Page:Lazare - Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, 1844.djvu/54

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Les maisons nos 1, 9, 11, 13, 15 ; 2, 2 bis, et partie de celle no 4, sont alignées. — Égout et conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Lacarrière).


Barres (rue des).

Commence au quai de la Grève, no 22, et à la rue du Pont-Louis-Philippe, no 1 ; finit à la place Baudoyer, no 6, et à la rue Saint-Antoine, no 2. Le dernier impair est 17 ; le dernier pair, 34. Sa longueur est de 156 m. — 9e arrondissement, quartier de l’Hôtel-de-Ville.

En 1250, on l’appelait la ruelle aux Moulins des Barres, en raison des moulins situés sur la rivière à l’endroit qu’on appelait les Barres. En 1293, on l’appelait ruelle des Moulins du Temple, parce qu’alors ces moulins appartenaient aux Templiers. En 1362, on lui donne, dans un titre passé sous le règne de Charles V, la dénomination de rue qui va de la Seine à la porte Baudet. En 1386, on la nommait rue du Chevet-Saint-Gervais, et parfois rue des Barres. Au XVIe siècle, de la rue de la Mortellerie (aujourd’hui de l’Hôtel-de-Ville), à la rivière, c’était la rue Malivaux ; ce nom lui venait des moulins de Malivaux, placés sur la rivière, vis-à-vis de cette rue. Enfin, au XVIIe siècle, dans toute sa longueur, c’était la rue des Barres. — Une décision ministérielle, en date du 13 thermidor an VI, signée François de Neufchâteau, fixa la largeur de cette voie publique à 8 m. En vertu d’une ordonnance royale du 19 mai 1838, sa moindre largeur est portée à 10 m. Les maisons nos 2, 4, 8, 10, 24, 26, 28, 30, 32 et 34 sont alignées.

L’hôtel des Barres fut bâti vers 1250. En 1362, les moines de Saint-Maur l’achetèrent avec les moulins qui en dépendaient. On l’appela alors l’hôtel Saint-Maur ; cet hôtel fut habité plus tard par Louis de Bourdon, l’un des amants d’Isabeau de Bavière, femme de Charles VI. Allant un jour visiter la reine au château de Vincennes, ce gentilhomme rencontra le roi ; sans descendre de son cheval, sans en arrêter le pas, il se contenta de saluer Charles VI. Ce monarque l’ayant reconnu, ordonna à Tanneguy Duchâtel, prévôt de Paris, de s’emparer de sa personne. La nuit, Louis de Bourdon fut mis à la question, enfermé dans un sac et jeté dans la Seine, avec ces mots sur son linceul : Laissez passer la justice du roi. — Cet hôtel devint par la suite une propriété des seigneurs de Charni, qui lui donnèrent leur nom que l’habitude a conservé jusqu’à nos jours. Au XVIIIe siècle, on y avait établi le bureau de l’administration générale des aides. Il servit pendant une partie de la révolution de justice de paix, et devint après une maison particulière portant le no 4. La plus grande partie de cet hôtel a été démolie pour livrer passage à la rue du Pont-Louis-Philippe.

Le couvent des Filles de la Croix était situé dans cette rue. Ces religieuses, établies en 1664, avaient mission de s’occuper de l’instruction religieuse des jeunes personnes de leur sexe. Cette communauté fut supprimée en 1790. Devenue propriété nationale, elle fut vendue le 16 vendémiaire an IV. Elle porte aujourd’hui le no 14.


Barrés (rue des).

Commence à la rue Saint-Paul, nos 3 et 5 ; finit aux rues de l’Étoile, no 8, et du Fauconnier, no 2. Le dernier impair est 23 ; le dernier pair, 22. Sa longueur est de 121 m. — 9e arrondissement, quartier de l’Arsenal.

Cette rue doit son nom aux Carmes, qu’on désignait sous le nom de Barrés, en raison de leurs manteaux peints de différentes couleurs qui formaient des barres. On sait que ces moines, lors de leur arrivée à Paris, furent établis dans l’endroit occupé depuis par les Célestins. La rue dont nous parlons conduisait alors à leur couvent. On donna quelque temps à la rue des Barrés le nom de rue des Béguines, parce que le couvent de ces religieuses, aujourd’hui la caserne de l’Ave-Maria, y était situé. Elle reprit sous François Ier son ancienne dénomination de rue des Barrés, qu’elle conserve encore aujourd’hui. — Une décision ministérielle à la date du 8 prairial an VII, signée François de Neufchâteau, avait fixé sa moindre largeur à 8 m. En vertu d’une ordonnance royale du 4 août 1838, cette largeur est portée à 12 m. Les bâtiments de la caserne sont à l’alignement. — Conduite d’eau depuis la rue Saint-Paul jusqu’à la borne-fontaine. — Éclairage au gaz (compe Parisienne).


Barrières.

Avant 1784, la capitale n’avait pour limites que des murailles informes et grossières, et plus souvent encore de faibles cloisons de planches mal jointes.

Les fermiers-généraux, voulant arrêter les progrès toujours croissants de la contrebande, et faire payer les droits d’entrée à un plus grand nombre de consommateurs, obtinrent en 1784, de M. de Calonne, l’autorisation d’enfermer les faubourgs dans un nouveau mur d’enceinte. Les travaux furent commencés au mois de mai de cette même année, seulement alors du côté de l’Hôpital-Général (la Salpêtrière).

En 1786, l’enceinte méridionale était achevée. Les Parisiens commencèrent alors à faire éclater leur mécontentement par des plaisanteries et des jeux de mots, tels que ceux-ci :

« Le mur murant Paris rend Paris murmurant. »

_____« Pour augmenter son numéraire
_____» Et raccourcir notre horizon,
_____» La Ferme a jugé nécessaire
_____» De mettre Paris en prison. »

Le Doux, architecte de la Ferme générale, après avoir terminé ce mur d’enceinte, fut chargé de bâtir plus de soixante monuments pour servir d’entrées à la capitale. Cet artiste a montré en plusieurs circonstances une grande habileté.

En 1787, M. de Brienne, archevêque de Toulouse,