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meurs animales dans l’état naturel), sont les effets de ces mouvemens ordinaires, de même toutes les différentes coctions (les élaborations, les maturations) des humeurs morbifiques, sont le résultat des mouvemens extraordinaires des efforts, que ces coctions produisent. Tous les efforts de la nature dans les maladies, tendent à opérer des coctions. Voyez Nature, Puissance motrice, Economie animale, Mouvement animal, (Systaltique, Tonique, Musculaire), & Fievre, Spasme, Coction, Crise. (d)

Effort ou Résistance, en Hydraulique, c’est la violence que fait l’eau pour passer dans les endroits trop resserrés des brides, des robinets, soûpapes, coudes, jarrets, fourches ; ce qui occasionne beaucoup de frotemens. (K)

Effort, (Voix.) défaut qui est dans le Chant, le contraire de l’aisance. On le fait par une contraction violente de la glote : l’air poussé hors des poumons s’élance dans le même tems, & le son alors semble changer de nature ; il perd la douceur dont il étoit susceptible, acquiert une dureté fatigante pour l’auditeur, défigure les traits du chanteur, le rend vacillant sur le ton, & souvent l’en écarte.

C’est de tous les défauts qu’on peut contracter dans le chant le plus dangereux, & celui dont on revient le moins dès qu’on l’a une fois contracté. Il ne faut pas même dissimuler que c’est celui vers lequel on a plus de motifs de pencher dans notre chant dramatique ; tels sont les cris au théatre de la comédie françoise.

Le volume, les grandes voix sont à-peu-près tout ce qu’applaudit la multitude ; elle est surprise par un grand son, comme elle est ébranlée par un cri. Les acteurs médiocres crient pour lui plaire, les chanteurs communs forcent leurs voix pour le surprendre.

On reviendra tôt ou tard, en France, de l’erreur des grandes voix ; mais il faut attendre que le chant du théatre ait pris les accroissemens dont il est susceptible. Dès qu’il cessera d’être lourd, il faudra bien qu’on croye qu’il n’y a de vraies voix que celles qui sont legeres. Voyez Récitatif, Legereté. (B)

Effort, (Manége, Maréchallerie.) terme usité parmi nous, & par lequel nous désignons non-seulement le mouvement forcé d’une articulation quelconque, mais l’indisposition qui en résulte, & qui consiste dans une extension violente de quelques-uns des muscles, des tendons & des ligamens de l’article affecté. Cette dénomination qui devroit par conséquent s’étendre à ce que nous entendons par entorse, est néanmoins restrainte aux seuls cas où les reins, les hanches, les jarrets, reçoivent une pareille atteinte ; car ceux qui concernent l’épaule & le bras s’expriment par les mots d’écart, d’entr’ouverture. Voyez Ecart.

Les efforts de reins doivent donc être envisagés comme une extension plus ou moins considerable des ligamens qui servent d’attache aux dernieres vertebres dorsales & aux vertebres lombaires, accompagnée d’une forte contraction de quelques muscles du dos & des muscles des lombes.

Les causes de cette maladie sont toûjours externes ; ainsi une chûte, des fardeaux trop pesans, un effort fait par l’animal, soit en voulant sortir d’un mauvais pas, soit en glissant, soit en sautant dans le manége, & y étant retenu & attaqué à contre-tems, soit en se relevant dans l’écurie même, peuvent l’occasionner.

Les signes auxquels on la reconnoît, se tirent des mouvemens & de la démarche de l’animal. L’effort n’est-il pas violent ? le cheval ressent une peine infinie & une vive douleur en reculant ; sa croupe est bernée, elle chancelle, elle balance quand il trote :

mais le mal est-il tel que l’extension ait été extrème ? bien loin qu’il soit libre de reculer, il peut à peine faire quelques pas en avant ; & pour peu qu’on veuille l’y contraindre, son derriere qu’il traîne, fléchit & se montre sans cesse prêt à tomber.

On n’est pas toûjours assûré de remédier radicalement à cette maladie. Les chevaux s’en ressentent long-tems, & même tant qu’ils existent, d’autant plus que dans l’animal qui travaille, le derriere est infiniment plus occupé que le devant. On ne peut donc se flater constamment d’en opérer la guérison entiere, à moins que l’espece du mal soit d’une si petite conséquence, qu’on puisse le regarder comme un simple & leger détour dans les reins.

Ce n’est qu’à l’ignorance des maréchaux que l’on peut rapporter l’idée des efforts des hanches. Lorsque je vois des hommes qui depuis des siecles entiers se laissent conduire par des ouvriers assez téméraires pour vouloir reparer les desordres d’une machine, dont ils ne connoissent ni l’organisation, ni la structure, je ne puis m’empêcher de douter si réellement la pensée n’est pas moins l’apanage de l’humanité que la foiblesse & l’aveuglement. Les hanches sont incontestablement formées par les os des îles ; or les os des îles ou les os innommés sont composés de trois os de chaque côté, c’est-à-dire de l’ileum, de l’ischion, & du pubis. Ces os, exactement distincts dans le poulain, sont tellement unis dans le cheval, qu’ils ne peuvent point se séparer. De plus ils sont joints supérieurement à l’os sacrum appellé par quelques hypostéologistes méprisables l’os de la cariole : celui-ci en forme le milieu, & leur sert comme de clé. Cette jonction est si intime & si étroite, au moyen de nombre de ligamens, & spécialement d’un cartilage intermédiaire, qu’il est de toute impossibilité qu’ils puissent être disjoints ; elle étoit même si nécessaire, que le moindre dérangement auroit notablement nui aux visceres contenus dans le bassin, & qui importent essentiellement à la vie ; rien n’est conséquemment plus absurde que la supposition d’une extension violente & forcée dans cette partie : elle n’a été imaginée que parce que l’on a confondu & que l’on confond encore la cuisse & les hanches. Si l’on avoit observé que le fémur est supérieurement articulé avec ces mêmes os innomminés, on auroit sans doute compris que cette articulation seule est susceptible d’extension ; & dès-lors l’effort auroit été considéré non dans les hanches, mais dans la cuisse.

Il sera causé par une chûte, un écart qui le plus communément se fait en-dehors. Les ligamens capsulaires qui entourent l’article, & qui d’une part sont attachés à la circonférence de la cavité cotiloïde destinée à loger la tête du fémur, & de l’autre à la circonférence du cou de ce même os, ainsi que le ligament rond caché dans l’articulation même, qui d’un côté a son attache à la tête du fémur, & de l’autre part au fond de cette cavité cotiloïde, auront été dans le moment de l’écart (je veux dire dans le tems où l’os s’est extrèmement éloigné de sa situation ordinaire) plus ou moins tiraillés & plus ou moins distendus, selon le plus ou le moins de violence & de promptitude de ce mouvement contre nature. Les muscles mêmes qui les entourent, & qui assujettissent le fémur, tels que le psoas, l’iliaque, le pectiné, le triceps, les obturateurs, les jumeaux, pourront en avoir souffert : il y aura peut-être encore rupture de plusieurs vaisseaux sanguins, de plusieurs fibres, soit musculaires, soit ligamenteuses, & conséquemment perte de ressort & de mouvement dans les unes & dans les autres : ce qui, joint à une douleur plus ou moins vive, symptomes affectés à ces accidens, rend cette maladie très-fâcheuse.

Dans cet état l’animal boite plus ou moins bas ; il