Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1782, tome 2.djvu/372

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Si la maladie est telle que l’on soit obligé de la lui faire prendre, il faut se servir de la corne.

On donne aussi quelquefois pour boisson les eaux distillées des plantes aromatiques, telles que la sauge, la menthe, &c. Celles qui sont journellement employées par les maréchaux, & parmi lesquelles on compte l’eau d’endive, de chicorée, de buglose & de scabieuse, ne sont nullement cordiales. Nous n’avons point encore trouvé parmi elles aucun effet qui puisse leur mériter ce nom. M. T.


BOITER, Médecine Vétérinaire. Un animal boite à la suite de plusieurs causes différentes. Nous n’observons point dans les animaux que la claudication provienne de naissance, mais plutôt & ordinairement par divers accidens externes, tels que l’écart, l’effort de cuisse, l’entorse, l’éparvin, la courbe, le ganglion, l’atteinte, le javart, &c. (Voyez ces mots) La claudication est plus ou moins grande, selon les degrés du mal ; & nous distinguons, par exemple, celle de l’épaule du cheval qui a pour principe un heurt, un coup ou un froissement causé par les mamelles de l’arçon, à l’enflure de la partie, & à la douleur que l’animal ressent, lorsque l’on tente de mouvoir son bras de devant en arrière. Si, au contraire, elle procède de l’épaule & du bras, ou de la cuisse, du jarret & du boulet, ordinairement elle est moindre, quand l’animal ayant marché, ces parties se trouvent échauffées ; au lieu que quand elle procède du pied, l’animal, après le plus léger exercice, boite toujours davantage ; on s’en assure encore mieux en le déferrant, pour découvrir le foyer du mal. M. T.


BOL, ou terre bolaire, terre sigillée, est une vraie argile, blanche ou colorée, d’un grain extrêmement fin, & qui s’attache plus fortement à la langue que les autres argiles ; elle contient aussi plus de terre ferrugineuse. On a attribué autrefois de grandes vertus aux bols. Les cérémonies religieuses que l’on employoit pour les tirer de la terre, ont encore augmenté l’idée de ses merveilleuses propriétés dans l’esprit du peuple toujours crédule & toujours dupe de ses yeux. Si les terres bolaires jouissent de quelques qualités médicinales, elles les doivent certainement au principe ferrugineux qu’elles contiennent & qui leur donne leur couleur ; car l’analyse chimique démontre que toutes en contiennent plus ou moins ; & l’on connoît l’action du fer sur l’économie animale, dans diverses maladies.

Leur usage a été & est encore trop fréquent en médecine, pour que nous n’examinions pas s’il est bien fondé, & s’il ne pourroit pas être suppléé par des remèdes plus simples & plus directs. On a regardé les bols comme emplastiques, alexipharmaques, dessiccatifs, astringens, fortifians, résolutifs, propres à adoucir les acides intérieurement, & à arrêter la dyssenterie, le flux & le crachement de sang. Cette longue énumération de vertus doit d’abord les faire soupçonner par un médecin sage, à qui les remèdes universels ne paroissent que des remèdes, ou vains, ou dangereux. De plus, il