que s’écarter se prend en bonne & en mauvaise part, & qu’écart ne se prend jamais qu’en mauvaise : ce ne seroit pas le seul exemple dans notre langue où l’acception du nom seroit plus ou moins générale que celle du verbe, où même le nom & le verbe auroient deux acceptions tout-à-fait différentes.

Ecart, (Manege & Maréchall.) terme employé dans l’hippiatrique, pour signifier la disjonction ou la séparation accidentelle, subite, & forcée du bras d’avec le corps du cheval ; & si cette disjonction est telle qu’elle ne puisse être plus violente, on l’appelle entr’ouverture.

Les causes les plus ordinaires de l’écart sont, ou une chûte, ou un effort que l’animal aura fait en se relevant, ou lorsqu’en cheminant l’une de ses jambes antérieures, ou toutes deux ensemble, se seront écartées & auront glissé de côté & en-dehors. Cet accident qui arrive d’autant plus aisément, qu’ici l’articulation est très-mobile & joüit d’une grande liberté, occasionne le tiraillement ou une extension plus ou moins forte de toutes les parties qui assujettissent le bras, qui l’unissent au tronc, & qui l’en rapprochent : ainsi tous les muscles, qui d’une part ont leurs attaches au sternum, aux côtes, aux vertebres du dos, & de l’autre à l’humerus & à l’omoplate, tels que le grand & le petit pectoral, le grand dentelé, le sous-scapulaire, l’adducteur du bras, le commun ou le peaucier, le grand dorsal, & même le ligament capsulaire de l’articulation dont il s’agit, ainsi que les vaisseaux sanguins, nerveux, & lymphatiques, pourront souffrir de cet effort, sur-tout s’il est considérable. Dans ce cas, le tiraillement est suivi d’un gonflement plus ou moins apparent ; la douleur est vive & continuelle ; elle affecte plus sensiblement l’animal, lorsqu’il entreprend de se mouvoir ; elle suscite la fievre & un battement de flanc très-visible ; les vaisseaux capillaires sont relâchés ; quelques-uns d’entre eux, rompus & dilacérés, laissent échapper le fluide qu’ils contiennent, & ce fluide s’extravase ; les fibres nerveuses sont distendues ; & si les secours que demande cette maladie ne sont pas assez prompts, il est à craindre que les liqueurs stagnantes dans les vaisseaux, & celles qui sont extravasées, ne s’épaississent de plus en plus, ne se putréfient, & ne produisent en conséquence des tumeurs, des dépôts dans toutes ces parties lésées, dont le mouvement & le jeu toûjours difficiles &