Aller au contenu

Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/311

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de terrain tout autour de l’arbre sans le labourer, mais le travailler ensuite avec la bêche, (consultez ce mot) ou avec la pioche. Ce genre de labour vaudroit en lui-même beaucoup mieux, & les racines ne seroient pas endommagées. Qu’on ne se plaigne donc pas de la caducité précoce des pommiers & des poiriers. On ne leur laisse pas le temps de réparer le mal qu’on leur fait chaque année en labourant.

Afin de faciliter la cueillette du fruit, afin de le moins exposer à l’impétuosité des vents, on coupe la tête de l’arbre à la hauteur de 6 à 7 pieds ; mais comme le pommier a une tendance à incliner ses branches vers la terre, il suit delà que la récolte en grains est toujours médiocre sous l’arbre. L’avoine est parmi les graminées la plante qui y réussit le moins mal ; mais pour cela elle doit avoir été semée avant l’hiver, parce qu’à l’époque de la fleuraison & de la feuillaison du pommier, elle a acquis beaucoup de force, & l’arbre n’est parfaitement feuillé que vers le moment où l’on met la faucille dans l’avoine.

Le second genre de plantation consiste à disposer les arbres en quinconce sur un champ entier. Avant de s’y déterminer, on doit observer que les pommiers à cidre ne prospèrent pas dans un fond argileux. Ce fond retient trop l’humidité, qui, réunie à celle qui est ordinaire dans l’atmosphère du pays, entretient & accélère prodigieusement la végétation des mousses & autres plantes parasites. Cet arbre réussit très-bien dans les terres fortes, mais perméables aux racines ; cependant il vaut beaucoup mieux conserver ces terrains pour le grain qui y réussit à merveille. Les terres de médiocre qualité sont celles qu’il convient de destiner aux plantations.

Ces arbres demandent à être espacés de 36 à 40 & 45 pieds, si on veut se procurer deux récoltes, celle de pommes & celle de grains. Toute plantation plus rapprochée nuit à l’une & à l’autre ; il est aisé d’en sentir les raisons. D’ailleurs, cette distance facilite le labourage, & on travaille ensuite les arbres aux pieds, comme il a été dit à l’article olivier. Si on fume tous les deux ou trois ans le pied des arbres, une plus abondante récolte dédommagera de cette avance. L’ouverture des fosses & la plantation des arbres sont les mêmes que pour l’abricotier, (consultez ce mot) ou pour tous les arbres fruitiers. Les gazonnées jetées au fond des fosses, sur-tout dans les terrains maigres sont très-avantageuses. Plus le terrain est maigre, plus la fosse exige de largeur & de profondeur, afin de faciliter une forte végétation pendant les premières années, dont l’arbre profitera tant qu’il subsistera. Comme les racines sont toujours en raison des branches, plus ces dernières acquerront de force, & plus les autres profiteront. Les arbres & toutes les plantes en général se nourrissent autant par leurs feuilles que par leurs racines ; (Consultez le mot Amendement) l’équilibre s’établit entre les branches & les feuilles, & de cet équilibre résulte une forte végétation : enfin lorsque les racines parviennent à la terre maigre qui environnoit la fosse, elles ont plus de force pour s’étendre, pour y pénétrer & aller chercher les sucs qui leur sont propres, que si la fosse