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les matières huileuses. De leur union avec le soufre résulte une espèce de savon sulfureux, auquel on a donné le nom de foie de soufre ; (voy. Soufre) & de celle avec les huiles, les graisses, les résines, les baumes, &c. se forment des savons. (Voyez Savons) Enfin ils agissent plus ou moins facilement sur les substances métalliques.

Toutes ces propriétés conviennent aux alcalis en général ; mais il en est de certaines qui paroissent appartenir spécialement à chacun en particulier.

On connoît trois espèces d’alcali ; le végétal, le minéral, & le volatil : les deux premiers sont fixes.


§. II. De l’Alcali fixe végétal.

L’alcali fixe végétal est ordinairement sous forme concrète, terreuse, d’un blanc mat, & sans figure cristalline & régulière, quand il est privé d’air fixe ; sec, il n’a pas d’odeur ; humecté, il laisse échapper une légère odeur de lessive ; sa saveur est âcre, brûlante, caustique & urineuse. Exposé à l’air, il attire trois fois son poids d’humidité, tombe en déliquescence, & se résout en liqueur. Cette liqueur paroît avoir un caractère gras & huileux, quand on la touche ; cela vient des particules graisseuses de la peau qu’elle dissout. Ces propriétés lui ont fait donner, quoiqu’improprement, le nom d’huile. Il est très-propre à servir de fondant aux différentes terres, & à les changer en verres durs, solides & transparens.

De sa combinaison avec les acides, résulte une très-grande effervescence, lorsqu’il contient de l’air fixe. L’acide s’emparant de la terre & du phlogistique de l’alcali, chasse l’air fixe qui, s’échappant sous la forme de bulles, soulève avec violence la liqueur & la fait mousser considérablement. Avec l’acide vitriolique, il forme du tartre vitriolé ; avec l’acide nitreux, du nitre ou salpêtre ; avec l’acide marin, une espèce de sel marin ou commun, qui ne diffère de celui dont on fait usage, que par sa saveur qui est beaucoup moins agréable ; il est cependant employé en médecine sous le nom de sel fébrifuge de silvius : avec l’acide du vinaigre, il forme un sel neutre déliquescent d’une saveur très-piquante qu’on nomme tartre régénéré, ou plus communément terre foliée de tartre ; avec la crème de tartre, du sel végétal ; enfin, avec l’air fixe, l’alcali fixe végétal proprement dit, effervescent & non caustique ; car la causticité des alcalis dépend de leur privation de ce principe, & alors ils sont aux alcalis effervescens ce que la chaux est à la terre calcaire. (Voyez Chaux, où nous développerons cette théorie,) Combiné avec le soufre, il forme le foie de soufre, qui est un grand dissolvant de toutes les substances métalliques. Ce n’est pas que pour les dissoudre, l’alcali fixe végétal ait besoin d’être uni au soufre ; il les attaque avec assez d’énergie, surtout l’or, la platine, l’étain, le cuivre & le fer ; les autres ont besoin d’une préparation préliminaire, qui est la dissolution par un acide, pour être redissous par ce menstrue ; avec les substances huileuses, il compose des savons.

On dispute en chimie sur l’origine de l’alcali fixe végétal ; existe-