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informés que plusieurs partis d’émigrants, comptant ensemble à peu près deux cents hommes, principalement Canadiens, avaient, dans le commencement de cet été-ci, passé en se dirigeant vers la Colombie Britannique.

Le soir du 22 août, nous avions terminé nos arrangements et nous étions prêts à partir le lendemain matin. Nous avions engagé quatre hommes : Louis La Ronde, le chef et le guide de la caravane ; Jean– Baptiste Vital, Toussaint Voudrie et Athanase Bruneau. Tous étaient des métis français. La Ronde jouissait d’une excellente renommée comme chasseur et comme trappeur. Il était très-fier d’avoir accompagné le docteur Rae dans quelques-uns de ses voyages extraordinaires. C’était un garçon beau, grand, bien taillé, avec une belle figure et dont les attraits passaient pour irrésistibles auprès du beau sexe. Vital était une espèce de chien à la figure sinistre ; taille épaisse, cou de taureau, à l’air hargneux et mal bâti. Il prétendait avoir voyagé avec l’expédition du capitaine Palliser[1], et vantait continuellement son adresse, sa bravoure dans les rencontres avec les Indiens et le nombre extraordinaire d’ours gris qu’il avait tués. Voudrie était petit, brun, très-bavard et causant bien, mais ayant peu de prétentions à l’expérience des chasses et des voyages. Bruneau, fils d’un magistrat de la Rivière Rouge, était grand, avait bon air, mais son esprit était borné et il servait de plastron aux plaisanteries des autres. Nous causions avec nos hommes en français du Canada, car ils n’avaient qu’une notion très-imparfaite de la langue anglaise. Entre eux, ils se servaient d’une espèce de patois mêlé de français et d’indien, et qui pendant longtemps nous resta parfaitement inintelligible.

Nous nous étions procuré d’excellents chevaux de selle. Treemiss montait le cheval qui, dans les courses, était le champion

  1. Voir, sur le capitaine Palliser et son exploration des Montagnes Rocheuses, le Tour du Monde, 1er semestre de 1860, p. 274 à 294. (Trad.)