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retrouver leur filon qui est de l’autre côté ; ou bien si ce travail est trop pénible & trop coûteux, on tâche d’aller rechercher de l’autre côté, sans percer la roche, l’autre portion du filon ; mais pour la retrouver sans donner à faux, il faut beaucoup d’usage & d’expérience, & faire attention aux différentes couches de la montagne & aux changemens qui ont dû y arriver pour causer la perte d’une portion du filon.

La rencontre d’une roche dure ne coupe pas toûjours un filon ; quelquefois elle se contente de lui faire former des coudes, ou bien elle le partage en deux ou plusieurs branches, qui dans de certains cas se réunissent de nouveau, & pour lors la roche forme comme une île environnée par les deux bras du filon.

Il n’est pas rare de trouver dans une même montagne plusieurs filons contenant quelquefois des minéraux de différentes especes ; ordinairement ils ne sont pas tous de la même force, & communément il y en a un qui est plus considérable, que l’on nomme filon principal, les autres s’appellent filons concomitans ou accompagnans. Les filons principaux ont plusieurs avantages sur les moindres ; en effet ils ne sont pas si facilement interrompus dans leurs cours par les roches dures ou autres obstacles qui se rencontrent, leurs dimensions sont plus considérables, leur direction n’est pas si sujette à varier, & la matiere qu’ils contiennent est plus constante. Lorsqu’il se trouve plusieurs filons dans une même montagne, ils sont quelquefois paralleles les uns aux autres, & ils suivent chacun leurs directions sans se troubler dans leur cours. Mais il arrive aussi fréquemment qu’ils se croisent & se coupent les uns les autres à différens angles. Plusieurs viennent quelquefois se réunir dans un même point, se séparent ensuite de nouveau, & chacun continue à suivre sa premiere direction. Dans de certains cas on voit deux ou plusieurs filons se joindre pour n’en former qu’un seul, & les substances que contiennent ces différens filons, se mêlent & se confondent : dans d’autres cas, les filons ne font que se joindre sans que leurs substances se confondent ; par exemple, un filon qui contient de la mine de plomb, s’associera avec un filon qui contient de la mine de cuivre, & tous les deux coureront à côté l’un de l’autre pendant un espace assez considérable.

Enfin les Mineurs font attention à la substance qui sert immédiatement d’enveloppe aux filons ; les minéralogistes allemands la nomment salband ; cette écorce ou enveloppe sert à contenir le minéral, & le sépare de la roche stérile & non-metallique, dont la montagne est composée. Quelquefois cette enveloppe est une substance pierreuse, d’autres fois c’est un limon ou gris, ou bleuâtre. ou jaunâtre, qu’on nomme besteck en allemand ; les Mineurs regardent ce limon comme un bon signe, qui leur annonce un filon riche & abondant. La partie de la roche qui couvre le filon, se nomme le toît, tectum. Celle sur laquelle le filon est soûtenu, se nomme le sol, fundamentum. Quant à l’origine & à la formation des filons metalliques, voyez les articles Exhalaisons minérales, Mineralisation, Mines, Metal, &c. (—)

FILOUSE ou QUENOUILLE, terme de Corderie. Voyez les articles, Corderie & Quenouille.

FILOSELLE, s. f. (manufacture en soie,) espece de grosse soie très-commune, qui se fabrique avec la bourre de la bonne soie, & celle qui se tort des cocons de rebut. Voyez l’article Soie.

FILS, s. m. (Grammaire) qui exprime la relation qu’un enfant mâle a avec son pere & sa mere, voyez Pere.

Les enfans du roi d’Angleterre sont appellés fils & filles d’Angleterre, voyez Roi.

Le fils aîné est en naissant duc de Cornoüaille, & crée prince de Galle, voyez Prince.

Les puinés sont appellés cadets.

Les enfans des rois de France étoient anciennement appellés fils & filles de France, & les petits-enfans, petits-fils & petites-filles de France ; mais à présent, les filles sont appellées, Mesdames ; la fille défunte de M. le Dauphin s’appelloit aussi Madame.

Fils adoptif. Voyez les articles Adoptif & Adoption.

Fils de Famille, en pays de droit écrit, est un enfant ou petit-enfant, qui est en la puissance de son pere, ou ayeul paternel.

Les filles qui sont soûmises à cette même puissance, sont aussi appellées filles de famille, & comprises sous le terme général d’enfans de famille.

Les fils & filles de famille ne peuvent point s’obliger pour cause de prêt, quoiqu’ils soient majeurs ; leurs obligations ne sont pas valables, même après leur mort, suivant le Senatus-consulte macédonien.

Ils ne peuvent tester, même avec la permission de leur pere, si ce n’est de leur pécule castrense ou quasi castrense.

Le pere joüit des fruits des biens du fils de famille, excepté de ceux de son pécule, & dans quelques autres cas que l’on expliquera au mot Puissance paternelle.

Tout ce que le fils de famille acquiert appartient au pere, tant en usufruit qu’en propriété.

Le pere ne peut faire aucune donation entre-vifs & irrévocable au fils de famille, si ce n’est par contrat de mariage.

Lorsque le pere marie son fils étant en sa puissance, il est responsable de la dot de sa belle-fille.

L’émancipation fait sortir le fils de famille de la puissance paternelle ; le pere qui émancipe son fils, avoit autrefois pour prix de son émancipation, le tiers des biens en propriété ; mais au lieu de cela, Justinien lui a donné la moitié en usufruit ; il a aussi l’usufruit d’une portion virile des biens maternels qui échéent au fils de famille depuis son émancipation, voyez Émancipation.

En pays coûtumier, où la puissance paternelle n’a pas lieu, on entend par fils de famille les enfans mineurs qui ne sont point mariés, & qui vivent sous la dépendance de leurs pere & mere.

Les fils de famille mineurs de 25 ans ne peuvent ; soit en pays de droit écrit, soit en pays coûtumier, contracter mariage sans le consentement de leurs pere & mere, tuteurs & curateurs.

Les majeurs de 25 ans peuvent se marier ; mais pour se mettre à couvert de l’exhérédation, il faut qu’ils fassent préalablement à leurs pere & mere trois sommations respectueuses, & les garçons ne peuvent faire ces sommations avant l’âge de 30 ans. Voyez Mariage.

Voyez au Digeste & aux Instituts le titre de his qui sui vel alieni juris sunt : le titre du digeste, de senatusconsult. macedoniano ; & aux instit, le titre de patriâ potestate, & de filio familias minore ; la novelle 117, ch. j. la novelle 118, ch. ij. (A)

Fils (Morale.) La relation du fils au pere, entraîne des devoirs qu’il doit nécessairement remplir, & dont le tableau laconique tracé d’un style oriental, par l’auteur du Bramine-inspiré (The inspir’d Bramin. London 1755 in-8o. 6. édit.) vaudra mieux que tout ce que je pourrois dire d’une maniere didactique.

« Mon fils (dit ce bramine) apprens à obéir, l’obéissance est un bonheur ; sois modeste, on craindra de te faire rougir.

» Reconnoissant ; la reconnoissance attire le bienfait ; humain, tu recueilleras l’amour des hommes.