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Page:Rabelais marty-laveaux 04.djvu/255

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tiers livre, t. ii, p. 133-134

Page 133, l. 17 : Ne l’auoient faict quand le pouoient. « Quando potui non volui, & quando volui non potui, » dit un vieux brocard qu’on attribue à Saint Basile, De nugis curialium, VII, 17.

L. 22 : Sans rien faire. Cette idée revient souvent dans nos auteurs comiques : « Foi de demoiselle ! diſoit ma mere panſant ſes pourceaux, mon mari eſt auſſi noble que le roi ; il aime bien à ne rien faire, & ſe donner du plaiſir. » (Moyen de parvenir, p. 359)

Je t’ay ja dit que j’eſtois gentilhomme,
Né pour chommer, & pour ne rien ſçavoir.

Chacun d’eux reſolut de vivre en Gentilhomme,
Sans rien faire.

« Ton état ? — Gentilhomme. — Que fais-tu ? — Rien. » (Chamfort, Le Marchand de Smyrne)

L. 23 : Ne dea. Comme nê diâ. Voyez ci-dessus, p. 108, note sur la l. 4 de la p. 66.*

* Commencerent à renier & iurer. Ces mots sont suivis, dans l’édition antérieure à 1535, de rénumération suivante : « Les plagues dieu. Ie renye dieu, Frandiene vez tu ben, la merde, po cab de bious, das dich gots leyden ſchend, pote de chriſto, ventre ſainct Quenet, vertus guoy, par ſainct Fiacre de Brye, ſainct Treignant, ie foys veu à ſainct Thibaud, Paſques dieu, le bon iour dieu, le diable memport, foy de gentilhomme, Par ſainct Andouille, par ſainct Guodegrin qui feut martyrize de pomes cuyttes, par ſainct Foutin lapoſtre, par ſainct Vit, par ſaincte mamye. — Les éditions de 1535, 1537 et Dolet présentent la même variante ; seulement : Ia martre ſchend y remplace pote de chriſto ; Carimary, Carimara, foy de gentilhomme ; Nè diâ Mà diâ, par ſainct Vit.Po cab de bious équivaut à : « Têtebleu. » — Das dich gots leyden ſchend signifie : « Que la passion de Dieu t’envoie [au diable]. » — Pote… pour potere di Chriſto : « Pouvoir de Christ. » Pote est peut-être une allusion au mot libre italien pota, qui servait parfois de juron. — Ia martre ſchend : « Oui, que le martyre t’envoie… » — Né diâ Mà diâ (νὴ Δία, μὰ Δία) : « Oui, par Jupiter ! non, par Jupiter ! » — Quatre des jurons qui précèdent avaient été successivement adoptés par Louis XI, Charles VIII, Louis XII et François Ier ; ce qui avait donné lieu à Roger de Collerye d’écrire son Epitheton des quatre Roys (p. 260) :

Quant la « Paſque Dieu » deceda,
Le « Bon Iour Dieu » luy ſucceda ;
Au « Bon Iour Dieu, » deffunct & mort,
Succeda le « Dyable m’emport. »
Luy decedé, nous voyons comme
Nous duiſt la « Foy de Gentil Homme. »

Page 134, l. 8 : L’oracle des cloches de Varenes. Dans l’Itinerarium paradiſi de Jean Raulin (Pariſiis, 1524, Sermo de viduitate, fol. 148 vo) on trouve le récit suivant : « Certaine veuve vint demander à son curé si elle devait se remarier. Elle alléguait qu’elle était sans aide et qu’elle avait un très bon valet, habile dans l’art de son mari. Alors le curé lui dit : Bien ! prenez-le. Elle répondit : mais il y a danger à le prendre, de mon valet je ferai un maître. Alors le curé dit : Bien, ne le prenez pas. Mais elle : Que ferai-je ? Je ne puis soutenir ce poids que soutenait mon mari, si je n’en ai un. Alors, le curé dit : Bien, ayez-le. Et elle : Mais s’il était méchant et voulait perdre et usurper mon bien ? Alors le curé : Ne le prenez donc pas. Et ainsi, selon ses arguments, le curé se rangeait toujours à son avis. Mais voyant qu’elle voulait avoir ce valet et était à sa dévotion, il l’engagea à bien comprendre ce que lui diraient les cloches de l’église et à