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ple développement de ces boutons, de ces mamelons intercutanés ? Cette idée me paroît plus que probable. Je conviens, il est vrai, que les racines partent des petites consoles qui servoient de supports aux boutons à bois enfouis dans la terre, & qui y ont pourri. Ces supports sont des bourrelets déjà formés ; il n’est donc pas étonnant qu’ils poussent des racines ; mais la nature toujours riche & variée dans ses ressources, se sert, pour second moyen de réproduction, de boutons intercutanés.

I. Du tems de faire les boutures. Il faut distinguer les climats que l’on habite, & l’espèce d’arbre sur lequel on opère. Dans les provinces méridionales, telles que la Provence & le Languedoc, & quelques provinces adjacentes, on peut faire des boutures de certains arbres, aussi-tôt après la chûte des feuilles ; par exemple, des saules, des peupliers, &c. parce que la douceur des hivers conserve un reste de séve, & permet même à une nouvelle de monter dans la tige ; les bourrelets se forment, quelques radicules poussent, & la reprise des plantards ou plançons est plus assurée & mieux préparée pour le printems, sur-tout lorsque cette saison est chaude & saine, ainsi que cela arrive communément. D’ailleurs, la végétation de tous les bois blancs est très-précoce, & c’est un grand point de n’y apporter aucun retard.

Sous un autre climat, où la terre reste engourdie pendant plusieurs mois de l’année, il convient de laisser passer les froids, & faire les boutures dès qu’on s’apperçoit du premier mouvement de la séve.

Si on opère sur des arbres délicats, dans quelques pays que ce soit, la prudence exige d’attendre les premiers jours du printems, & de ne pas confier indiscrétement à la terre, une bouture qui aura à redouter les rosées froides, les gelées blanches, & dont la circulation de la séve sera sans cesse interrompue.

II. Du terrain propre aux boutures. Sa qualité est subordonnée à l’espèce de plant qu’il doit nourrir. Un plançon ou plantard de bois blanc, tel que les saules, les peupliers, &c. ne réussira pas, si le terrain est trop sec, & celui de coignassier, de grenadier s’il est trop humide. Toute bouture dont le bois est poreux, exige une terre forte, parce qu’elle pousse facilement des racines par les bourrelets qui s’y forment : ces bourrelets ne naissent pas si facilement sur les bois durs ; le buis sert d’exemple : plus une bouture a de peine à laisser percer ses racines, plus ses racines sont tendres, foibles & délicates, plus le terrain doit être léger, friable, & en même tems nourrissant.

III. De la manière de faire les boutures. Les principes développés aux mots Bourrelet, Boutons, indiquent toute la théorie de l’art de faire des boutures.

Premier genre. Dans les bois communs tels que le saule, les osiers, quelques peupliers, (l’ypreau ne prend que de plants enracinés) le mûrier, &c. il faut choisir des branches saines, vigoureuses, garnies de boutons, & principalement celles qui ont sur leur écorce des bourrelets, des tumeurs, &c. les