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ORME, ORMEAU. Tournefort le place dans la trentième section de la vingtième classe des arbres à fleur d’une seule pièce, dont le pistil devient un fruit membraneux, & il l’appelle ulmus campestris & Theophrasti. Von-Linné le classe dans la pentandrie digynie, & le nomme ulmus campestris.

I. Fleur ; d’une seule pièce ; le calice tient lieu de corolle, il est en forme de cloche, divisé par ses bords en cinq parties droites, intérieurement colorées & vertes en dehors ; ses étamines sont au nombre de cinq.

Fruit ; membraneux, large, ovale, sec, comprimé, échancré à son sommet, renflé dans son centre, où se trouve renfermée une semence en forme de poire un peu comprimée.

Feuilles ; portées par des pétioles ; simples, entières, ordinairement rudes à la surface, dentées par les bords à double rang en manière de scie ; les dentelures inégales vers la base.

Racine ; ligneuse & très-fortement traçante.

Port. Très-grand arbre dont le tronc est droit, l’écorce rude, brune & rougeâtre en dehors, blanche en dedans. Les jeunes tiges souvent chargées de grosses vessies produites par des pucerons qui les habitent ; les fleurs sont portées sur des péduncules disposés en tête au sommet des tiges.

2. L’orme d’Amérique. Les dentelures des feuilles sont simples, égales, mais inégales à leur base ; il est originaire de Virginie : c’est l’ulmus americana. Lin.

3. L’orme nain, originaire de Sibérie, ulmus pumila. Lin. Il diffère des premiers par la petitesse de ses feuilles & de sa tige, par ses feuilles également dentelées ou égales à la base.

Cet arbre produit un grand nombre de variétés ou espèces jardinières (voyez ce mot) très-difficiles à décrire à cause du peu de différence qui se trouve entre elles, sans même parler des variétés à feuilles panachées de différentes couleurs.

Ces panachures doivent leur existence à une maladie, & on les perpétue par la greffe. La plus intéressante de toutes les variétés, pour l’agrément, est l’ormeau à larges feuilles, vulgairement appelé de Hollande.

On nomme mal à propos orme mâle, puisque toutes les fleurs de cet arbre sont hermaphrodites, la variété dont les feuilles sont petites, & dont les branches sont serrées contre les tiges ; & orme femelle, la variété à feuilles plus grandes, & dont les branches s’écartent du tronc. Les ormes à larges feuilles ont le bois plus tendre, & d’une couleur moins foncée que ceux à petites feuilles.

II. De leur multiplication. Cet arbre prend de bouture (voyez ce mot), si on a soin d’entretenir l’humidité nécessaire dans le sol. Les boutures, doivent être faites au commencement de novembre, surtout pour les provinces du midi, ou en février. La première époque est à préférer, ainsi que pour les marcottes ou les couches ; (voyez ces mots) deux autres manières de le multiplier & d’avoir des sujets bientôt en état d’être replantés par rejetons. Si on coupe un ormeau par le pied, quelque temps avant qu’il soit tout-à-fait sur son retour, il sortira un grand nombre de pousses des racines les