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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/350

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HISTOIRE DE FRANCE

sale maison des Bardi et Peruzzi avait fait naufrage au quatorzième siècle, après avoir prêté à Édouard III de quoi nous faire la guerre, cent vingt millions[1]. Au quinzième, la grande maison, c’étaient les Médicis, banquiers du Saint-Siège, qui risquaient moins, dans leur occulte commerce de la daterie, échangeant bulles et lettres de change, papier pour papier. L’ennemi capital de Jacques Cœur, qui le ruina[2] et prit sa place, Otto Castellani, trésorier de Toulouse, paraît avoir été parent des Médicis. Les Italiens et les seigneurs agirent de concert dans ce procès, et en firent une affaire. On ameuta le peuple en disant que l’argentier faisait sortir l’argent du royaume, qu’il vendait des armes aux Sarrasins[3], qu’il leur avait rendu un esclave chrétien, etc. L’argent prêté au dauphin pour troubler le royaume fut peut-être son véritable crime. Ce qui est sûr, c’est que Louis XI, à peine roi, le réhabilita fort honorablement.

Un autre ami du dauphin, encore plus dangereux, c’était le duc d’Alençon, dont la ruine entraîna, précéda du moins de bien près la sienne ; Alençon fut arrêté le 27 mai 1456, et le dauphin s’enfuit du Dauphiné, de France, le 31 août, même année.

Ce prince du sang qui avait bien servi le roi contre

  1. On ne peut estimer à moins de seize millions de ce temps-là (?)
  2. App. 167.
  3. Une telle accusation devait faire une grande impression au moment de la prise de Constantinople. La condamnation de Jacques Cœur est justement datée du jour de la prise de cette ville, 29 mai 1453. — Jacques Cœur aurait probablement péri s’il n’eût été sauvé par les patrons de ses galères, auxquels il avait donné ses nièces ou parentes en mariage. App. 168.