dente. Cependant, si on craignoit qu’une branche trop longue & trop foible ne succombât sous son poids, on lui laisseroit le nombre de ligatures suffisantes, & jusqu’à nouvel ordre, c’est-à-dire, jusqu’au moment de l’assujettir lors de la taille générale.
Les jardiniers ordinaires ne sentent pas l’importance de couper toutes les anciennes ligatures, & surtout ceux qui prennent à prix fait la taille des arbres d’un jardin : ils trouvent leur travail très-diminué, & c’est autant de journées gagnées pour eux. Ils devroient observer que sur les arbres vigoureux, les mères-branches, celles du second & du troisième ordre, acquièrent beaucoup de volume, & que même, dans la première année, si on n’y veille de près, les ligatures compriment l’écorce, souvent s’y implantent, enfin causent un bourlet, (consultez ce mot) qui nuit beaucoup, sur-tout au mouvement descendant de la sève pendant la nuit. (Consultez ce mot) Que l’on juge donc du malaise qu’éprouvera toute cette partie de L’arbre, si la même ligature est conservée pendant l’année suivante. La véritable destination des ligatures est de maintenir les branches & les bourgeons, dans la position qui est jugée la plus convenable, & non pas de les étrangler.
Comme la saison d’hiver est celle où les jardiniers sont les moins occupés, d’ailleurs, comme les arbres sont dépouillés de leurs feuilles, on voit bien mieux ce que l’on fait que lorsqu’ils sont parés de leur verdure ; il convient donc de profiter de la circonstance, afin de placer autant d’alaises qu’il en faudra pour la taille & pour le pallissage. Si elles sont mises avec ordre, ce quadrillage multiplié sera agréable à la vue, si l’ouvrier conserve entre chaque alaise un espace proportionné.
Ce qu’on vient de dire des mors construits en pierres dures, chaux & sable, s’applique également à ceux de pisai ; (consultez ce mot) quoiqu’il fût aussi facile d’y planter des clous à loque que dans ceux en plâtre ; mais il est essentiel, pour leur conservation, de ménager l’enduit ou couche de mortier de sable & chaux, qui recouvre toute leur surface ; si on y multiplioit les cloux comme dans les murs à loque, cet enduit ne subsisteroit pas long-temps ; il est indispensable de se servir de fils de fer & de gros clous d’alaises. C’est ici que les coins en bois dont on a parlé, deviennent plus nécessaires, attendu que la terre seule du mur n’assujettit pas assez les murs.
Dans les cantons où les murs sont en plâtre, des clous & des loques, (consultez ce mot) suffisent ; & lorsqu’à la fin, ces murs sont criblés de trous, on fait très-bien de les recouvrir par un enduit général en plâtre.
Tout est disposé pour la taille : il s’agit d’y procéder.
CHAPITRE II.
De la taille d’hiver.
I. Époque de la taille. L’opinion des jardiniers est partagée sur l’époque à laquelle on doit commencer à tailler. Les uns disent que lors de la chute des feuilles, le bois est assez aoûté ; les autres attendent que le temps des fortes gelées soit passé, parce que le froid, l’eau des pluies, des neiges qui se glace sur des coupures nouvellement faites y endommage le bois &