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Page:Milton - Cheadle - Voyage de l’Atlantique au Pacifique.djvu/170

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ne s’était pas encore brisé. Il y avait au milieu une large fissure, à travers laquelle nous pouvions voir l’eau bouillonner au-dessous. On enleva les roues d’une des charrettes ; puis elle fut poussée de façon à être placée en forme de pont sur la partie la plus dangereuse. Quand tout fut transporté, nous ôtâmes la charrette, et immédiatement la glace ébranlée se brisa en gros morceaux qui furent précipités dans le torrent ; quelques minutes après, la rivière se trouvait entièrement dégagée.

Nous étions encore à quelques journées du fort Pitt, quand nous fûmes rejoints par une bande des employés de la Compagnie ; partis de Carlton, ils nous tinrent compagnie jusqu’à Pitt. Ils marchaient à pied, ayant leurs bagages portés sur des travailles que traînaient des chiens. Une travaille est une machine indienne[1] qui se compose de deux perches attachées ensemble, de façon à former un angle aigu, et maintenues par des traverses. Le sommet de l’angle porte sur le dos du chien ou du cheval ; l’extrémité des perches divergentes traîne sur le sol, et le bagage est attaché aux traverses. Les Indiens s’en servent en place de charrettes. Nos nouveaux compagnons se trouvaient à bout de provisions et de munitions, en sorte qu’ils vécurent désormais à nos dépens, et, comme nous-mêmes nous étions assez peu en fonds, il nous fallut travailler dur pour tuer des canards et des poulets de prairies en nombre suffisant ; car dix hommes affamés dévorent une fameuse quantité d’oiseaux.

Une des habitudes des tétras des prairies nous mit à même de nous en procurer beaucoup. Au printemps, ces oiseaux se rassemblent lors du lever et du coucher de soleil, au nombre de vingt à trente, dans une place choisie, qui ordinairement est sur un bas coteau ou quelque plateau. Là, ils se mettent à danser,

  1. Nous ne sommes sûr ni de l’orthographe, ni du genre, ni de la signification exacte de ce substantif à cause d’une phrase du Tour du Monde, 1860, I, p. 275. où il est dit : « M. Palliser partit seul avec son fidèle Ismah, un grand chien loup de race indienne, attelé à un travail ou traîneau léger qui portait toute la fortune du voyageur. » (Trad.)