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Te lanæ prope nobilem
Tonsæ Luceriam, non cithara decent,
Nec flos purpureus rosæ.

(D. J.)

LUCERIUS, (Littérat.) Lucerius & Luceria sont des surnoms dont l’antiquité payenne honoroit Jupiter & Junon, comme les divinités qui donnoient la lumiere au monde. Dans la langue osque Jupiter portoit aussi le nom de Lucerius, par la même raison. (D. J.)

LUCERNE, le canton de, (Géog.) Ce canton tient le troisieme nom entre les treize du corps helvétique, & le premier rang des cantons catholiques. Il a les Alpes au midi, & au nord un pays de bois, de prés ou de champs assez fertiles en blé. On retire beaucoup de poisson du lac qui porte le nom de Lucerne, ainsi que celui des quatre cantons, en allemand vier waldstetten-sée, parce que ceux d’Uri, de Schwitz & d’Undervald sont situés sur ses bords. Ce lac a 8 lieues de longueur & deux de largeur : en plusieurs endroits il est entouré de rochers escarpés, qui sont le repaire des chamois, des chevreuils & autres bêtes fauves de cette nature. Le canton de Lucerne a encore en particulier deux ou trois petits lacs fertiles en écrevisses assez grosses, qui ne deviennent point rouges à la cuisson, mais prennent une couleur livide. On trouve ailleurs des écrevisses qui restent noires quand on les fait cuire.

Lucerne, Lucerna, (Géog.) ville de Suisse, autrefois impériale, capitale du canton de même nom. Elle a peut-être tiré le sien d’une vieille tour qui borde un de ses ponts, au haut de laquelle tour on allumoit un fanal pour éclairer les bateaux qui sortoient ou entroient dans la ville.

Son gouvernement civil est aristocratique, & fort approchant de celui de Berne ; mais quant au gouvernement ecclésiastique, les Lucernois bons catholiques dépendent de l’évêque de Coutances, & les nonces du pape y exercent aussi leur autorité. Ils secouerent en 1333 le joug de la maison d’Autriche, & entrerent dans la ligue des cantons de Schwits, Uri & Underwald.

Lucerne est située sur le lac qui porte son nom, dans l’endroit où la Russ sort de ce lac, à 12 lieues S. O. de Zurich, 14 N. E. de Berne, 19 S. E. de Bâle. Long. 26. 1. lat. 47. 5. (D. J.)

LUCETTE, s. f. terme à l’usage de ceux qui travaillent l’ardoise. Voyez l’article Ardoise.

LUCIANISTES, s. m. pl. (Théol.) nom de secte, qui prit son nom de Lucianus ou Lucanus, hérétique du second siécle. Cet hérétique fut disciple de Marcion, dont il suivit toutes les erreurs, auxquelles il en ajouta même de nouvelles.

S. Epiphane dit qu’il abandonna Marcion, en enseignant de ne point se marier, de crainte d’enrichir le Créateur. Cependant, comme a remarqué le P. le Quien, c’étoit-là une erreur de Marcion, & des autres Gnostiques. Il nioit l’immortalité de l’ame, qu’il croyoit matérielle. Voyez Marcionites.

Il y a eu d’autres Lucianistes qui ont paru quelque tems après les Ariens ; ils disoient que le pere avoit toujours été pere, & qu’il en avoit pû avoir le nom avant que d’avoir produit son fils, parce qu’il avoit la vertu de le produire, ce qui suppose l’erreur des Ariens au sujet de l’éternité du verbe. Dictionn. de Trévoux.

LUCIE, sainte ou sainte Alouzie, s. f. (Géog.) c’est une des îles Antilles, située dans l’océan, à 7 lieues de distance de la pointe méridionale de la Martinique, & à 10 de la partie du nord de l’île de saint Vincent.

Sainte-Lucie, peut avoir environ 25 lieues de

tour, la nature y a formé un excellent port dans lequel les vaisseaux de toutes grandeurs peuvent se mettre à l’abri des ouragans & de la grosse mer ; cette île est fort montagneuse, très-brisée & arrosée de plusieurs rivieres ; la terre y produit un grand nombre de fruits & de plantes, dont on pourroit faire un objet de commerce ; les bestiaux y multiplient beaucoup, & la chasse ainsi que la pêche y sont très-abondantes ; ces avantages sont un peu balancés par les maladies qu’occasionne le climat, & par la prodigieuse quantité d’insectes venimeux & de serpens dont le pays est rempli. En 1640 l’île de sainte Lucie n’étant occupée par aucune nation, M. Duparquet, gouverneur général des îles, en prit possession au nom du roi, sans nulle opposition de la part des Anglois de la Barbade ; il y fit passer une colonie qui depuis ce tems ne s’est pas fort étendue.

LUCIFER, s. m. (Astron.) est le nom que l’on donne à la planete de Venus, lorsqu’elle paroît le matin avant le lever du soleil. Comme cette planete ne s’éloigne jamais du soleil de plus de 48°, elle doit paroître sur l’horison quelque tems avant le lever du soleil, lorsqu’elle est plus occidentale que le soleil. Elle annonce alors pour ainsi dire, le lever de cet astre, & c’est pour cette raison que les Astronomes & les Poëtes l’ont nommée lucifer, c’est-à-dire, qui apporte la lumiere. Quand elle paroît le soir après le soleil, on la nomme hesperus ; ce mot lucifer pour désigner Venus, ne se trouve plus que dans quelques Astronomes qui ont écrit en latin. Voyez Phosphorus & Hesperus. (O)

Lucifer lapis, (Hist. nat.) nom donné par quelques Naturalistes à la pierre qui a la propriété de luire dans l’obscurité, telle que celle de Bologne, &c. Voyez Phosphore.

Lucifer, s. m. (Mythol.) nom que la poësie donne à l’étoile de Venus, lorsqu’elle paroît le matin, quand elle est orientale au soleil. Les Poëtes l’ont divinisée ; c’est le fils de la belle aurore aux doigts de rose, le chef & le conducteur des astres ; il prend soin des coursiers & du char du soleil, qu’il attelle & dételle avec les heures : on le reconnoît à ses chevaux blancs dans la voûte azurée, albo clarus equo ; & c’est pour lors qu’il annonce aux mortels, l’agréable nouvelle de l’arrivée de sa mere. Les chevaux de main, desultorii, n’étoient consacrés qu’à ce dieu ; Milton n’a pas oublié de le saluer sur son passage.

Wellcome Guide of the starry flock,
Fairest of stars, last of the train of night,
If better thou belong not to the down,
Sure pledge of the day ! Thou, crown’st the smiling morn
With thy bright circlet !

(D. J.)

LUCIFERE, (Littér.) Lucifera, surnom de proserpine, de Diane-lune, en un mot de la triple Hécate. Les Grecs invoquent Diane Lucifere pour l’accouchement, dit Ciceron, de même que nous invoquons Junon-lucine. Diane Lucifere est représentée, couverte d’un grand voile, parsemé d’étoiles, portant un croissant sur sa tête, & tenant à la main un flambeau élevé.

Pindare nous la décrit dans sa sixieme olympionique, où il lui donne l’épithete de λεύκιππος, à cause des chevaux blancs qu’elle attelloit toujours à son char, qui est celui que les Poëtes ont feint que Jupiter lui envoya dans le sombre royaume de Pluton, pour la ramener pendant quelque tems sur l’olympe ; la plûpart de nos médailles portent le nom de Diana Lucifera. (D. J.)

LUCIFERIEN, s. m. (Théolog.) nom de secte. On appelle Luciferiens, ceux qui adhererent au schis-