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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/607

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ou long le bourgeon du sommet de ces branches, l’œil supérieur de ce bourgeon poussera avec force l’année suivante, attirera à lui la plus grande partie de la sève. On aura beau le pincer, l’arrêter, vers le mois d’août, l’œil au-dessus de la taille n’en poussera pas moins, & à la taille d’hiver, il faudra de nouveau rabaisser, non-seulement le jet qui s’est formé pendant l’été, mais encore une partie du bois du premier jet du bourgeon ; c’est-à-dire que tout le travail de la nature se réduira à vous donner des fagots, & à appauvrir le bas de la tige droite, pour nourrir sa supérieure, que vous êtes forcé de rabaisser.

Pendant-que la sève gagne toujours le haut de la tige, le milieu & le bas se garnissent de boutons à fruit, de brindilles, de bourses, (consultez ces mots) & tous deviennent si nombreux, qu’il ne perce plus de boutons à bois ; il en résulte des toupillons de petites branches informes, des têtes de saules &c ; les canaux des vieux rameaux à fruit s’oblitèrent, les bourses, à force d’avoir donné du fruit, se dessèchent ainsi que les brindilles devenues boutons à fruit ; enfin, toute la partie inférieure de cet arbre est hideuse, pendant que la supérieure présenté les signes de la vigueur.

Un jardinier prudent commence par couper au niveau du tronc, la branche du milieu la plus perpendiculaire, laisse les deux voisines & les incline, s’il le peut, à l’angle de 45 degrés, afin de faire refluer la sève dans la partie inférieure, & empêcher qu’à l’avenir elle ne s’emporte vers le sommet ; les deux branches suivantes sont abattues comme celle du milieu ; enfin les deux dernières sont inclinées de manière quelles tiennent le milieu entre la surface de la terre & le point qu’occupent les deux autres branches dirigées sous l’angle de 45 degrés.

Est-ce par le secours des quatre branches laissées que l’arbre doit être rajeuni. Oui & non. Oui, si elles sont encore assez jeunes pour donner, sans peine, de nouveaux bourgeons, après en avoir rigoureusement supprimé tous les chicots, les bois morts, les bourrelets, nommés grognons par les jardiniers, les têtes de saule, &c. ; enfin, après les avoir réduites à ne conserver que de bon bois. On doit bien prévoir que ces branches une fois nettoyées & fixées à leur place, exigent que chaque plaie soit recouverte sans délai avec l’onguent de S. Fiacre ; parce que, étant nécessairement en très-grand nombre, elles feroient beaucoup souffrir l’arbre & peut-être même lui donneroient la mort. Mais si au contraire ces branches ne sont pas vigoureuses, je les soumets également à l’angle de 45 degrés, du moins les deux supérieures, après les avoir nettoyées & appropriées comme les précédentes, non pour qu’elles forment les mères branches de l’arbre, mais pour qu’elles en tiennent la place jusqu’à ce que de nouvelles pousses mettent dans le cas de les supprimer entièrement. Je les incline à l’angle de 45 degrés, afin que la sève ne trouvant plus de ligne perpendiculaire, reflue avec moins d’abondance à leur partie supérieure & reste plus long-temps dans le bas & près du tronc où elle aidera & facilitera la sortie de nouveaux bourgeons.