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contre les autres. Ces plantules ont des racines, des tiges, des rameaux, &c. le tout en miniature. Les racines chancissent souvent dans les terrains trop humides, sur-tout si cette humidité a lieu pendant les grandes chaleurs. Un débordement du Rhône, dans le courant du mois d’Août, & à l’époque du renouvellement de la sève, fit périr presque tous les arbres fruitiers dont le pied fut couvert par l’eau. Je fis déchausser un grand nombre d’arbres ; les racines étoient chancies, & en moins de quinze jours les arbres périrent.

Si la chancissure, cette dangereuse maladie, provient d’un terrain habituellement aquatique, il faut renoncer à y planter des arbres fruitiers. Si elle est accidentelle & occasionnée par des blessures, le jardinier attentif déchaussera l’arbre dès qu’il le verra souffrir, coupera les racines noires ; il ira jusqu’au vif, changera la terre, & ensuite donnera un bouillon ou demi-bouillon, (voyez ce mot) suivant l’exigence des cas ; que si la chancissure est trop générale, il vaut mieux arracher l’arbre que de travailler en pure perte.

La chancissure partielle mine l’arbre, & insensiblement l’entraîne à sa destruction. Cette maladie se soutient souvent pendant plusieurs années de suite : l’arbre végète, mais il végète mal ; ses bourgeons sont fluets, mal nourris, courts ; ses fleurs, pour la plupart, tombent sans aoûter ; & si quelques fruits subsistent, ils sont plutôt mûrs que ceux de la même espèce sur des arbres sains, & presque toujours remplis de vers : d’ailleurs ils ont peu de goût. On peut dire de ces arbres, qu’ils se nourrissent plus par leurs feuilles (voyez ce mot) que par leurs racines, quoique ces feuilles annoncent par leur vert triste & pâle, l’état de leur souffrance. Souvent l’arbre est dépouillé aussi-tôt que le fruit est parvenu à sa maturité. Arrachez sans miséricorde de pareils arbres, dès que les remèdes sont insuffisans. Ils occupent inutilement une place, attestent le peu de connoissance du jardinier, ou la mauvaise qualité du sol ; enfin, ils déparent un jardin fruitier.


CHANCRE, Médecine rurale. Le jardinage a emprunté ce mot de la médecine. Il faut donc parler du chancre relativement à l’homme & aux animaux, & relativement aux arbres.

Le chancre est un petit ulcère qui vient à la bouche, aux lèvres & aux parties naturelles des deux sexes ; il jette un pus jaune, vert ou gris ; il est entouré de petits vaisseaux sanguins gonflés, semblables aux pattes d’un petit cancre.

Le chancre est simple ou compliqué. Le chancre simple vient souvent de mal-propreté ; & en lavant la partie sur laquelle il est placé, avec de l’eau & du vinaigre, il disparoît. Le chancre compliqué est un effet de la vérole. (Voyez ce mot) M. B.


Chancre, Médecine vétérinaire. La bouche du bœuf, du cheval & de l’âne, & sur-tout la langue, sont le siège de ce mal. Il s’annonce par une tumeur remplie d’une humeur rousse & fluide, qui se fait jour d’elle-même, & produit une cavité dont la grandeur augmente en très-peu de tems, souvent jusqu’à détruire les parties circonvoisines. Les aphtes remplis de sérosités, & quelquefois terminés par une pointe noire, sont des vrais chan-