Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 6.djvu/452

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bois. 2°. L’ordre naturel des branches est que s’il y en a plus d’une, celle de l’extrémité soit plus grosse & plus longue que celle qui est immédiatement au-dessous, cette seconde plus que la troisieme, & ainsi de suite. Or toute branche qui ne suit pas cet ordre, est réputée branche de faux-bois. On conçoit donc qu’il faut détruire toutes les branches de faux-bois, à moins qu’on n’ait dessein de rajeunir l’arbre, & d’ôter toutes les vieilles branches pour ne conserver que la fausse ; ce qui est un cas fort rare. Voyez l’article Bois. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Faux-Bourdon, est une musique simple dont les notes sont presque toutes égales, & dont l’harmonie est toûjours syllabique, c’est-à-dire note contre note. C’est notre pleinchant, accompagné de plusieurs parties. Voyez Contre-Point. (S)

Faux-Bourg, s. m. (Géog.) c’est un terrein attenant une ville, & dont les habitans ont les mêmes priviléges & la même jurisdiction que ceux de la ville.

Faux-Brillant, (Art oratoire.) pensée subtile, trait d’esprit ou d’imagination, qui placé dans un ouvrage, dans un discours oratoire, étonne & surprend d’abord agréablement, mais qui par l’examen se trouve n’avoir ni justesse ni solidité.

On ne rencontre que trop de gens dans le monde aussi amoureux de ce clinquant, que le sont les enfans de l’oripeau dont on habille leurs poupées. Si ces gens-là en étoient crus, dit la Bruyere, ce seroit un défaut qu’un style châtié, net, & concis ; un tissu d’énigmes est une lecture qui les enleve ; les comparaisons tirées d’un fleuve dont le cours, quoique rapide, est égal & uniforme, ou d’un embrasement qui poussé par les vents, s’étend au loin dans une forêt où il consume les chênes & les pins, ne leur fournissent aucune idée de l’éloquence. Montrez-leur un feu grégeois, un éclair qui les ébloüisse, ils vous quittent du bon & du beau.

Gardons-nous bien de donner dans ce goût bisarre, sous prétexte que l’esprit d’exactitude & de raisonnement affoiblit les pensées, amortit le feu de l’imagination, & desseche le discours ; on ne parle, on n’écrit que pour être entendu, pour ne rien avancer que de vrai, de juste, de conséquent, & de convenable au sujet qu’on traite. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Faux-Chassis, s. m. terme d’Opéra ; ce sont trois montans de bois quarrés, de quatre pouces de diametre, & de vingt-huit piés de long, joints ensemble en-haut & en-bas par deux pieces de bois du même calibre, & de la longueur de trois piés & demi. A la hauteur de huit piés, la moitié du faux-chassis est formée en échelle ; & l’autre moitié reste vuide. Dans la partie inférieure en-dessous, & à ses deux extrémités, sont deux poulies de cuivre ; & au-dessus, deux anneaux de fer.

Le faux-chassis est placé sur une plate-forme, à huit piés au-dessous du plancher du théatre. Sur cette plate-forme est une rainure ou coulisse, sur laquelle coule le faux-chassis ; il passe par la rainure ou coulisse qui est faite au plancher du théatre, & l’excede de vingt-un piés de hauteur.

A hauteur du théatre, à chacun des portans du faux-chassis, sont, du côté du parterre, des crochets de fer, sur lesquels on pose le chassis de décoration, & on l’assûre par en-haut avec une petite corde qui tient au chassis, & qui est accrochée au faux-chassis.

Sur le côté opposé, on accroche les portans de lumiere (Voyez Portans) ; & la partie faite en échelle sert aux manœuvres pour aller assûrer la décoration, & pour moucher les chandelles. Voyez Changemens, Chassis, Coulisse. (B)

Faux-Comble, en Architecture, c’est le petit comble qui est au-dessus du brisé d’un comble à la mansarde. (P)

Faux-Côté d’un vaisseau, (Marine.) se dit du côté par lequel il cargue le plus. Voyez Côté. (Z)

Faux-Emploi, (Jurisp.) Il y a faux-emploi quand dans la dépense d’un compte on a porté une somme pour des choses qui n’ont point été faites. L’ordonnance de 1667, tit. xxjx. art. 21. dit que si dans un compte il y a des erreurs, omissions de recette, ou faux-emploi, les parties pourront en former leur demande ou interjetter appel de la clôture du compte, & plaider leur prétendus griefs en l’audience.

Le faux-emploi est différent du double emploi. Voyez Double Emploi. (A)

Faux-Enoncé, (Jurispr.) c’est lorsque dans un acte on insere quelque fait qui n’est pas exact, soit que cela se fasse par erreur, ou par mauvaise foi. (A)

Faux-Etambot, s. m. (Marine.) c’est une piece de bois appliquée sur l’étambot pour le renforcer. Voyez Etambot. (Z)

Faux-Feux, s. m. (Marine.) ce sont de certains signaux que l’on fait avec des amorces de poudre. Voyez Signal. (Z)

Faux-Fond, (Brasserie.) c’est une partie de la cuve matiere, ou plusieurs planches de chêne coupées suivant le cintre de la cuve, percées de trous coniques à trois pouces les uns des autres ; de sorte que le trou de dessous est beaucoup plus large que celui de dessus. Les planches de ce fond sont dressées à plat-joint, & ne tiennent point les unes aux autres ; parce que lorsqu’on a fini de brasser, on les retire. Voyez l’article Brasserie.

Faux-Frais, (Jurisprud.) sont des dépenses que les plaideurs font, sans espérance de les retirer, attendu qu’elles n’entrent point dans la taxe des dépens. (A)

Faux-fuyant, s. m. (Vénerie.) c’est ce qu’on appelle une fente à pié dans le bois.

Faux-Germe, s. m. (Physiol.) conception d’un fœtus informe, imparfaite, & entierement défectueuse.

L’histoire naturelle de l’homme commençant à sa premiere origine, doit avoir pour principe l’instant de sa conception. On peut croire que l’homme, ainsi que tous les animaux, naît dans un œuf, qui, par les sucs nourriciers, transmis de la matrice dans le cordon ombilical, donne au germe qu’il renferme un commencement de consistance au bout de quelques jours que cet œuf a séjourné dans la matrice. Quelque tems après, la figure de l’homme est un peu plus apparente. Enfin après quatre ou six semaines de conception & d’accroissement perpétué, la figure humaine est tout-à-fait déterminée : on y distingue une conformation générale, des membres figurés, & des marques sensibles du sexe dont il est.

Si cependant ce bel ouvrage de la nature plus ou moins avancé, reçoit des troubles & des commotions trop fortes dès ses premiers jours d’arrangement ; que par exemple la seve nourriciere manque ou soit détournée du vrai germe avant qu’il ait acquis un commencement de solidité, de vrai germe il devient faux-germe, ses premiers linéamens s’effacent & se détruisent par le long séjour qu’il fait encore dans la matrice avant que d’être expulsé : cette congélation séminale flotante dans beaucoup plus d’eau qu’elle n’a de volume, se divise d’abord, puis elle se confond si bien dans les parties aqueuses, qu’on ne retrouve plus que de l’eau un peu louche dans le centre du faux-germe.

C’est donc dans ce point, que ce petit œuf, régulier dans sa figure, transparent à-travers ses membranes, laissant appercevoir par sa diaphanéïté un petit corps louche dans le centre de ses eaux, change peu-à-peu, prend une figure informe, & mérite alors le nom de faux-germe.