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où ce jour les surprenoit, sans se remuer, jusqu’au lendemain : qu’ils blâmoient les secondes noces ; & que la plûpart d’entre eux, ou ne se marioient qu’une fois, ou gardoient le célibat.

Il est fait mention dans Origene, S. Epiphane, S. Jérôme, & plusieurs autres peres Grecs & Latins, d’un certain Dosithée, chef de secte parmi les Samaritains : mais les savans ne sont point d’accord sur le tems où il vivoit. S. Jérôme, dans son dialogue contre les Lucifériens, le met avant Jesus-Christ, en quoi ce pere a été suivi par Drusius, qui dans sa réponse à Serrarius, place Dosithée vers le tems de Sennachérib roi d’Assyrie ; mais Scaliger prétend que Dosithée a été postérieur à Jesus-Christ. En effet Origene semble insinuer que Dosithée étoit contemporain des apôtres, & ajoûte qu’il vouloit persuader aux apôtres qu’il étoit le Messie prédit par Moyse : peut-être cet auteur l’a-t-il confondu avec Simon le Magicien qui eut les mêmes prétentions, & dont quelques disciples porterent aussi le nom de Dosithéens.

Quoi qu’il en soit, ce Dosithée eut un grand nombre de sectateurs, & sa secte subsistoit encore à Alexandrie du tems du patriarche Eulogius, comme il paroît par un decret de ce patriarche, publié par Photius. Dans ce decret Eulogius accuse Dosithée d’avoir parlé d’une maniere injurieuse des anciens patriarches & des prophetes, & de s’être attribué à lui-même l’esprit de prophétie. Il le fait contemporain de Simon le Magicien ; le taxe d’avoir corrompu le Pentateuque en plusieurs endroits, & d’avoir composé divers ouvrages impies.

Le savant Usherius croit que Dosithée est l’auteur de tous les changemens faits dans le Pentateuque Samaritain ; ce qu’il prouve par l’autorité d’Eulogius. Cependant tout ce qu’on peut inférer du témoignage de ce dernier, c’est que Dosithée corrompit les exemplaires samaritains, dont sa secte fit usage depuis lui. Mais il n’y a pas d’apparence que cette corruption se soit étendue à toutes les autres copies, puisque celles que nous avons aujourd’hui ne different que fort peu du Pentateuque juif. Voyez Pentateuque.

C’est dans ce sens qu’on doit entendre un passage de la chronique samaritaine, où il est dit que Dousis, c’est-à-dire Dosithée, fit différentes altérations à la loi de Moyse. L’auteur de cette chronique, qui étoit Samaritain de religion, ajoûte que le grand-prêtre des Samaritains envoya différentes personnes pour se saisir de Dousis & de sa copie corrompue du Pentateuque. S. Epiphane prétend que Dosithée étoit Juif de naissance, & qu’il abjura le Judaïsme pour passer dans le parti des Samaritains. Il croit aussi qu’il fut chef de la secte des Sadducéens ; en ce cas Dosithée auroit dû vivre avant Jesus-Christ. Le pere Serrarius Jésuite, prétend aussi que Dosithée fut maître de Sadoc, qui, selon l’opinion commune, fut le chef des Sadducéens. Voyez Sadducéens.

Tertullien parlant de ce même Dosithée, remarque qu’il fut le premier qui osa rejetter l’autorité des prophetes, & nier leur inspiration : mais l’erreur particuliere qu’il attribue à ce chef de secte & à ses disciples, c’étoit de ne reconnoître pour inspirés que les cinq livres de Moyse. Dict. de Trév. Moréry, & Chambers. (G)

DOSSE, s. f. en Charpenterie, c’est la premiere & la derniere planches qui se levent, lorsqu’on fait débiter une piece de bois quarrée : les deux rives sont les deux dosses.

Dosses, s. f. pl. (Hydraul.) Voyez Pal-Planches.

Dosse, terme de riviere, grosse planche qui sert à échaffauder & voûter, qu’on pose sur les cintres des ponts.

Dosse de bordure, est celle qui sert à retenir le pavé d’un pont de bois.

DOSSERET, s. m. (Architecture.) jambage formant le pié droit d’une porte ou d’une croisée. C’est aussi une espece de pilastre, d’où un arc doubleau prend naissance de fond. (P)

Dosseret ou Dossier de cheminée, exhaussement au-dessus d’un mur de pignon ou de face avec aîles, pour tenir une souche de cheminée. (P)

DOSSIER, s. m. (Jurispr.) est une feuille de papier qui couvre une liasse de pieces pliées en deux, avec lesquelles elle est attachée.

Quelquefois le terme de dossier se prend pour toute la liasse des pieces ; c’est en ce sens que le juge ordonne que les parties, les avocats, ou leurs procureurs, se communiqueront leurs dossiers, ou qu’ils les remettront entre les mains du juge, ou sur le bureau.

On marque ordinairement sur le dossier quel est l’objet des pieces qu’il contient.

Les procureurs font autant de dossiers qu’ils ont de parties ; & souvent pour une même partie, ils forment autant de dossiers qu’il y a d’adversaires, ou qu’il y a de nouvelles demandes qui ont chacune un objet particulier.

Ils marquent sur le dossier d’abord le tribunal où l’affaire est pendante, ensuite les noms & qualités des parties, la date des exploits, le nom de l’avocat, & au bas du dossier, les noms des procureurs : celui auquel est le dossier, met son nom à droite, & met le nom de son confrere à gauche.

Ils marquent aussi quelquefois sur le dossier la date de leur présentation, celle des sentences par défaut, la date des principaux titres & procédures à cet égard. Il n’y a point d’usage uniforme, chacun suit son idée.

Dans les tribunaux inférieurs où les affaires d’audience sont ordinairement peu chargées de procédures, & s’expédient promptement, on se contente d’envelopper les pieces sous des dossiers ; mais dans les instances appointées, & dans les appellations, soit verbales ou par écrit, qui se portent au parlement, il est d’usage pour la conservation des pieces, de les enfermer dans des sacs, sur l’étiquete desquels on marque si c’est une cause, instance, ou procès, le nom du tribunal, les qualités des parties, le nom du rapporteur s’il y en a un, & celui des procureurs : cela n’empêche pas que les pieces enfermées dans le sac ne soient encore enveloppées d’un dossier, dont la suscription est semblable à celle de l’étiquete. Un même sac renferme souvent plusieurs dossiers, soit contre différentes parties, si c’est dans une cause d’audience, ou différentes cotes & liasses de production, si c’est dans une affaire appointée. On change la suscription du dossier, suivant l’état de l’affaire ; on ne l’intitule d’abord qu’exploit, jusqu’à ce que l’affaire soit portée à l’audience ; ensuite lorsqu’on poursuit l’audience, on l’intitule cause : dans les affaires appointées, le dossier est intitulé production ; & s’il y a plusieurs productions, la premiere est intitulée production principale, & les autres, production nouvelle. On change les noms des procureurs en cause d’appel sur le dossier, quand ce ne sont pas les mêmes qui occupoient en cause principale.

On appelle quelquefois cote du dossier, la feuille qui enveloppe les pieces, à cause que l’on y cote les noms des parties. Dans les affaires qui se vuident par expédient, soit par l’avis des gens du roi, soit par l’avis d’un ancien avocat, ou par l’avis d’un ancien procureur ; celui devant qui l’affaire est portée, écrit sommairement son appointement ou avis sur la cote du dossier de l’avocat ou procureur, qui obtient à ses fins ; & lorsque l’appointe-