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riviere, que vous aurez auparavant écrasées dans un mortier de marbre ; donnez encore quelques bouillons, passez & exprimez, & votre bouillon est fait.

Il faut observer que jamais on ne prescrit les écrevisses seules, mais toujours avec plusieurs plantes altérantes, & quelquefois avec les viperes, ce qui est une nouvelle raison pour qu’on ignore au moins l’efficacité des écrevisses en particulier, quand même ce bouillon composé auroit quelque effet réel. Voyez Composition.

Nous n’avons aucune bonne observation sur l’usage diététique des écrevisses ; il m’a paru cependant qu’elles étoient d’assez facile digestion, c’est-à-dire, que le plus grand nombre d’estomacs s’en accommodoient assez. J’en ai vû manger des quantités considérables à des personnes qui n’étoient pas accoutumées à cet aliment, & je ne les ai point vûes s’en trouver mal. J’ose assûrer sur-tout que je n’ai jamais apperçû leur effet échauffant, quoique le sel & le poivre dont on releve leur goût qui est fort plat sans cet assaisonnement, soient fort propres à procurer cet effet, & qu’il fallût même le leur attribuer absolument chez les personnes qui se trouveroient échauffées par l’usage des écrevisses salées & épicées.

Quant au jus d’écrevisse qu’on fait entrer dans des bisques, des coulis &c, il ne fait qu’augmenter la quantité des parties alimenteuses de ces mets ; c’est proprement de l’aliment vrai ajoûté à celui que fournissent les viandes dans l’assaisonnement desquelles on le fait entrer. Nous ne connoissons jusqu’à présent au jus d’écrevisse que sa qualité générique d’aliment. (b)

Ecrevisse, (yeux d’) (Mat. med.) Voyez ci-dessus au mot Ecrevisse, ce qu’on appelle ainsi. Nous ne connoissons aux yeux d’écrevisse que les propriétés communes à tous les absorbans ou alkalis terreux. Voyez médicament terreux, sous le mot Terreux.

On ordonne toujours les yeux d’écrevisse préparés : leur préparation consiste à les mettre en poudre dans un mortier de fer, à les porphyriser ensuite & à les former en petits trochisques pour les garder.

On prépare avec les yeux d’écrevisse & l’esprit de vinaigre un sel & un magistere absolument analogues au sel & au magistere de corail. Voyez Corail.

Si on unit les yeux d’écrevisse au suc de citron, on a la composition comme dans les boutiques d’Allemagne sous le nom d’oculi cancrorum citrati ; composition fort peu usitée en France & qui est fort analogue au sel d’yeux d’écrevisse & au sel de corail dont nous venons de parler.

On prépare des tablettes avec les yeux d’écrevisse de la maniere suivante : prenez des yeux d’écrevisse préparés, une once ; de suc blanc en poudre fine, quatre onces : mêlez les avec soin en les agitant ensemble dans un mortier de marbre, & faites-en une masse avec suffisante quantité de gomme tragacanth tirée avec l’eau de fleurs d’orange : formez de cette masse des tablettes ou pastilles selon l’art.

Les yeux d’écrevisse entrent dans les compositions suivantes qui se trouvent dans la pharmacopée de Paris ; la poudre è chelis cancrorum, la poudre absorbante, la poudre d’arum composée, les tablettes absorbantes & fortifiantes, la confection d’hiacynthe. (b)

Ecrevisse, (Mat. med.) Cancri marini maximi apicibus chelarum nigricantibus, bouts noirs des grosses pattes d’écrevisses de mer ; les apices chelarum nigricantes sont ce qui a donné leur nom à une poudre absorbante & prétendue alexitere & cordiale connue dans les pharmacopées sous le nom de pulvis è chelis cancrorum dont voici la dispensation, prise de la pharmacopée de Paris. Prenez, apicum nigrorum chelarum cancrorum ou des bouts noirs des grosses pattes d’écrevisse, trois onces ; d’yeux d’écrevisse de riviere préparés, de corail rouge préparé, de succin

blanc préparé, de corne-de-cerf préparée philosophiquement, de chacun une once ; de perles préparées, de besoard oriental en poudre, de chacun demi-once ; de gelée de viperes une suffisante quantité : mêlez toutes ces drogues pour en faire une masse que vous diviserez en petites boules qu’il faut sécher avec précaution.

Ecrevisse, s. f. (Astronom.) nom que l’on donne quelquefois à la constellation du Cancer. Voyez Cancer.

* ECRILLE, s. m. (Eton. rustiq.) clayonnage dont on ferme les décharges des étangs, pour empêcher le poisson d’en sortir.

ECRIRE, v. act. peindre ou tracer avec la plume sur le papier & avec de l’encre, des caracteres propres à faire connoître sa pensée, ou à conserver la mémoire de ce qu’on veut ne pas oublier. Voyez Ecriture. Il signifie aussi faire savoir sa volonté à quelqu’un par un billet ou par une lettre.

On se sert du terme écrire parmi les marchands, négocians & banquiers en tous ces sens.

Ecrire sur le journal, sur le grand livre, &c. c’est porter sur ces registres en recette ou dépense les differentes parties de débit & de crédit qui se font journellement dans le négoce, & qu’on a écrites auparavant sur le brouillon. Voyez Brouillon & Livres.

Ecrire sur son agenda, c’est mettre en forme de mémoire sur une espece de petit registre ou sur des tablettes que les négocians exacts ont toûjours sur eux, les choses les plus importantes qu’ils ont à faire chaque jour, & qu’ils pourroient oublier dans le grand nombre d’affaires qui les occupent. Voyez Agenda.

Ecrire une partie en banque, c’est en terme de virement de parties, écrire sur le registre de la banque le nom du marchand, négociant, banquier ou autres à qui il a été cedé quelque partie ou somme de banque pour achat de marchandise en gros, payement de lettres de change ou autrement. Voyez Banque & Virement de Partie.

Ecrire, se dit encore des depêches & lettres missives que les personnes d’un négoce tant-soit-peu considérable sont obligés d’écrire à leurs correspondans, associés & autres. Dictionn. de Commerce, de Trev. &. Chambers. (G)

ECRIT, s. m. dans le commerce, acte ordinairement sous seing privé que les marchands passent entr’eux pour convenir de quelque chose ou pour en assûrer l’exécution & en regler les conditions. Dict. de Com. de Trev. & Chambers. (G)

ECRITAUX ou ECLITAUX, terme de riviere, c’est ainsi qu’on appelle des pieces servant à retenir les boulons d’un bateau foncet.

ECRITEAU, EPIGRAPHE, INSCRIPTION, (Gramm.) Il y a de la différence entre ces trois mots. L’écriteau n’est qu’un morceau de papier ou de carton sur lequel on écrit quelque chose en grosses lettres, pour donner un avis au public. L’inscription se grave sur la pierre, sur le marbre, sur des colonnes, sur un mausolée, sur une médaille, ou sur quelqu’autre monument public, pour conserver la mémoire d’une chose ou d’une personne. L’épigraphe est une courte inscription gravée d’ordinaire en onglet sur les bâtimens particuliers, ou au bas des estampes. Voyez Epigraphe.

Les écriteaux sont faits pour étiqueter les boîtes des épiciers, ou pour servir d’enseigne aux maîtres d’écriture ; les inscriptions pour transmettre l’histoire à la postérité, & les épigraphes pour l’intelligence d’une estampe ou l’ornement d’un livre.

Les tableaux d’histoire auroient souvent besoin d’une épigraphe. La célebre Phryné qui sçut avec tant d’art découvrir & obtenir de Protogène son Satyre & son Cupidon, offrit de relever les murailles de