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bois proprement dit, & fournit à son accroissement. L’écorce (Voyez ce mot) est composée de plusieurs couches qui s’enveloppent les unes les autres, & qui toutes sont recouvertes par une peau très-fine, l’épiderme. Si on enlève cet épiderme & une partie de l’écorce, la plaie se refermera promptement, & sa trace sera presque totalement effacée. Si la plaie A (Figure 6, Planche 8, page 255) est profonde, qu’un fragment de l’écorce entière soit enlevé, & en un mot, qu’elle pénètre jusqu’au bois qui reste ainsi à découvert, en suivant attentivement les progressions de la marche de la nature, l’on voit sortir des couches les plus intérieures de l’écorce, ou plutôt d’entre l’écorce & le bois, une production charnue, verdâtre, assez molle d’abord, & presque herbacée, qui prend à l’air de la solidité. Ce bourrelet paroît d’abord à la partie supérieure de la plaie B, ensuite sur les côtés, & enfin au bas de la plaie C ; mais il y demeure toujours plus petit qu’à la partie supérieure. Insensiblement ce bourrelet augmente, il acquiert de l’étendue & de la surface, & il finit par recouvrir tout le bois, sans cependant s’unir & adhérer avec lui. L’écorce, ou le bourrelet, est donc le seul moyen dont la nature se sert pour cicatriser une plaie ; le bois n’y entre pour rien. Exposé à l’air, il se dessèche, il se durcit, & l’aubier devient un vrai bois. (Voyez Aubier) Il n’en est pas de même si l’on recouvre la plaie, & qu’on la défende du contact de l’air, le bois lui-même concourt à cette réproduction. M. Bonnet de Genève, cet illustre savant, s’en est assuré en recouvrant une plaie faite à un arbre, avec un tuyau de cristal. Il vit d’abord à travers ce cristal sortir du haut de la plaie un bourrelet calleux, qui parut ensuite sur les côtés & à la partie inférieure. Peu après il observa çà & là, sur la surface du bois, de petits mamelons gélatineux & isolés, qui paroissoient naître des interstices des fibres de l’aubier, qui étoient demeurées attachées au bois. En divers endroits de la surface du bois, se remarquoient de petites taches rousses qu’il étoit facile de reconnoître pour des membranes ou des couches naissantes. Elles s’épaississent par degré ; des productions grenues, blanchâtres, demi-transparentes & gélatineuses soulèvent les feuillets membraneux : cette matière gélatineuse devient grisâtre, puis verte ; & toutes ces productions, en se prolongeant du haut en bas, recouvrent la plaie & forment la cicatrice.

Si l’incision, au lieu d’être perpendiculaire, est horizontale, c’est à-dire, si l’on enlève un anneau entier d’écorce, la cicatrice se forme différemment ; le bourrelet naît, à l’ordinaire, à la partie supérieure de la plaie, mais jamais à la partie inférieure.

Pour produire ce bourrelet, il n’est pas nécessaire de faire une incision ; il suffit seulement de pratiquer une ligature & de serrer fortement la tige d’un jeune arbre avec cinq ou six révolutions d’une ficelle ou d’un fil de fer : on voit bientôt se former un bourrelet au-dessus de la ligature. (Voyez Pl. ibid. ABC) Les racines sont susceptibles de produire des bourrelets, comme on le voit en B. Enfin les branches même