Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/464

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sans nombre, de sécheresse & d’humidité, par la rigueur des gelées, &c. produise le même effet que s’il avoit été enterré aussitôt qu’il a été porté sur le sol ? Le pacage, au contraire, peut avoir lieu sur les champs depuis la fin de l’hiver jusqu’en octobre ou novembre, & la fiente & l’urine du mouton recouvertes au moins par un fort coup de charrue, puisqu’aussitôt qu’un champ ou une partie d’un grand champ ont eu le parc, le bon cultivateur ne diffère pas le labour ; & il règle, sur les besoins du sol, le nombre de nuits que le troupeau doit rester au même endroit. J’aimerois mieux faire parquer à deux reprises différentes sur le même local, que pendant deux nuits consécutives. La quantité d’engrais jetée tout à la fois, ne produit pas autant d’effets que la même quantité mise en deux fois. Il faut donner le temps à la première de se décomposer, pour former ensuite avec le sol de nouvelles combinaisons d’où résultent les matériaux de la sève. Consultez les articles amendemens, engrais, fumier, ils sont essentiels pour bien entendre ce que je viens de dire.

Le parc établit l’engrais d’une manière uniforme sur le champ ; ce qui n’arrive jamais par le transport des fumiers de basse-cour. Le crottin, par sa forme ronde, roule dans le sillon que trace la charrue, & il est enterré. Le fumier de basse-cour, presque toujours à pailles longues & mal consommées, reste en grande partie sur la crête du sillon, sur-tout s’il est grumelé ou rassemblé, en mottes. Par le parc, le fumier se trouve tout transporté, au lieu que celui de la basse-cour exige le travail des valets, du bétail ; il fait perdre un temps très considérable, & les champs éloignés de la métairie, ne sont jamais fumés ; au lieu que le parc ne compte pas les distances, ni les mauvais chemins, ni l’élévation du champ, ni la perte du temps. Enfin, le parc, après avoir contribué à l’amélioration de la terre, conserve la santé du troupeau & perfectionne sa laine. Il est constant qu’avec un bon travail & un parcage soutenu, les terres, & même les médiocres, ne souffriroient pas les jachères. Consultez ce mot, qui devroit être inconnu au bon cultivateur.

Si les prairies ne sont pas humides, on peut y faire parquer pendant l’hiver même ; celles des coteaux produisent alors des récoltes aussi abondantes que celles de la plaine, pour peu que la saison les favorise. L’effet du parc sur les lusernes est prodigieux ; il seroit également avantageux sur les blés ; la dent du mouton rasera leur fane & ils en talleront beaucoup plus.


PARCOURS ou VAINE PÂTURE. Droit très-varié & souvent trop étendu suivant diverses coutumes & divers réglemens de plusieurs de nos provinces, par lequel tout particulier a le pouvoir de faire paître ses troupeaux, ses bestiaux sur les champs qui ne lui appartiennent pas, après que la récolte des blés est levée ; même sur les prairies, aussitôt après la première coupe du fourrage, & jusqu’à ce que l’herbe commence à repousser après l’hiver.

La vaine pâture, bien entendue, est de droit naturel ; personne ne peut empêcher un individu quelconque de conduire son troupeau sur un chemin public, & de lui laisser paître l’herbe qu’il y trouve, parce que ce chemin n’appartient à personne en