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Lunette, (Corroyeur.) C’est un instrument de fer, dont les corroyeurs & autres ouvriers en cuir se servent pour ratisser & parer les cuirs ; elle est de figure sphérique, plate & très-tranchante par sa circonférence extérieure. Il y a au milieu une ouverture ronde assez grande, pour que l’ouvrier puisse y passer la main pour s’en servir. Voyez-en la fig. dans nos Planches du Corroyeur, où l’on a aussi représenté un ouvrier qui pare un cuir avec la lunette.

Lunette d’une boîte de montre, (Horlog.) c’est cette partie qui contient le crystal. Voyez Boite de montre & la fig. dans nos Pl. de l’Horlogerie.

Lunette, fer à lunette, (Maréchal.) est celui dont les éponges sont coupées. On se sert de cette espece de fer dans certaines occasions.

Lunettes, ronds de cuir qu’on pose sur les yeux du cheval pour les lui boucher.

Si l’on veut travailler dans un manege un cheval qui a les seimes, il faut le ferrer à lunettes ; mais si l’on veut le faire travailler à la campagne, il faut le ferrer à pantoufle. Voyez Seime.

Lunette, en terme d’Orfev. en grosserie, c’est la partie d’un soleil destinée à recevoir l’hostie. Elle est fermée de deux glaces, & entourée d’un nuage d’où sortent des rayons. Voyez Nuage & Rayons.

Lunette, en terme de Peaussier, c’est un instrument dont ces ouvriers se servent pour adoucir les peaux du côté de la chair, & en coucher le duvet du même côté.

La lunette est un outil de fer fort mince, rond, & dont le diametre est d’environ dix pouces ; elle est évidée au centre de maniere à y placer commodément la main ; mais comme cet outil est fort mince, le diametre intérieur est garni de cuir pour ne point blesser l’ouvrier qui s’en sert. Le diametre extérieur est un peu coupant, pour racler aisément la peau, & en enlever toutes les inégalités. Voyez la fig.

Lunette, (Tourneur.) partie du tour, est un trou quarré, dans lequel sont deux pieces de cuivre ou d’étain qu’on appelle collets, qui y sont retenus par une piece qu’on appelle chaperon, attachée à la poupée avec des vis. Voyez Tour a lunette & les figures.

Lunettes, (Verrerie.) c’est ainsi qu’on appelle certaines ouvertures pratiquées aux fourneaux. Voyez l’art. Verrerie.

LUNETTIER, s. m. (Art méch.) ouvrier qui fait des lunettes, & qui les vend. Comme ce sont à Paris les maîtres miroitiers qui font les lunettes, ils ont pris de là la qualité de maîtres miroitiers-lunettiers. Les marchands merciers en font aussi quelque commerce ; mais ils n’en fabriquent point. Voyez Miroitier.

LUNEVILLE, (Géogr.) en latin Lunæ-villa ou Lunaris villa, jolie ville de Lorraine, avec un beau château où les ducs de Lorraine, & présentement le roi Stanislas tient sa cour. Ce prince y a établi un bon hôpital & une école de cadets pour l’éducation de jeunes gentilshommes dans l’art militaire. Il a encore embelli cette ville à plusieurs autres égards. Elle est dans une plaine agréable, sur la Vezouze & sur la Meurte, à 5 lieues S. E. de Nancy, 25 O. de Strasbourg, 78 S. E. de Paris. Long. 24d 10′ 6″. lat. 48d 35′ 23″. (D. J.)

LUNISOLAIRE, adj. (Astronomie.) marque ce qui a rapport à la révolution du soleil & à celle de la lune, considérés ensemble. Voyez Période.

Année lunisolaire est une période d’années formée par la multiplication du cycle lunaire, qui est de 19 ans, & du cycle solaire, qui est de 28. Le produit de ces deux nombres est 532.

Cette période est appellée dionysienne, du nom de

Denis le Petit, son inventeur. Quand elle est révolue, les nouvelles & les pleines lunes reviennent à très-peu-près aux mêmes jours du mols ; & chaque jour du mois se retrouve précisément aux mêmes jours de la semaine.

Dans l’ancien calendrier le jour de Pâques revenoit au même jour du mois au bout de la période dionysienne, parce qu’au bout de cette période la pleine lune de l’équinoxe tomboit au même jour du mois de Mars ou d’Avril, & qu’outre cela l’année avoit la même lettre dominicale. Voyez Année & Période. Chambers. (O)

L’UN SUR L’AUTRE, se dit dans le Blason des animaux & autres choses, dont l’une est posée & étendue au-dessus d’une autre.

Caumont en Agenois, d’azur à trois léopards d’or, armés, lampassés & couronnés, l’un sur l’autre.

LUNULE, s. f. (Géométr.) figure plane en forme de croissant, terminée par des portions de circonférence de deux cercles qui se coupent à ses extrémités.

Quoiqu’on ne soit point encore venu à bout de trouver la quadrature du cercle en entier, cependant les Géometres ont trouvé moyen de quarrer plusieurs parties du cercle : la premiere quadrature partielle qu’on ait trouvée, a été celle de la lunule : nous la devons à Hippocrate de Chio. Voyez Géometrie.

Soit AEB (Pl. de Géométrie, fig. 8.) un demi-cercle, & GC = GB ; avec le rayon BC décrivez un quart de cercle AFB, AEBFA sera la lunule d’Hippocrate.

Or puisque le quarré de BC est double de celui de GB (voyez Hypothenuse) le quart de cercle AFBC sera égal au demi-cercle AEB ; ôtant donc de part & d’autre le segment commun AFBGA, la lunule AEBFA se trouvera égale au triangle rectiligne ACB, ou au quarré de GB. Chambers.

Voyez sur la lunule d’Hippocrate & sur Hippocrate même, les mémoires de l’académie des sciences de Prusse, année 1748. Voyez aussi l’article Géométrie.

Différens géometres ont prouvé que non-seulement la lunule d’Hippocrate étoit quarrable, mais encore que l’on pouvoit quarrer différentes parties de cette lunule ; ce détail nous meneroit trop loin. On peut consulter un petit écrit de M. Clairaut le cadet, qui a pour titre, diverses quadratures circulaires, elliptiques & hyperboliques. (O)

Lunule, lunula, (Littér.) ornement que les patriciens portoient sur leurs souliers, comme une marque de leur qualité & de l’ancienneté de leur race. Martial nous le prouve lorsque pour caractériser une vieille noblesse il dit, liv. II. épig. 29, non hesterna sedet limatâ lingula plantâ.

Cet ornement, inventé par Numa, étoit, selon l’opinion la plus généralement reçue, une espece d’anneau de boucle d’ivoire qu’on attachoit sur la cheville du pié. Plutarque, dans ses questions romaines, regardoit cette boucle lunaire comme un symbole qui signifioit l’inconstance de la fortune, ou que ceux qui portoient de ces lunules seroient après leur mort élevés au-dessus de l’astre dont elles étoient l’image ; mais Isidore, Orig. liv. XIX. ch. xxxjv. prétend plus simplement que cet ornement représentoit la lettre C, pour conserver le souvenir de cent sénateurs établis par Romulus (D. J.)

LUNUS, (Art numer.) Le dieu Lunus, appellé Μὴν par les Grecs, paroît sur plusieurs médailles de Sardes ; il est représenté avec un bonnet phrygien sur sa tête & une pomme de pin à la main : il porte quelquefois un croissant sur les épaules, comme sur deux médailles décrites par Haym. On voit d’un côté la tête du dieu Lunus, avec le bonnet phrygien & le croissant : on lit autour ΜΗΝ ΑϹΚΗΝΟϹ ; de l’au-