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l’honneur de Belzébut, et qu’il savait embarrer en invoquant le nom du diable et en mettant un liard dans uñe aiguillette ; il dit, de plus, que le diable parlait en langage vulgaire aux sorciers, et que, quand il voulait envoyer du mal à quelqu’un, il disait ces mots : « Vach, vech, stet, sty, stu ! » Il persista jusqu’au supplice dans ces ridicules révélations, mêlées d’indécentes grossièretés[1]. Pour comprendre ces choses, voy. Sabbat.

Aurinie, druidesse dont les Germains vénéraient grandement la mémoire. Elle est antérieure à Velléda.

Aurore boréale, espèce de nuée rare, transparente, lumineuse., qui paraît la nuit, du côté du nord. On ne saurait croire, dit Saint-Foix, sous combien de formes l’ignorance et la superstition des siècles passés nous ont présenté l’aurore boréale. Elle produisait des visions différentes dans l’esprit des peuples, selon que ces apparitions étaient plus ou moins fréquentes, c’est-à-dire selon qu’on habitait des pays plus ou moins éloignés du pôle. Elle fut d’abord un sujet d’alarmes pour les peuples du Nord ; ils crurent leurs campagnes en feu et l’ennemi à leur porte. Mais ce phénomène devenant presque journalier, ils s’y sont accoutumés. Ils disent que ce sont des esprits qui se querellent et qui combattent dans les airs. Cette opinion est surtout très-accréditée en Sibérie.

Les Groënlandais, lorsqu’ils voient une aurore boréale, s’imaginent que ce sont les âmes qui jouent à la boule dans le ciel, avec une tête de baleine. Les habitants des pays qui tiennent le milieu entre les terres arctiques et l’extrémité méridionale de l’Europe n’y voient que des sujets tristes ou menaçants, affreux ou terribles ; ce sont dès armées en feu qui se livrent de sanglantes batailles, des têtes hideuses séparées de leurs troncs, des chars enflammés, des cavaliers qui se percent de leurs lances. On croit voir des pluies de sang ; on entend le bruit de la mousqueterie, le son des trompettes, présages funestes de guerre et de calamités publiques.

Voilà ce que nos pères ont aussi vu et entendu dans les aurores boréales. Faut-il s’étonner, après cela, des frayeurs affreuses que leur causaient ces sortes de nuées quand elles paraissaient ? — La Chronique de Louis XI rapporte qu’en 1465 on aperçut à Paris une aurore boréale qui fit paraître toute la ville en feu. Les soldats qui faisaient le guet en furent épouvantés, et un homme en devint fou. On en porta la nouvelle au roi, qui monta à cheval et courut sur les remparts. Le bruit se répandit que les ennemis qui étaient devant Paris se retiraient et mettaient le feu, à la ville. Tout le monde se rassembla en désordre, et on trouva que ce grand sujet de terreur n’était qu’un phénomène.

Ausitif, démon peu connu, qui est cité dans la possession de Loudun.

Auspices, augures qui devinaient surtout par le vol et le chant des oiseaux. Voy. Augures, Aruspices, etc.

Automates. On croyait autrefois que ces ouvrages de l’art étaient l’œuvre du démon. Voy. Albert le Grand, Bacon, Enchantements, etc.

Autopsie, espèce d’extase où des fous se croyaient en commerce avec les esprits.

Autruche. Il est bien vrai qu’elle avale du fer, car elle avale tout ce qu’elle rencontre ; mais il n’est pas vrai qu’elle le-digère, et l’expérience a détruit cette opinion erronée[2]. — Les traditions du moyen âge donnaient pour père à l’autruche un cygne et pour mère une chamelle.

Autun (Jacques d’). Voy. Chevannes.

Auxonne. On trouve dans le onzième tome des Causes célèbres l’histoire d’une possession qui eut lieu à Auxonne, au milieu du dix-septième siècle ; et l’attestation des faits a été signée par l’archevêque de Toulouse, l’évêque de Rennes, l’évêque de Rodez, l’évêque de Châlons-sur-Saône et par F. Morel, N. Cornet, Ph. Leroy, N. Grandin, tous docteurs de Sorbonne. Dix-huit femmes, les unes religieuses, les autres dû monde, se sont trouvées possédées, comme le reconnaissent les vénérables signataires de l’acte que nous citons, lequel porte la daté du 20 janvier 1652. La possession avait duré dix ans, avec des phases diverses. Toutes ces filles étaient pieuses et de mœurs pures. C’était donc une série d’épreuves. On nomme dans la déclaration authentique des faits Anne l’Écossaise, appelée sœur de la Purification ; Denise Parisot, servante du lieutenant général d’Auxonne ; la sœur M. Janini ; la sœur Humberte de Saint-François ; la sœur Marguerite de l’Enfant Jésus ; la sœur L. Arivey.

 
Auxonne
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Elles étaient agitées de convulsions lorsqu’il leur fallait se confesser ; elles frémissaient à la vue du Saint-Sacrement ; elles proféraient des blasphèmes ; elles se sentaient enlevées, courbées en deux ; elles se frappaient le crâne aux piliers de l’église sans en rien souffrir. Elles étaient insensibles aux piqûres, aux brûlures. Lorsque les exorcismes eurent obtenu leur délivrance, l’une d’elles vomit un gros crapaud ; Anne l’Écossaise vomit un morceau de drap enveloppé d’un cercle de cuir ; une autre rejeta un rouleau de taffetas
  1. Delancre, Tableau de l’inconstance des mauvais anges, liv. VI, disc. iv.
  2. Voyez Brown, Des erreurs populaires, liv. III, ch. xxii.