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quoi les étrangers qui peuvent faire venir clandestinement des laines d’Angleterre, ne peuvent jamais atteindre à la perfection des draps d’Angleterre, &c. sans cette terre à foulon.

C’est la raison qui a déterminé à en faire une marchandise de contrebande : il y a les mêmes peines établies contre ceux qui transportent de cette terre en pays étranger, que pour l’exportation des laines. Voyez Contrebande.

Excepté en Angleterre, on fait par-tout un très grand usage d’urine, au lieu de terre à foulon ; cette terre abonde en sel végétal, qui est fort propre à accélérer la végétation des plantes : c’est pourquoi M. Plat & quelques autres la regardent comme un des moyens les plus capables d’améliorer les terreins. Quand elle est dissoute dans le vinaigre, elle dissipe les boutons ou les pustules, les élevures ; elle arrête les inflammations, & guérit les brûlures.

Herbe à foulon, chardon à carder. Voyez Chardon. Chambers.

FOULQUE, s. f. fulica, (Hist. nat. Ornitholog.) oiseau aquatique auquel on donne plus communément le nom de poule d’eau. Voyez Poule d’eau ; on l’a aussi appellé diable, parce qu’il est noir. (I)

FOULURE, s. f. voyez Entorse.

Foulure, (Manége, Maréchall.) terme qui dans notre art a plusieurs acceptions ; il indique une extension violente & forcée des tendons, des ligamens, d’une partie, ou d’un membre quelconque ; en ce cas, il a la même signification que les mots entorse, effort. On s’en sert encore pour désigner une contusion externe occasionnée par quelque compression ; telle est, par exemple, celle qui résulte du frotement & de l’appui de la selle sur le garot, lorsque les arçons trop larges ou entr’ouverts ont permis à l’arcade de reposer sur cette partie, &c. (e)

* Foulure, terme de Corroyeur, il se dit de la façon que les cuirs reçoivent quand on les foule. Les Corroyeurs ont deux sortes de foulure, savoir la foulure à sec, & la foulure avec mouillage ; mais toutes les deux se donnent avec les piés nuds. Voyez Corroyer, & la fig. A, Pl. du Corroyeur.

FOUR, s. m. en Architecture, c’est dans un fournil ou cuisine, un lieu circulaire à hauteur d’appui, voûté de brique ou de tuileau, & pavé de grands carreaux, avec une ouverture ou bouche, pour y cuire le pain ou la pâtisserie. Voyez l’article suivant.

On appelle four banal ou four seigneurial & public, celui où des vassaux sont obligés de faire cuire leur pain. (P)

* Four de Boulanger ; il se dit de tout le lieu où l’on fait cuire le pain, mais particulierement d’un ouvrage de maçonnerie composé de tuileaux ou de brique liés avec du plâtre ou de la chaux, & fermé par en-haut d’une voûte surbaissée, sous laquelle est un âtre ou aire plate où on range le pain. Le four n’a qu’une seule entrée par-devant, qu’on nomme proprement bouche de four. Voyez les fig. 1 & 2. Pl. du Boulanger. La fig. 1. représente le four par-devant, où on voit la bouche & la plaque CDFE, qui la ferme, & la hotte GH de la cheminée M, par où s’échappe la fumée du bois que l’on fait brûler dans le four, pour le chauffer au point que la chaleur puisse faire cuire le pain qu’on y met, après avoir retiré la braise avec le rable & l’écouvillon. Voyez les figures de ces deux instrumens, fig. 6 & 8. Pl. du Boulanger.

Four à Chaux, voyez l’article Chaux.

* Four de Campagne, en terme de Confiseur, est un four de cuivre rouge portatif, long, & de trois ou quatre doigts de hauteur, un peu élevé sur ses piés, pour qu’on puisse y mettre du feu dessous selon le besoin, & garni d’un couvercle rebordé pour retenir le feu qu’il faut quelquefois mettre dessus. Voyez la fig. 5. Pl. du Confiseur.

Four des grosses forges, voyez Grosses Forges.

Four de Verrerie, voyez Verrerie.

Four (le-), Géog. écueil ou grande roche toûjours découverte, sur la côte de Bretagne, vis-à-vis du bourg d’Argenton : c’est à cause de cette roche, que l’on nomme le passage du Four la route que prennent les navires entre la côte de Bretagne & les îles d’Onessant, pour éviter le grand nombre de rochers dont cette côte est bordée. Les tables des Hollandois donnent à cet écueil 11d 54′. de longit. & 48d 35′. de latit. (D. J.)

* FOURBER, v. act. c’est tromper d’une maniere petite, obscure, & lâche.

FOURBERIE, s. f. (Iconol.) on la représente sous la figure d’une femme, tenant un masque dans une de ses mains, & ayant un renard à côté d’elle.

FOURBIR, v. act. nettoyer, rendre poli & luisant ; ce mot se dit plus particulierement des armes : fourbir une cuirasse, un casque, & encore plûtôt des épées.

FOURBISSEUR, s. m. celui qui fourbit ; il ne se dit plus que de l’artisan qui fourbit & éclaircit les épées, qui les monte & qui les vend. Voyez Fourbir.

Les outils & instrumens dont se servent les maitres fourbisseurs, sont divers marteaux, toutes sortes de limes, des tenailles de fer, des cisailles, des rapes, des bigornes, des étaux, soit à main soit à établi ; un tas, des grateaux, des brunissoirs, des forets avec la palette & leur archet, quantité de différens mandrins, comme ceux qu’ils nomment mandrin de plaque, mandrin de garde, mandrin de corps, mandrin de branche, & mandrin debout ; une pointe, des pinces rondes, quarrées & pointues ; une chasse-poignée, une boule au chasse-pommeau ; des filieres à tirer l’or, l’argent, le cuivre : grand nombre de ciselets, entr’autres, des gouges, des feuilles, des rosettes, des perloirs, des frisoirs, des masques, des matoirs, des pointes, des grattoirs, des couteaux à refendre, des filieres, & quelques-autres qui servent à damasquiner & ciseler en relief les gardes, plaques, & pommeaux d’épée ; enfin divers burins & instrumens de bois sans nom, pour soûtenir le corps de la garde en la montant. Voyez une grande partie de ces outils, Pl. du Fourbisseur.

Les maîtres de cette communauté sont qualifiés, maîtres jurés Fourbisseurs & Garnisseurs d’épées & autres bâtons au fait d’armes, de la ville de Paris.

Ils ont droit de fourbir, monter, garnir, & vendre des épées, des lances, des dagues, des hallebardes, des épieux, des masses, des pertuisannes, des haches, & les armes qu’on a inventées de nouveau, & dont on se sert en la place des anciennes.

Quatre jurés, dont deux sont élus tous les ans, veillent à l’observation des réglemens, & doivent faire les visites deux fois le mois ; ils donnent le chef-d’œuvre aux aspirans à la maitrise, & appellent quatre bacheliers de ceux qui sont les derniers sortis de jurande, pour juger si le chef-d’œuvre est recevable.

Pour être reçû au chef-d’œuvre, il faut avoir fait apprentissage de cinq ans chez les maîtres de Paris. Les apprentis des autres villes y peuvent néanmoins être reçûs, en justifiant de trois années de leur apprentissage, & en le continuant encore trois autres à Paris.

Les fils de maîtres, même des maîtres de lettres, ne sont point tenus au chef-d’œuvre.

Les veuves joüissent de tous les priviléges de leurs maris, à la reserve du droit de faire des apprentis : elles peuvent cependant achever celui qui est commencé.

Aucune marchandise foraine ne peut être achetée par les maîtres, qu’elle n’ait été visitée des Jurés ; &