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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 6.djvu/471

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des fluides, qu’elle est simple ou compliquée, qu’elle est occasionnée par des affections du corps, ou par celles de l’ame : ainsi on peut dire que le ressort des fébrifuges n’est guere différent de la Thérapeutique entiere, parce qu’il n’est presque point de cause morbifique qui ne puisse être ou devenir celle de la fievre immédiatement ou par accident.

Telle est l’idée que l’on peut donner des fébrifuges en général.

Quant aux médicamens particuliers auxquels on attribue préférablement à tous autres la qualité de fébrifuge, voyez Amer (Mat. med.), Centaurée, Cascarille, &c. mais sur-tout Quinquina ou kina, qui est le fébrifuge par excellence. (d)

FÉBRILE, adj. pris subst. (Medecine.) se dit de ce qui a rapport à la fievre, comme la cause fébrile, c’est-à-dire ce qui produit la fievre : on appelle aussi fébrile, ce qui est l’effet de la fievre, comme le froid fébrile, la chaleur fébrile, le délire fébrile, le vomissement, la diarrhée, &c. fébriles, c’est-à-dire les symptomes tels & tels produits par la fievre. Voyez Fievre. (d)

* FEBRUA ou FEBRUATA, (Mytholog.) c’est le surnom de Junon regardée comme déesse des purifications, & comme présidant à la délivrance des femmes dans les douleurs de l’enfantement. Les fébruales ou februes, fêtes célébrées en Février, lui étoient consacrées. Voyez l’article suivant.

Februa ou Februes, s. f. pl. (Hist. anc.) c’est-à-dire purification, est le nom d’une fête que les Romains célébroient au mois de Février, pour les manes des morts. Voyez Manes.

On y faisoit des sacrifices, & on rendoit les derniers devoirs aux ames des défunts, dit Macrobe, Satur. l. I. c. xiij. & c’est de cette fête que le mois de Février prit son nom. Voyez Février.

On ne sait point au juste quel étoit le but de ces sacrifices : Pline dit qu’on les faisoit pour rendre les dieux infernaux propices aux morts, plûtôt que pour les appaiser (comme quelques modernes semblent le croire), & qu’ils s’offroient à ces dieux. Ce qui confirme ce sentiment, est que Pluton est surnommé Februos. Ils duroient douze jours.

Ce mot est fort ancien dans la langue latine, où dès l’origine de Rome on disoit februa pour purification, & februare pour purifier. Varron nous apprend, de ling. l. V. qu’il venoit de Fabius. Vossius & plusieurs autres croyent qu’il étoit formé de ferveo, j’ai chaud, parce que les purifications se faisoient par le feu ou avec l’eau chaude. Quelques-uns remontent plus haut, & font descendre ce mot de phar ou phavar, qui en syriaque & en arabe signifient la même chose que ferbaet, efferbait, & peut-être a-t-il eu dans ces langues le sens de purifier ; car ce verbe phavar, signifie en arabe préparer un certain mets particulier à une femme en couche, pour chasser l’arriere-faix & autres impuretés qui restent dans la matrice après l’enfantement ; de même que les Romains ont donné le nom de februa à la divinité, qui, selon eux, délivroit les femmes de ces mêmes impuretés. Ovide, Fast. l. II. v. 4. dit qu’anciennement februa signifioit de la laine, & que ce nom fut donné aux purifications, parce qu’on s’y servoit de laine. Dictionn. de Trévoux & Chambers. (G)

FECALE (Matiere), Medecine. Les Medecins donnent ce nom aux excrémens du ventre, dont l’évacuation se fait par le fondement, au marc des alimens mêlé avec la partie grossiere des sucs digestifs qui n’ont pas été susceptibles d’entrer dans la composition du chyle. Voy. Excrément, Déjection. Il a été traité au long de ce qui a rapport à ce sujet, dans ce dernier article. (d)

FECES, s. f. pl. (Pharmacie, Chimie.) On appelle en Chimie & en Pharmacie feces, le sédiment qui se

forme sous une liqueur qui a fermenté comme le vin, la biere, le cidre, &c. c’est ce que tout le monde connoît sous le nom de lie. Voyez Lie de vin. Ce nom se donne aussi aux matieres non dissoutes qui troublent les infusions, les décoctions, & qui se précipitent ou s’affaissent par le repos, ou qu’on sépare du liquide par la voie de la filtration ou de la clarification avec le blanc-d’œuf. Voyez Filtration, Clarification.

On appelle aussi feces, la partie colorante verte qui trouble les sucs exprimés des plantes ; cette partie est encore plus connue en Pharmacie sous le nom particulier de fécule. Voyez Fécule, Suc.

Feces ou Lie d’Huile, amurca. Voyez Lie d’Huile. (b)

FÉCIAL ou FÉCIALIEN, s. m. (Hist. rom.) fetialis ou fecialis ; nom d’un officier public chez les anciens Romains, don ! le principal ministere étoit de déclarer la guerre ou de négocier la paix.

Je glisse sur l’origine inconnue du mot fécial, pour rapporter uniquement l’étymologie qu’en donne Festus, laquelle, quoique très-recherchée, est encore moins ridicule que celles de Plutarque, de Varron, & de nos modernes. Festus la tire du verbe ferio, je frappe, parce que ferire fœdus, signifie faire un traité ; de sorte qu’il faut, selon notre grammairien, qu’on ait dit par abus fecialis pour ferialis. Passons à d’histoire.

Les féciaux furent institués au nombre de vingt : on les choisissoit des meilleures familles, & ils composoient un collége fort considerable à Rome. Denys d’Halicarnasse ajoûte que leur charge, qu’il nomme sacerdoce, ne finissoit qu’avec la vie ; que leur personne étoit sacrée comme celle des autres prêtres ; que c’étoit à eux à écouter les plaintes des peuples qui soûtenoient avoir reçu quelque injure des Romains, & qu’ils devoient, si les plaintes étoient réputées justes, se saisir des coupables & les livrer à ceux qui avoient été lésés ; qu’ils connoissoient du droit des ambassadeurs & des envoyés ; qu’ils faisoient les traités de paix & d’alliance ; & qu’enfin ils veilloient à leur observation.

Ce détail est très-instructif, & de plus prouve deux choses : la premiere, qu’il y avoit quelque rapport entre les féciaux de Rome & les officiers que les Grecs appelloient érénophylaques, c’est à-dire conservateurs de la paix : la seconde, que nos anciens hérauts d’armes ne répondent point à la dignité dont joüissoient les féciaux. Voyez Héraut d’Armes.

L’an de Rome 114, dit Tite Live, Rome vit ses frontieres ravagées par les incursions des Latins, & Ancus Martius connut par sa propre expérience, que le throne exige encore d’autres vertus que la piété ; cependant pour soûtenir toûjours son caractere, avant que de prendre les armes, il envoya aux ennemis un héraut ou officier qu’on appelloit fécialien. Ce héraut tenoit en main une javeline ferrée pour preuve de sa commission.

Armé de cette javeline, il se transportoit sur les frontieres du peuple dont les Romains croyoient avoir droit de se plaindre. Dès qu’il y étoit arrivé, il reclamoit à haute voix l’objet que Rome prétendoit qu’on avoit usurpé sur elle, ou bien il exposoit d’autres griefs, & la satisfaction que Rome demandoit pour les torts qu’elle avoit reçûs : il en prenoit Jupiter à témoin en ces termes, qui renfermoient une terrible imprécation contre lui-même : « Grands dieux ! si c’est contre l’équité & la justice que je viens ici au nom du peuple romain demander satisfaction, ne souffrez point que je revoye jamais ma patrie ». Il repétoit les mêmes termes à l’entrée de la ville & dans la place publique.

Lorsqu’au bout de 33 jours Rome ne recevoit point la satisfaction qu’elle avoit demandée, le fécial alloit