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Plante aromatique d’une odeur forte ; elle a une saveur vive & un peu âcre.

On s’en sert dans quelques provinces à titre d’assaisonnement, dans quelques ragoûts & dans les salades, mais son goût & son odeur ne plaisent qu’à peu de personnes.

Elle est destinée principalement dans l’usage medicinal, à diviser les glaires épaisses retenues dans les vésicules du poumon, & à en faciliter l’expectoration ; ou bien, ce qui est la même chose, on l’emploie comme un béchique incisif très-puissant. C’est à ce titre qu’elle passe pour spécifique dans l’asthme humide, prise en infusion dans de l’eau ou dans du vin : on l’a employée aussi quelquefois avec succès dans l’aphonie ; dans ce dernier cas on mêle ordinairement son infusion avec du lait ; dans l’un & dans l’autre on peut employer le syrop simple & la conserve d’hyssope. L’eau distillée de cette plante passe encore pour utile dans les mêmes maladies ; on peut assurer au moins que cette eau est du nombre de celles qui ne sont pas sans vertu. Voyez Eaux distillées.

L’infusion d’hyssope prise habituellement le matin à jeun, est encore un bon remede pour fortifier l’estomac, & pour donner de l’appétit. Elle est analogue en ceci aux feuilles de mélisse & à celles de petite sauge, qui sont plus en usage que celles-ci.

Les feuilles & les sommités d’hyssope entrent dans plusieurs compositions pharmaceutiques. (b)

HYSTERAPETRA, (Hist. nat.) c’est la même chose que la pierre nommée hysterolite. Voyez cet article.

HYSTERALGIE, s. f. (Med.) ce mot grec composé d’ὑστέρα, uterus, & d’ἄλγος, dolor, signifie douleur de la matrice. Voyez Douleur, Matrice.

HYSTÉRIES, s. f. pl. (Antiq.) fêtes consacrées à Vénus, dans lesquelles on lui immoloit des cochons : ὗς, gén. ὑὸς en grec, signifie un cochon. (D. J.)

HYSTÉRIQUE, adj. ὑστερικὸς, uterinus, (Med.) est une épithete qui s’applique en général à tout ce qui a rapport à la matrice : ainsi on appelle hystérique la plûpart des maladies de cette partie ; on dit colique hystérique, flux hystérique, fureur hystérique, &c. On donne le nom d’hystériques aux personnes mêmes qui sont affectées de ces maladies, & aux remedes qui sont employés spécialement pour leur traitement. Voyez Matrice.

Hystérique, (passion ou affection.) c’est ainsi que l’on désigne assez communément parmi les Medecins, une des maladies des plus compliquées qu’il y ait par rapport à ses causes & à ses symptomes, dans laquelle la plûpart de ceux qui en ont écrit, sur-tout parmi les anciens, ont pensé que la matrice est le siege de la cause principale du mal, ce qui lui a fait donner le nom de passion hystérique.

Mais comme la plus saine partie des auteurs modernes ne distingue la passion hystérique de la passion hypochondriaque, que parce que la cause occasionnelle de celle-là dépend souvent des lésions de fonctions particulieres au sexe féminin, quoique la cause prochaine soit la même, puisqu’ils conviennent que dans l’une & dans l’autre de ces maladies, c’est le genre nerveux qui est principalement affecté ; ce qui est démontré par les symptomes aussi multipliés que variés, qui les accompagnent, qui ont tous rapport à la nature des mouvemens convulsifs ou spasmodiques ; il s’ensuit que l’on doit aussi rapporter l’espece de maladie dont il s’agit ici, à la mélancholie qui en est comme le genre : ainsi voyez Mélancholie.

Et comme un des symptomes des plus ordinaires dans la passion hystérique comme dans l’affection hypochondriaque, est l’embarras dans la tête, si connu sous le nom de vapeurs, c’est celui sous lequel il en sera traité, qui fournira en son lieu matiere à un ar-

ticle dans lequel sera circonstancié ce qui est particulier

à chaque sexe, dans ces deux especes de mélancholie. Voyez Vapeurs.

Hystérique pierre, (Hist. nat. Lythol.) c’est une pierre noire, arrondie, qui prend assez bien le poli ; elle est fort pesante, & se trouve en Amérique dans la nouvelle Espagne ; on lui attribue des vertus singulieres dans les maladies de l’uterus, qu’elle guérit lorsqu’on l’applique extérieurement sur le nombril. Voyez Boëce de Boot, de gemmis & lapidibus.

De Lact parle d’une pierre d’Amérique qu’il possédoit ; elle étoit taillée en un plateau ovale, & d’un très-beau noir ; on y voyoit deux taches d’un blanc brillant comme de l’argent ; il croit que c’étoit la pierre connue sous le nom de lapis uterinus, ou hystericus.

Il ne faut point confondre la pierre dont il s’agit ici, avec celle qu’on nomme hysterolite. Voyez cet article.

HYSTÉROCELE, s. f. terme de Chirurgie, tumeur formée par le déplacement de la matrice, qui forme une hernie dans le pli de l’aine. Voyez Hernie.

La situation de la matrice dans le milieu du bassin, & la structure de ce viscere, n’en paroissent guere favoriser le déplacement ; il sembleroit même que dans l’extension considérable que cette partie acquiert dans la grossesse, son volume devroit être un obstacle à l’hernie : mais il y a des phénomenes dans la nature, que la théorie ne préverroit jamais ; des observations bien constatées mettent l’hernie de matrice hors de tout doute. Sennert rapporte un fait bien singulier sur un cas de cette nature. La femme d’un tonnelier aidant à son mari à courber une perche pour en faire un cerceau, fut frappée dans l’aine gauche par l’extrémité de cette perche. Quelque tems après, il parut une hernie qui augmenta au point qu’elle ne put être réduite : la femme étoit enceinte ; la tumeur devenoit grosse de jour en jour. On voyoit sous les tégumens tous les mouvemens de l’enfant, qu’on fut obligé de tirer à la fin du neuvieme mois par une ouverture à la poche, dans laquelle il étoit renfermé.

Ruisch rapporte qu’une femme eut une hernie de la matrice à la suite d’une suppuration à l’aine. Dans le tems d’une grossesse, cette hernie pendoit jusqu’aux genoux ; mais dans les douleurs de l’accouchement, la sage-femme fit rentrer la matrice avec le fœtus, qui sortit naturellement par les voies ordinaires.

L’hernie de la matrice exige le secours d’une compression modérée, & d’une situation propre à en favoriser l’effet. Par ces moyens, lorsque cette incommodité est commençante, on pourroit parvenir à remettre peu-à-peu la matrice à sa place ; on previendroit les adhérences qu’elle pourroit contracter, lesquelles dans le cas de grossesse, peuvent devenir des causes déterminantes de l’opération césarienne. L’observation de Ruisch prouve qu’une matrice formant une hernie considérable, peut rentrer dans le bassin, se contracter, permettre & favoriser un accouchement par les voies naturelles. Ce fait est bien extraordinaire. (Y)

HYSTÉROLITE, s. f. (Hist. nat. Lithol.) en latin, hysterolithus, hystera petra, cunnolithus, pierre ainsi nommée, parce qu’elle représente d’une maniere distincte l’extérieur des parties de la génération du sexe féminin. Elle est fort dure, d’un gris ou d’un brun noirâtre, de la grandeur de la moitié d’une noix, à qui elle ressemble aussi, parce qu’elle est convexe & peu lisse d’un côté ; par l’autre côté elle a un enfoncement duquel il sort comme en relief un corps oblong, partagé en longueur par le milieu, & ressemblant aux labia pudenda.

Langius distingue deux especes d’hystérolites, l’une