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fois l’ancienne Grece, de les avoir cultivés sans altération pendant le seizieme siecle, tandis que les armées de Charles quint saccageoient Rome, que Barberousse ravageoit ses côtes, & que les dissentions des princes & des républiques troubloient l’intérieur. Cependant, malgré tous ces obstacles, l’Italie seule dans un court espace d’année, porta les beaux Arts à leur perfection, & fit rapidement dans les Lettres des progrès si prodigieux & si étendus, que nous ne nous lassons point de les admirer encore aujourd’hui.

Le siecle de Léon X. sera donc à jamais célebre, par les hommes immortels qu’il a produits en tout genre, ainsi que par la grande révolution, qui sous lui divisa l’Eglise, déchira le voile, & finit par renverser ce colosse vénérable, dont la tête étoit d’or, & dont les piés étoient d’argile.

Mais dans le cours de cette révolution de l’esprit humain, qui fit éclore un nouveau systême politique, l’on découvrit un nouveau monde, & le commerce s’établit entre le vieux monde & les Indes. Par ces grands évenemens l’opulence devenue plus générale, excita l’industrie, adoucit les mœurs, répandit le goût du luxe, & porta la culture des Arts & des Lettres dans la plupart des Provinces de l’Europe. Alors les beaux jours de l’Italie s’éclipserent, & sa gloire s’évanouit pour la seconde fois. Son commerce a passé, la source de ses richesses a tari, & ses peuples sont présentement esclaves des autres nations.

Rome, il est vrai, demeure toujours la capitale du monde chrétien ; mais on a très-bien remarqué, que si la souveraineté que le Pape possede, est assez grande pour le rendre respectable, elle est trop petite pour le rendre redoutable. Les républiques de Florence, de Venise & de Gènes, ont perdu leur lustre & leur gloire ; les états des autres princes, qui composent cette belle presqu’isle, sont soumis à l’Empereur, au roi de Sardaigne, & à l’infant don Carlos, qui ont tous des intérêts opposés. Ou bien, ce sont de petits états ouverts comme des caravanserais, forcés de loger les premiers qui y abordent : c’est pourquoi leur seule ressource, est de s’attacher aux grandes puissances, & leur faire part de leur frayeur, plutôt que de leur amitié. En un mot, pour achever de peindre l’Italie de nos jours, en empruntant le langage la Poésie.

La nature en vain bienfaisante,
Veut enrichir ces lieux charmans,
Des prêtres la main désolante,
Etouffe ses plus beaux présens ;
Les monsignors, soi disans grands,
Seuls dans leurs palais magnifiques,
Y sont d’illustres fainéans,
Sans argent, & sans domestiques.
Pour les petits, sans liberté,
Martyrs du joug qui les domine,
Ils ont fait vœu de pauvreté,
Priant Dieu par oisiveté,
Et toujours jeûnant par famine.

Nous n’ajoutons pas les autres strophes de mylord Harvey, qui sont assez connues, parce que nous ne faisons pas la satyre des états : mais on doit nous permettre des tableaux vrais & spirituels, quand ils s’offrent d’eux-mêmes, & qu’ils peuvent délasser le lecteur de son attention à nos autres articles, souvent rebutans par leur longueur ou leur sécheresse. (D. J.)

ITALIENNE ou TITULAIRE, adj. f. (Ecriture.) se dit d’un caractere panché au premier & au second degrés gauches d’obliquité. Voyez le Volume des Planches.

On l’appelle aussi bâtarde, parce que dans la décadence de l’Empire romain, les Lombards, les Gots & les Francs la gâterent tellement qu’aujourd’hui elle se ressent peu de sa premiere origine.

Il y a quatre especes de bâtardes : la titulaire du premier & second degrés, la coulée de finance, & l’expédiée mêlée de coulée & de bâtarde. Voyez le Volume des Planches.

ITALIQUE, (Gram. & Hist.) ce terme ou adjectif se joint avec différens substantifs.

Heures italiques, ce sont les vingt-quatre heures du jour naturel, que l’on compte entre deux couchers du soleil consécutifs.

Cette maniere de compter les heures étoit autrefois en usage chez les Juifs, & l’est encore aujourd’hui chez les Italiens. Voyez Jour, Tems.

Italique, en terme d’Imprimerie. Voyez Caracteres.

Secte italique. On appelle ainsi une secte de philosophes dont Pythagore fut le fondateur. Elle fut ainsi nommée, parce que ce philosophe enseigna dans l’Italie, & remplit de sa doctrine les villes de Tarente, de Métapont, d’Héraclée, de Naples. Voyez Pythagoriciens. Chambers. (G)

Italique, Danse, (Art orchestriq.) sorte de danse théatrale inventée par Pylade & Bathylle, sous le regne d’Auguste.

Ces deux pantomimes, si célebres dans l’Histoire romaine, formerent au rapport d’Athénée, de l’union des trois danses, qui jusqu’alors avoient été en possession du théatre, c’est-à-dire, de la danse tragique, de la comique & de la satyrique, une espece particuliere, qu’on nomma danse italique, ou danse de pantomimes, parce que ces sortes de danseurs faisoient profession de peindre par leurs gestes, par leurs attitudes, & par leurs mouvemens, toutes les actions des hommes. Cette nouvelle danse théatrale enchanta les Romains, devint leur passion favorite, & ne tomba qu’avec l’Empire. V. Danse & Pantomimes. (D. J.)

ITAGUE, ITAQUE ou ETAQUE, s. f. (Marine.) cordage qui est amaré en haut au milieu d’une vergue contre les racages, qui va passer par l’encornail, & qui est attache par le bout d’en bas à la drisse. Il sert à faire couler la vergue.

Itague de palan, cordage qui transmet l’effort d’un palan, qui assez souvent passe dans une poulie de renvoi. Voyez Palan.

Itaguefausse, ou fausseitague ; c’est une manœuvre qui est frappée ordinairement à bas-bord du vaisseau, & qui passant ensuite par une poulie placée derriere le mât de hune, va se joindre à la drisse de hunier par une poulie de palan. Elle sert à hisser le hunier, & par occasion à soutenir le mât de hune. (Z)

ITARA, (Géogr.) province & ville d’Afrique, qui fait partie du royaume de Tafilet, dans le Biledulgérid, près des deserts de Saara.

ITATINS (les), (Géogr.) ou LES ITATINES, peuples sauvages de l’Amérique méridionale dans le Paraguay, aux confins du Pérou, au-dessus de la jonction de la riviere de los Payaguas avec le fleuve du Paraguay, des deux côtés du fleuve. (D. J.)

ITEITES, s. f. pl. (Hist. nat. Lithologie.) Quelques naturalistes ont ainsi nommé des cailloux qui se trouvent dans la riviere de Sila en Suisse, près de Zurich. On voit des feuilles de saules de différentes grandeurs empreintes ou représentées à leur surface, & dans les intervalles qui sont entre ces feuilles on remarque des petits corps arrondis & semblables à des graines. On a aussi nommé ces pierres salicites & phyllites. Voyez Ephemerides naturæ curiosor. decur. III. ann. V. & VI appendix pag. 63.

ITERATIF, adj. (Jurisprud.) signifie qui est réitéré. On appelle itératif commandement, celui qui