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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/138

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HISTOIRE DE FRANCE

des notaires cachés écoutaient et écrivaient... On prétend que Loyseleur l’encouragea à résister, pour la faire périr. Quand on délibéra si elle serait mise à la torture (chose bien inutile puisqu’elle ne niait et ne cachait rien), il ne se trouva que deux ou trois hommes pour conseiller cette atrocité, et le confesseur fut des trois[1].

L’état déplorable de la prisonnière s’aggrava dans la semaine sainte par la privation des secours de la religion. Le jeudi, la Cène lui manqua ; dans ce jour où le Christ se fait l’hôte universel, où il invite les pauvres et tous ceux qui souffrent, elle parut oubliée[2].

Au vendredi saint, au jour du grand silence, où tout bruit cessant, chacun n’entend plus que son propre cœur, il semble que celui des juges ait parlé, qu’un sentiment d’humanité et de religion se soit éveillé dans leurs vieilles âmes scolastiques. Ce qui est sûr, c’est qu’au mercredi ils siégeaient trente-cinq, et que le samedi ils n’étaient plus que neuf ; les autres prétextèrent sans doute les dévotions du jour.

Elle au contraire avait repris cœur ; associant ses souffrances à celles du Christ, elle s’était relevée. Elle répondit de nouveau « qu’elle s’en rapporterait à l’Eglise militante, pourvu quelle ne lui commandât chose impossible. — Croyez-vous donc n’être point sujette à l’Église qui est en terre, à notre Saint-Père

  1. App. 54
  2. « Usquequo oblivisceris me in finem ? » (Office du Jeudi saint, à Laudes.)