ouvrieres ; leur travail est de souffler la couleur d’écaille de poisson dans la perle ; de sasser les perles dans le carton, afin d’étendre la couleur au-dedans de la perle ; de remplir la perle de cire ; d’y passer un petit papier roulé ; de mettre les perles en collier, &c. Voyez ce travail à l’article Perle. Voyez aussi nos Planches d’Emailleur.
Lorsque l’émailleur travaille, il est assis devant sa table, le pié sur la marche qui fait hausser & baisser le soufflet, tenant de la main gauche l’ouvrage qu’il veut émailler, ou les fils-de-fer ou de laiton qui serviront de soûtien à sa figure, conduisant de la main droite le fil d’émail amolli par le feu de la lampe, & en formant des ouvrages avec une adresse & une patience également admirables.
Il est très-difficile de faire à la lampe de grandes pieces ; on n’en voit guere qui passent quatre, cinq, six pouces.
Nous ne finirons pas cet article, sans indiquer un usage assez important de la lampe de l’émailleur ; c’est de pouvoir facilement y réduire une petite quantité de chaux métallique, ou y essayer une pareille quantité de minéral. Pour cet effet il faut pratiquer un creux dans un charbon de bois, y mettre la chaux à réduire, ou la matiere à fondre, & faire tomber dessus la flamme de la lampe. On voit que c’est encore un moyen très-expéditif pour souder.
* Email, (Anat.) L’émail de la dent est une matiere tout-à-fait différente de l’os ; il est composé d’une infinité de petits filets qui sont attachés sur l’os par leurs racines, à-peu-près comme les ongles & les cornes. On distingue très-facilement l’émail dans une dent cassée ; on y voit tous ces filets prendre leur origine vers la partie de l’os qui touche la gencive, s’incliner vers l’os, & se coucher les uns sur les autres, de maniere qu’ils sont presque perpendiculaires sur la base de la dent : par ce moyen, ils résistent davantage à l’effort. M. de la Hire le fils a observé que dans les adultes l’os de la dent ne croît point, mais seulement l’émail ; il est persuadé que les filets de cet émail s’étendent comme ceux des ongles. Si l’émail d’une dent se détruit, l’os se carie, & la dent périt. Voyez Dent. Voyez les mémoires de l’académie, ann. 1699.
Email, terme de Blason, qui se dit de la diversité des couleurs & des métaux dont un écu est chargé. Les métaux sont or & argent ; & les couleurs, azur, gueules, sinople, pourpre, & sable. On représente ces sept émaux sur les tailles-douces, par le moyen des hachures. L’or est pointillé, & l’argent tout blanc ; l’azur qui est bleu, est représenté par des traits tirés horisontalement ; le gueules, qui est rouge, par des traits perpendiculaires ; le sinople ou le verd, par des traits diagonaux de droite à gauche ; le pourpre, dont on se sert pour les raisins, les mûres & quelques autres fruits, par des traits diagonaux de gauche à droite ; & le sable, qui est noir, par des traits croisés. Les émaux du Blason sont venus des anciens jeux du cirque, qui ont passé aux tournois, où le blanc, le bleu, le rouge, & le verd, distinguoient les quadrilles les uns des autres. Domitien, au rapport de Suétone, y en ajoûta une cinquieme vêtue d’or, & une sixieme habillée de pourpre. Le sable est venu des chevaliers qui portoient le deuil. Voyez Blason.
EMAILLER, travailler en émail : ce mot se dit aussi pour signifier peindre en émail.
EMAILLEUR, s. m. (Art méch.) ouvrier qui travaille en émail, qui en couvre & orne les métaux, ou qui en fait à la lampe plusieurs sortes d’ouvrages curieux.
Le titre d’Emailleur en général convient à plusieurs sortes de personnes, aux Orfevres & Joailliers, qui montent les pierres précieuses ; aux Lapi-
Peintres, qui peignent en mignature sur l’émail, & qui font cuire leur ouvrage au feu.
Mais les Emailleurs proprement dits, sont ceux qu’on appelle Patenôtriers & Boutonniers en émail.
Ces derniers ont composé pendant fort long-tems une communauté particuliere ; mais ils font à-présent corps avec les maîtres Verriers-Fayenciers, à qui ils ont été unis.
L’édit de leur érection en corps de jurande a été donné en 1566 par Charles IX. & enregistré la même année. En 1599, Henri IV. confirma leurs statuts, & y ajoûta quelques articles. Enfin Louis XIV. réunit les deux communautés des Emailleurs & des Verriers, pour ne faire à l’avenir qu’un seul & même corps, sans cependant déroger à leurs statuts.
Les statuts de l’édit de Charles IX. contiennent vingt articles, & l’augmentation accordée par les lettres patentes d’Henri IV. trois autres.
Par l’édit, les maîtres n’avoient que la qualité de Patenôtriers & Boutonniers en émail ; les lettres y ajoûterent le verre & le crystallin.
La communauté est régie par quatre jurés, dont deux s’élisent par année.
Pour être reçu maître, il faut avoir fait cinq ans & huit jours d’apprentissage ; & après une information préalable de vie & mœurs, un apprenti est admis au chef-d’œuvre.
Chaque maître ne peut avoir qu’un seul apprenti à la fois.
Les veuves restant en viduité, joüissent du privilége de leur défunt mari ; à l’exception des apprentis qu’elles ne peuvent pas engager, mais bien les continuer.
Les veuves & les filles de maîtres donnent la franchise aux apprentis qu’elles épousent.
Les maîtres de la communauté peuvent faire toute sorte de patenôtres, boutons d’émail, dorures sur verre & émail, pendans d’oreille jolivetés, & autres ouvrages semblables, avec émail, canon, & crystallin passant par le feu & fourneau.
Ils peuvent aussi enfiler toutes ceintures, carcans, chaînes, colliers, brasselets, patenôtres, & chapelets, des mêmes matieres & de pareille fabrique, & même les enrichir & orner d’or & d’argent battu & moulu.
En 1706, les Emailleurs furent unis avec les Verriers ; & il fut reglé que pendant les dix premieres années les quatre jurés seroient élûs avec égalité, c’est-à-dire de façon qu’il y auroit deux émailleurs & deux verriers ; & qu’après les dix ans expirés, l’élection seroit entierement libre, & se feroit à la pluralité des voix.
Au moyen de cette union, ils ont tous également la qualité de maîtres Emailleurs, Patenôtriers, Boutonniers en émail, verre, & crystallin, marchands Verriers, Couvreurs de flacons & bouteilles en osier, fayence, & autres especes de verres de la ville & fauxbourgs de Paris. Voyez les réglemens de communautés, & le dictionn. de Comm.
EMAILLURE, s. f. (Art méch.) terme qui signifie l’application de l’émail sur quelque autre matiere. Il se dit fort bien aussi de l’ouvrage même qu’on a émaillé. Voyez les articles Email & Emailler.
Emaillures, (Vénerie.) se dit des taches rousses qu’on voit sur les pennes de l’oiseau de proie.
EMANATIONS, s. f. pl. (Phys.) on appelle ainsi des écoulemens, ou exhalaisons de particules ou de corpuscules subtils, qui sortent d’un corps mixte par une espece de transpiration. Voyez Transpiration. Ce mot vient du latin manare ou emanare, émaner, sortir.
Il est certain qu’il sort de pareilles émanations des corps qui nous environnent ; par exemple, que les