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un mouvement encore plus vif que le gai, un mouvement moyen entre le gai & le vîte. Il répond à-peu-près à l’Italien vivace. (S)

LÉGERETÉ, s. f. (Phys.) privation ou défaut de pesanteur dans un corps, comparé avec un autre plus pesant. Voyez Poids. En ce sens, la légereté est opposée à la pesanteur. V. Pesanteur & Gravité.

L’expérience démontre que tous les corps sont pesans, c’est-à-dire tendent naturellement au centre de la terre, ou vers des points qui en sont très-proches. Il n’y a donc point de légereté positive & absolue, mais seulement une légereté relative, qui ne signifie qu’une pesanteur moindre.

Archimede a démontré, & on démontre dans l’Hydrostatique, qu’un corps solide s’arrêtera où on voudra dans un fluide de même pesanteur spécifique que lui, & qu’un corps plus léger s’élevera dans le même fluide. La raison en est que les corps qui sont dits d’une même pesanteur spécifique, sont ceux qui sous les mêmes dimensions ou le même volume, ne contiennent pas plus de pores ou d’intervalles destitués de matiere l’un que l’autre ; & par conséquent qui sous les mêmes dimensions renferment un même nombre de parties ; concevant donc que le solide & le fluide de même pesanteur spécifique soient divisés en un même nombre de parties égales, quelque grand que soit ce nombre, il n’y aura point de raison pour qu’une partie du solide fasse descendre une partie du fluide, qu’on ne puisse alléguer aussi pour qu’elle la fasse monter, & il en sera de même du solide total par rapport à une portion du fluide de même volume ; & comme ce solide ne sauroit en effet descendre sans faire élever un volume de fluide égal à celui qu’il déplaceroit, il s’ensuit de-là qu’il n’y a pas plus de raison pour que le solide descende, qu’il n’y en a pour qu’il monte ; & comme il n’y a pas non plus de raison pour qu’il se meuve latéralement plutôt à droite qu’à gauche, il s’ensuit enfin qu’il restera toûjours dans la place où on l’aura mis.

De-là on voit qu’un corps qui pese moins qu’un égal volume d’eau, doit être repoussé en-haut dès qu’il est placé dans l’eau ; car si ce corps étoit aussi pesant qu’un égal volume d’eau, il resteroit en la place ou on le met, comme on vient de le voir. Or comme il est moins pesant par l’hypothèse qu’un égal volume d’eau, on peut supposer qu’il soit poussé en en-bas par une pesanteur égale à celle d’un pareil volume d’eau, & en en-haut par une pesanteur égale à l’excès de la pesanteur de ce volume d’eau sur celle du corps. Donc comme l’effet de la premiere de ces forces est détruit, il ne restera que la seconde qui fera par conséquent monter le corps en en-haut.

En général un corps est dit d’autant plus léger, que son poids est moindre ; & ce poids est proportionnel à la quantité de matiere qu’il contient, comme M. Newton l’a démontré. Voyez Descente & Fluide, &c.

Les corps qui sous les mêmes dimensions ou le même volume ne pesent point également, ne doivent point contenir des portions égales de matiere. Ainsi lorsque nous voyons qu’un cube d’or s’enfonce dans l’eau, & qu’un cube de liége y surnage, nous sommes en droit de conclure que le cube d’or contient plus de parties que le même volume de liége, ou que le liége a plus de pores, c’est-à-dire de cavités destituées de matiere, que l’or ; nous pouvons assurer de plus, qu’il y a dans l’eau plus de ces vuides que dans un volume égal d’or, & moins que dans un même volume de liége. Voyez Hydrostatique & Balance.

Cela nous donne tout-à-la-fois une idée claire, soit de la pesanteur des corps, qui est la suite de leur densité, soit de leur légereté, & nous fait connoître que la derniere ne peut pas être regardée comme

quelque chose de positif, mais que c’est une pure négation ou une absence du parties qui fait appeller un corps plus léger qu’un autre, lequel contient plus de matiere que lui.

Il est vrai que le docteur Hook semble soutenir qu’il y a une légereté positive ; c’est, si nous ne nous trompons, ce qu’il entend par le terme de lévitation, qui ne peut signifier autre chose qu’une propriété des corps directement contraire à celle qui les fait graviter.

Il croit avoir découvert cette propriété dans le cours de quelques cometes, qui devant descendre vers le soleil, s’en sont cependant retournées tout-à-coup en fuyant, pour ainsi dire, cet astre, quoiqu’elles en fussent à une prodigieuse distance, & sans que leur cours l’eût encore embrassé.

Mais cette apparence vient de la situation des cometes par rapport à la terre, & du mouvement de la terre dans son orbite combiné avec celui de la comete, & non d’aucun principe de répulsion. Car la comete est toûjours poussée vers le soleil par une force centrale ou centripete qui lui fait décrire une ellipse fort excentrique dont le soleil occupe le foyer. Voyez Comete.

Quoi qu’il en soit, il pourroit n’être pas impossible qu’il y eût dans la nature une espece de légereté absolue ; car, selon M. Newton, où cesse la force de la gravitation, là paroîtroit devoir commencer une force contraire, & cette derniere force paroît se manifester dans quelques phénomenes. C’est ce que M. Newton a appellé vis repellens, & qui paroît être une des lois de la nature, sans laquelle il seroit difficile, selon lui, d’expliquer la raréfaction, & quelques autres effets physiques.

Nous avouerons cependant que les preuves sur lesquelles M. Newton cherche à établir cette force, ne nous paroissent pas fort convaincantes, & que ses raisonnemens sur ce sujet sont plus mathématiques que physiques. De ce qu’une quantité mathématique après avoir été positive, devient négative, s’en suit-il qu’il en doit être la même chose des forces qui agissent dans la nature ? c’est conclure, ce me semble, de l’abstrait au réel, que de tirer cette conséquence. Voyez Répulsion. (O)

Légereté, (Mor.) ce mot a deux sens ; il se prend pour le contraire de grave, d’important ; & c’est dans ce sens qu’on dit de legers services, des fautes legeres. Dans l’autre sens, légereté est le caractere des hommes qui ne tiennent fortement ni à leurs principes, ni à leurs habitudes, & que l’intérêt du moment décide. On nomme des légeretés les actions qui sont l’effet de ce caractere : légereté dans l’esprit est quelquefois prise en bonne part ; d’ordinaire elle exclud la suite, la profondeur, l’application ; mais elle n’exclud pas la sagacité, la vivacité ; & quand elle est accompagnée de quelque imagination, elle a de la grace.

LEGIFRAT, s. m. (Hist. mod.) territoire ou district soumis à un légifere ; ce terme est employé dans quelques auteurs suédois. Un roi de Suede ne pouvoit entrer autrefois dans un légifrat sans garde ; on l’accompagnoit aussi en sortant jusque sur la frontiere d’un autre légifrat. Les peuples lui présentoient comme un hommage les sages précautions qu’ils prenoient pour la conservation de leur liberté.

LÉGION, s. f. (Art milit. des Romains.) on formoit chez les Romains avec des soldats qui n’avoient que leurs bras pour tout bien, selon l’expression de Valere-Maxime, les corps de troupes appellés légions, du mot latin legere, choisir ; parce que quand on levoit des légions, on faisoit un choix, dit Végece, de la jeunesse la plus propre à porter les armes ; ce qui s’appelloit delectum facere, au rapport de Varron.