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Quand on parcourt les registres paroissiaux de catholicité des villes (registres de baptêmes, mariages et décès), on relève un nombre considérable de signatures lisibles. Il y avait donc des écoles ; leur contrôle était dévolu aux autorités ecclésiastiques, mais la plupart semblent avoir été déplorables. Les maîtres, trop souvent dépourvus de savoir et de moralité, cherchaient à enseigner, pour gagner leur vie, les éléments d’une science qui leur était étrangère.

Dans le dernier tiers du xviie siècle, à Lyon, un saint prêtre, Charles Démia, réforma cet état de choses et fut un précurseur, en matière d’éducation. Dix ans avant J.-B. de la Salle, le fondateur de l’Institut des Frères de la Doctrine chrétienne, il restaura l’instruction des enfants pauvres, garçons et filles, recruta des instituteurs et des institutrices, leur imposa un stage dans des séminaires, embryons d’écoles normales ; les soumit à des inspections périodiques et rédigea des règlements pédagogiques dont l’esprit est plus large que celui du manuel scolaire en usage (L’Escole paroissiale, par un prêtre d’une paroisse de Paris, Paris in-12, 1654.)

Avec l’appui de l’archevêque de Lyon, Mgr Camille de Neuville, il installa une première « petite école » en 1667 ; et en 1671 le séminaire de Saint-Charles derrière l’église Saint-Nizier, ensuite près des Cordeliers « pour y entretenir et élever des maîtres d’école et de pauvres ecclésiastiques destinés aux dits emplois ».

Dix ans après, en 1687, il créa au profit des femmes une maison de même nature d’où sortit la congrégation des Sœurs de Saint-Charles.

L’œuvre de Démia prospéra, s’étendit à tout le diocèse et eut sur la diffusion de l’instruction une influence capitale[1]. En 1689, on comptait à Lyon seize « petites écoles » fréquentées par 1.600 enfants ; plus tard, leur nombre fut de vingt[2].

Un Bureau comprenant seize personnes, prêtres et laïques, était préposé à l’administration ; Charles Démia le présidait. Ce Bureau, approuvé par deux ordonnances de Mgr de Neuville,

  1. Compayré. — Charles Démia et les origines de l’enseignement primaire ; Revue d’Histoire de Lyon, 1905, p. 241, 328, 436. Lyon, A. Rey et Cie éditeur.
  2. Cuissart, inspecteur primaire. — Revue du Lyonnais, mai 1880.