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ruption violente d’un fluide élastique, tel que l’air rassemblé en bulles.

On ne sait absolument rien sur la production de la chaleur, ni sur celle du froid. Cette chaleur est quelquefois telle, qu’elle produit l’inflammation dans les matieres convenables ; celle qui s’excite par l’action de l’acide nitreux concentré, & de plusieurs matieres huileuses, est de ce dernier genre (voy. Inflammation des Huiles). On a prétendu que la chaux s’étoit échauffée dans certaines circonstances, jusqu’à allumer du bois (voyez Chaux). L’acide du vinaigre versé sur les alkalis terreux, non calcinés, produit des effervescences froides.

La fameuse effervescence froide qui produit des vapeurs chaudes (phénomene effectivement sort singulier), est celle qui est excitée par le mélange de l’acide vitriolique & du sel ammoniac.

Les expériences de M. Musschenbroeck, que nous avons déjà annoncées, consistent à avoir excité des effervescences par un grand nombre de divers mélanges, à avoir observé la quantité de matiere élastique qu’elles produisoient dans le vuide, & à avoir comparé la violence du mouvement & le degré de chaleur excités par le même mélange dans l’air & dans le vuide. Il a résulté de ces expériences, que la plûpart des effervescences produisoient de la matiere élastique & de la chaleur ; que le mouvement & la chaleur produits par ce mélange, étoient différens dans l’air & dans le vuide ; & qu’il n’y avoit aucune proportion entre ces trois phénomenes, le mouvement, la production de la matiere élastique, & la chaleur. Voyez additamenta ad tentamina experim. nat. captorum in acad. del Cimento.

Les expériences de M. Hales nous ont instruit davantage, parce qu’étant faites dans un volume d’air déterminé, & dont on a pû mesurer l’augmentation & la diminution réelle, on a pû déterminer l’absorption aussi-bien que la production de l’air, ce qui est impossible en faisant ces expériences dans le vuide. Les expériences de M. Hales nous ont appris donc, que les matieres qui excitent par leur mélange une violente effervescence, produisent d’abord de l’air, mais que la plûpart en absorbent ensuite ; circonstance qui empêche de savoir si la quantité d’air produit est proportionnelle à la violence de l’effervescence, comme cela devroit être naturellement : car la cause de l’absorption & celle de la production de l’air peuvent agir dans le même tems, & se détruire réciproquement, du moins quant aux effets apparens. Les causes matérielles de l’absorption de l’air, sont des vapeurs qui s’élevent des corps effervescens, & que nous connoissons sous le nom de clissus (voyez Clissus). Pour mettre la derniere main aux ingénieuses expériences de M. Hales sur cette matiere, il faudroit donc trouver le moyen de mettre l’air produit par les effervescences, à l’abri de l’action des clissus élevés en même tems, ou constater l’efficacité spécifique de ces clissus sur l’air, leur point de saturation ; ce qui est assez difficile, mais non pas impossible. Voyez l’analyse de l’air, de M. Hales, p. 174. de la traduct. franç. sous ce titre : Expériences sur les différentes altérations de l’air dans les fermentations ; & pag. 186. sous ce titre : Effets de la fermentation des substances minérales sur l’air. On trouvera dans ces articles plusieurs expériences très-intéressantes sur les effervescences, parmi plusieurs expériences sur des fermentations ; car l’auteur confond ces deux phénomenes sous le même titre.

L’effervescence differe essentiellement de la fermentation, sur-tout par ses produits, quoiqu’elle ait avec la fermentation plusieurs propriétés communes (voy. Fermentation). L’effervescence ne ressemble en rien à l’ébullition ou bouillonnement des liquides par l’action du feu (voyez Ebullition). L’efferves-

cence est un des signes auxquels on reconnoît le point

de saturation dans la préparation des sels neutres. Voyez Neutre (Sel), & Saturation. (b)

Effervescence, (Medecine.) est un terme aussi employé par certains medecins, pour signifier un mouvement intestin qu’ils supposent dans les humeurs du corps humain, tel, par exemple, que celui qui est produit par le mélange de deux liqueurs, dont l’une est acide & l’autre alkaline. Il n’existe point de semblable mouvement dans l’économie animale, on peut le démontrer à priori, parce qu’il n’y a rien dans nous qui puisse causer une effervescence. Il n’y a point dans notre corps de sel acide, ni de sel lixiviel, dont le concours puisse produire un semblable effet ; il en conste par expérience : car le sang qui se répand d’un corps dont on vient de couper la tête, ou qui sort d’une artere ouverte, reçu dans un vase, ne donne aucune marque de mouvement intestin particulier, il paroît sans agitation sensible dans aucune de ses parties. Cependant il est reçu de tout le monde, que le mouvement d’effervescence est de nature à tomber évidemment sous les sens. Voyez les préleçons de Boerhaave sur les instituts & les notes d’Haller, §. 176. dont cet article est extrait. (d)

EFFET, s. m. (Logique.) le produit d’une cause agissante. Voyez Agir.

Après avoir considéré les choses par rapport à ce qu’elles sont, on doit les étudier par rapport à ce qu’elles peuvent ; & si l’on découvre que l’une soit capable de produire l’autre, ou seulement de la varier, on conçoit entre le terme agissant & ce qu’il fait naître, une relation de cause & d’effet.

Cette relation de la cause & de l’effet est de la plus vaste étendue, car toutes les choses qui existent ou peuvent exister, y ont part ; ainsi nous appellons cause ce qui donne l’existence, ce dont la vertu produit une chose ; & ce qui est produit, ce qui reçoit son existence, ce qui tient sa naissance de la cause, porte le nom d’effet. Par exemple, dès que nous voyons que dans la substance que nous appellons cire, la fluidité qui n’y étoit pas auparavant, y est constamment produite par l’application de certain degré de chaleur, nous donnons à l’idée simple de chaleur le nom de cause, par rapport à la fluidité qui est dans la cire ; & celui d’effet à cette fluidité.

Les choses donc qui reçoivent une existence qu’elles n’avoient pas auparavant, sont des effets ; & celles qui procurent cette existence, sont des causes. Voyez Cause.

Les notions claires & familieres de cause & d’effet entraînent cette conséquence, que rien ne se fait sans cause, & qu’aucune chose ne peut se produire d’elle-même.

Il convient de s’assûrer de l’existence des effets, avant que d’en chercher les causes ; c’est pourquoi toutes les fois qu’il s’agit de découvrir les causes des effets extraordinaires que l’on rapporte, il faut examiner avec soin si ces effets sont véritables ; car souvent on se fatigue inutilement à imaginer des raisons de choses qui ne sont point, & il y en a une infinité qu’il faut résoudre de la même maniere que Plutarque résout cette question qu’il se propose : Pourquoi les poulains qui ont été courus par les loups, vont plus vîte que les autres ? Après avoir dit que c’est peut-être parce que ceux qui étoient plus lents, ont été pris par les loups, & qu’ainsi ceux qui sont échappés couroient le mieux ; ou bien que la peur leur ayant donné une vîtesse extraordinaire, ils en ont contracté l’habitude. En un mot, après toutes ces dépenses d’esprit il donne la bonne solution de la question : C’est peut-être, dit-il, que cela n’est pas vrai.

C’est peu de chose de s’être assûré de l’existence d’un effet ; il faut pour arriver à la découverte de la