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Entre dix especes de langues de chien, ou pour mieux dire de cynoglosses, établies par Tournefort, la principale est nommée par les Botanistes, cynoglossum majus, vulgare.

Sa racine est droite, épaisse, semblable à une petite rave, d’un rouge noirâtre en dehors, blanche en dedans, d’une odeur forte & narcotique, d’une saveur mucilagineuse, & d’une douceur fade. Ses tiges sont hautes d’une ou de deux coudées, branchues, creuses quand elles sont vieilles, & couvertes de beaucoup de duvet.

Ses feuilles sont longues & un peu larges la premiere année ; dans la seconde, lorsque les tiges paroissent, elles sont étroites, pointues, blanches, molles, cotonneuses, d’une odeur forte & puante ; elles naissent sans queues, alternativement sur la tige.

Ses fleurs sont d’une seule piece en entonnoir, divisées en cinq lobes, d’une couleur rouge-sale, portées sur des calices velus, partagées en cinq quartiers. Le pistil qui s’éleve du fond du calice, perce la fleur en maniere de clou, & devient un fruit composé de quatre capsules, un peu applaties, hérissées, & qui s’attachent fortement aux habits ; ces capsules sont couchées sur un placenta pyramidal, quadrangulaire, & remplies d’une graine plate.

Cette plante vient partout, fleurit en Juin & en Juillet, a une odeur fétide, & sent l’urine de souris. On la cultive dans les jardins de Medecine, parce que sa racine est d’usage. Cette racine est regardée comme dessicative, resserrante, propre pour arrêter les fluxions catarreuses, & tempérer l’acreté des humeurs ; elle a donné nom aux pillules de cynoglosse, composées de trop d’ingrédiens dans la plûpart des pharmacopées, & notamment dans celle de Paris. A quoi bon la graine de jusquiame blanche, & l’encens mâle qui y entrent ? (D. J.)

Langue de Serpent, (Hist. nat. Bot.) ophioglossum, genre de plante qui n’a point de fleur, mais qui porte un fruit en forme de langue, divisé longitudinalement en deux rangs de cellules ; ces cellules s’ouvrent d’elles-mêmes, & ensuite le fruit devient dentelé de chaque côté. Il y a dans les entailles une poussiere très-menue, que l’on reconnoît pour des semences à l’aide du microscope. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

Langue de Serpent, (Mat. med.) on ne fait aucun usage de cette plante dans les préparations magistrales ; sa feuille entre dans deux compositions de la pharmacopée de Paris, destinée à l’usage extérieur, le baume vulnéraire & le baume oppodeldoc. (b)

Langues de Serpens, (Hist. nat.) nom donné par quelques auteurs aux dents de poissons pétrifiées qui se trouvent en plusieurs endroits dans le sein de la terre. Voyez Glossopetres.

Langues de l’Iris, (Jardinage.) se disent de trois des neuf feuilles de sa fleur, lesquelles sont sur les côtés & à demi-ouvertes en forme de bouche. Voyez Iris.

Langue, dans l’ordre de Malthe, (Hist. moder.) c’est le nom général qu’on donne aux huit divisions des différens pays ou nations qui composent l’ordre des chevaliers de Malte. Voici leurs noms & le rang qu’on leur donne : la langue de Provence, la langue d’Auvergne, la langue de France, celles d’Italie, d’Arragon, d’Angleterre, d’Allemagne & de Castille. Ainsi il y a trois langues pour le royaume de France, deux pour l’Espagne, une pour l’Italie, autant pour l’Angleterre & pour l’Allemagne. Chaque langue a son chef, qu’on nomme pilier. Voyez Pilier & Malte. (G)

Langue, (Marine.) se dit d’un morceau de toile

à voile, soit cueille ou demi-cueille, étroit par le haut & large par le bas, qu’on met aux côtés de quelques voiles.

Langue, (Maréchall.) partie de la bouche du cheval. C’est un défaut à un cheval d’avoir la langue trop épaisse, comme aussi que le bout sorte de la bouche ; c’en est un aussi d’avoir la langue serpentine ou feuillarde, c’est-à-dire, de l’avoir si flexible qu’elle passe souvent par-dessus le mors. La liberté de la langue se dit de certains mors tournés de façon que la langue du cheval peut se remuer dessous en liberté. Pour le bruit de la langue en qualité d’aides, Voyez Aides. On se sert des expressions suivantes, appetter, aider, ou animer de la langue. Voyez Appeller.

Langue de Carpe, outil d’Arquebusier. Cet outil tire son nom de sa figure ; car il est exactement fait par le bout comme une langue de carpe, est tranchant des deax côtés & par le bout. L’autre bout est plus menu, & forme une queue qui s’enmanche dans un petit morceau de bois, à-peu-près quarré de la longueur d’un pouce. Les Arquebusiers s’en servent pour creuser, sculpter, &c. Ils en ont de fort petites.

Langue d’une Balance, est un petit style perpendiculaire au fleau, & qui doit être caché par la chasse de la balance, lorsque la balance est en équilibre. Voyez Balance, Chasse, Fleau, &c. (O)

Langues, les, (Géog.) petit pays d’Italie, dans la partie méridionale du Piémont & du Montserrat, entre l’Apennin & les rivieres de Tanare, d’Orbe, & de Sture, jusqu’aux frontieres de l’état de Gènes. Il est divisé en langues hautes, dont Albe est la capitale, & en basses, qui sont au sud de la ville d’Asti en Piémont. Ce petit pays est très-fertile & peuplé. (D. J.)

LANGUÉ, adj. dans le Blazon, se dit des animaux dont les langues paroissent sortir de leurs bouches, & sont d’une couleur différente de celle du corps de l’animal.

Dufaing aux Pays-bas, d’or à l’aigle au vol abaissé langué & membré de gueules.

LANGUEDOC, le, Occitania, (Géog.) province maritime de France, dans sa partie méridionale. Elle est bornée au nord par le Quercy & le Rouergue ; à l’orient, le Rhône la distingue du Dauphiné, de la Provence, & de l’état d’Avignon ; à l’occident la Garonne la sépare de la Gascogne ; elle se termine au midi, par la Méditerranée, & par les comtés de Foix & de Roussillon. On lui donne environ 40 lieues dans sa plus grande largeur, & 90 depuis la partie sa plus septentrionale, jusqu’à sa partie la plus méridionale. Les principales rivieres qui l’arrosent, sont le Rhône, la Garonne, le Tarn, l’Allier, & la Loire ; Toulouse en est la capitale.

Je ne dirai qu’un mot des révolutions de cette province, quoique son histoire soit très-intéressante ; mais elle a été faite dans le dernier siecle par Catel, & dans celui-ci, par Dom Joseph Vaistet, & Dom Claude de Vic, en 2 vol. in-fol. dont le premier fut mis au jour à Paris en 1730, & le second en 1733.

Le Languedoc est de plus grande étendue que n’étoit la seconde Narbonnoise ; & les peuples qui l’habitoient autrefois, s’appelloient Volsques, Volcæ.

Les Romains conquirent cette province, sous le consulat de Quintus Fabius Maximus, 636 ans après la fondation de Rome. Mais quand l’empire vint à s’affaisser sous Honorius, les Goths s’emparerent de ce pays, qui fut nommé Gothie, ou Septimanie, dès le v. siecle ; & les Goths en jouirent sous 30 rois, pendant près de 300 ans.

La Gothie ou Septimanie, après la ruine des Wi-