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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/348

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plus superficielles & de toutes celles qui sont exposées à l’air. Pour multiplier ces rejetons, il suffit d’ouvrir des tranchées, & toutes les racines qui se trouveront exposées à l’air, pousseront des tiges à l’endroit où elles auront été coupées. On peut, de cette manière, établir fort aisément un taillis ou une masse de grands arbres, si on élague les taillis. Il suffit donc de sacrifier quelques pieds d’ormeaux à des distances données, & diviser le sol par des tranchées. Lorsque les racines ont poussé un nombre suffisant de sujets, on jette dans la tranchée la terre qu’on en avoit ôtée, & bientôt leurs racines s’étendant dans cette terre remuée & travaillée, & bonifiée par les météores, (voyez le mot Amendement) procurent aux jeunes pieds une très-forte végétation.

Il faut cependant convenir que les arbres ainsi élevés ne sont jamais aussi beaux que ceux venus de brins, c’est-à-dire par le semis.

Dès qu’on s’apperçoit que la graine commence à tomber de l’arbre, qu’elle est emportée par les vents, c’est le temps de la cueillir pour la semer tout de suite ; on la secoue de dessus l’arbre, ou bien on la ramasse par terre avec des balais.

La terre destinée au semis doit être douce, légère, substantielle, & défoncée à la profondeur de deux fers de bêche. (Voyez ce mot) Elle sera très-bien placée à l’abri du soleil du midi & du soir, surtout dans les provinces du midi.

La graine doit être semée très-dru & recouverte d’un demi-pouce de terre ; un lit très-léger de paille hachée ou de mousse, empêchera la trop grande évaporation de l’humidité, & maintiendra la fraîcheur nécessaire. Il vaut mieux semer dans des caisses profondes, parce qu’on les a plus sous la main ; il est plus facile de les nettoyer des mauvaises herbes, & de les arroser au besoin. Si on sème en pleine terre & en planche, il est plus avantageux de semer par sillons qu’à la volée. L’espace qui reste entre chaque sillon permet de sarcler, & de donner, de temps à autre, de petits labours. Les graines germeront, & sortiront de terre vingt ou trente jours après avoir été semées. À la fin de la seconde année, on lève les plants, & on les transplante en pépinières.

L’auteur de la Maison Rustique n’a sans doute jamais vu la graine de l’ormeau, puisqu’il s’exprime ainsi : « Il faut amasser, au mois de septembre, la graine qui se forme dans les petits boutons des feuilles de chaque orme. Il est bon que cette graine soit déjà un peu rouge & bien menue, sans cependant qu’elle ait rien perdu de sa forme. D’autres cueillent cette graine au mois de mars, quand l’orme commence à jaunir, que ses bourgeons ne sont encore qu’en grappes, d’où les feuilles naissent ensuite, & où la graine est aussi enfermée : on la fait bien sécher à l’ombre pendant plusieurs jours, & dans quelque temps qu’on l’ait amassée, on la sème en plein champ au mois de mars sur des planches de terre grasse, humide & labourée ». Souvent dans les provinces du nord du royaume, l’orme n’est pas fleuri en avril, & sa graine n’est ordinairement mûre qu’en mai ou en juin dans celles du midi ; il n’est donc pas possible de semer en mars une graine qui n’existe pas encore. Qui croiroit que