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solides, d’arrêter & de suspendre les excrétions les plus salutaires, & souvent de donner lieu à des maux qui conduisent inévitablement à la mort ; tels que les fortes tranchées, l’engorgement des parotides, la pleurésie. (Voyez ces mots) C’est à raison de sa froideur qu’elle a une vertu restreintive, & que nous l’indiquons en bains, dans le principe de la fourbure, dans l’entorse & dans certains engorgemens des jambes. La boisson ordinaire des animaux malades est l’eau blanche. Elle ne doit cette couleur qu’au son qu’on y ajoute. Il ne suffit pas pour la blanchir, comme font la plupart des maréchaux & des gens de la campagne, d’en jeter une ou deux mesures dans l’eau, qui remplit le seau ou le baquet à abreuver. Elle n’en reçoit alors qu’une teinture très-foible & très-légère, & participe moins de la qualité tempérante & rafraîchissante de cet aliment. Pour la bien faire, il suffit de prendre une jointée de son, de tremper les deux mains dans le seau, d’exprimer fortement & à plusieurs reprises l’eau dont le son est imbu, & de rejeter le son qui est parfaitement inutile. L’eau prend alors une couleur véritablement blanche ; on en prend une seconde jointée, & on agit de même : la blancheur augmente, & le mélange est d’autant plus parfait, que cette blancheur ne naît que de l’exacte séparation des portions les plus déliées du son, lesquelles se sont intimément confondues avec celles de l’eau. De cette manière l’eau ne devient pas putride aussi promptement. L’état de putridité est si frappant dans l’eau qui contient beaucoup de son, que la plupart des gens de la campagne sont dans l’usage d’y ajouter un peu de sel, ou quelque substance acide qui la corrige, telle que le vinaigre ; mais de quelque manière que l’eau blanche soit préparée ou corrigée, tant que l’on y laissera subsister long-tems le son, celui de froment sur-tout, elle contiendra un principe putride & mal-faisant, & ne conviendra jamais dans les maladies des bestiaux, principalement dans toutes celles où les humeurs tendent à la putridité. Il en sera de même de toutes les plantes piquantes, telles que les choux, les navets, les raiforts, que l’on a coutume de mettre dans la boisson des bœufs. Elles sont toutes capables d’augmenter l’alkalicité & la putridité des humeurs.

Lorsqu’il s’agit de rétablir les forces de l’animal ; à la suite d’une longue maladie, & dans les occurrences d’anéantissement, l’eau doit être blanchie par le moyen de quelques poignées de farine ; mais il ne faut pas précipiter, ainsi qu’on le fait communément, la farine dans l’eau ; elle se rassembleroit en une multitude de globules d’une épaisseur plus ou moins considérable ; il en résulteroit une masse qu’on auroit ensuite peine à diviser : il faut donc, à mesure que l’on ajoute la farine, la broyer avec les doigts, & la laisser tomber en poudre ; après quoi, agiter l’eau, & la mettre devant l’animal.

L’eau miellée sert aussi de boisson dans certaines maladies. Elle est très-adoucissante. On la fait en mettant une dose plus ou moins forte de miel dans l’eau destinée à abreuver l’animal, & en l’y délayant, autant qu’il est possible.